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St John Paul II's Apostolic Visit to Senegal

19 - 23 February 1992

Pape St Jean Paul II was a pilgrim to Senegal in 1992, on his 54th apostolic voyage during which he also visited The Gambia & Guinea.

Ahead of his pilgrimage the Holy Father sent a Message to the people of Senegal. His itinerary included:
Wednesday 19th February - Welcome ceremony in Dakar and a Meeting with diocescan synod representatives
Thursday 20th February - Meeting with representatives of other religions and then with religious in St Anthony's Cathedral, Holy Mass in Ziguinchor and Holy Mass at the Shrine of Our Lady of the Liberation in Poponguine
Friday 21st February - Meeting with the Episcopal Conference of Senegal, Mauritania, Cape Verde and Guinea-Bissau, with the Diplomatic Corps accredited to Senegal and with Young People gathered at Demba Diop Stadium in Dakar
Saturday 22nd February - Meeting with the Catholic Community of Gorée Island, Visit to the "Maison des Esclaves", Meeting with Muslim religious leaders, Visit to the Franciscan Missionary Sisters of Mary, Holy Mass celebrated in "Friendship Stadium" of Dakar
Sunday 23rd February - Farewell ceremony at Yoff Airport in Dakar

Discours du Pape Saint Jean-Paul II lors de la Cérémonie de Bienvenue
Aéroport Yoff de Dakar, Sénégal, mercredi, 19 février 1992 - also in Italian

"Monsieur le Président,
1. C’est avec beaucoup de joie que j’arrive au Sénégal, terre de rencontres et pays de l’hospitalité, de la «Téranga». Je remercie Dieu d’y avoir enfin guidé mes pas. Je suis d’autant plus heureux d’entreprendre cette visite pastorale que vous–même et, en d’autres circonstances, plusieurs de vos compatriotes, êtes venus me voir à Rome ou à Castelgandolfo, rendant ainsi plus vif mon désir de me rendre moi-même chez vous.

Je suis particulièrement sensible aux paroles de bienvenue que Votre Excellence vient de m’adresser et je L’en remercie vivement. En m’accueillant, vous avez exprimé avec perspicacité certaines des convictions essentielles qui m’inspirent dans l’accomplissement de ma mission au service de ce monde aimé du Seigneur. J’ai la charge, en effet, de «présenter aux hommes de ce temps la vérité de Dieu dans son intégrité et sa pureté», pour reprendre les termes du Concile Vatican II. La vérité de Dieu est aussi la vérité de l’homme. L’action de l’Église en découle, lorsqu’elle élabore son enseignement social, lorsqu’elle défend les droits de l’homme ou œuvre pour la paix et le développement. J’apprécie l’attention que vous accordez à ces aspects de mon ministère et je vous dis toute ma gratitude pour ce témoignage qui vous honore et qui honore votre pays. Je salue avec déférence les Autorités gouvernementales présentes à cette cérémonie, ainsi que Messieurs les membres du Corps Diplomatique, qui ont eu l’obligeance de venir à ma rencontre et à qui je sais gré de cette marque de courtoisie.

2. Permettez–moi maintenant, Monsieur le Président, d’adresser mes salutations cordiales à Monsieur le Cardinal Hyacinthe Thiandoum, Archevêque de Dakar, à Monseigneur Théodore-Adrien Sarr, Évêque de Kaolack et Président de la Conférence épiscopale, ainsi qu’à tous mes Frères dans l’épiscopat. Je salue aussi de tout cœur la chère communauté catholique du Sénégal, en la personne de ses représentants. J’exprime aux pasteurs et aux fidèles ma joie de rendre visite à une Église de grande vitalité, qui a beaucoup reçu du passé et dont le rayonnement est réel malgré le petit nombre de ses membres, en raison notamment de la qualité de son engagement social, scolaire et sanitaire.

3. Au moment de ce premier contact sur le sol sénégalais, je voudrais saluer tous ceux qui y vivent: les fils et filles du pays et aussi les nombreuses personnes étrangères. Pionnier sur les routes de la démocratie africaine, le Sénégal se montre soucieux de fonder son développement avant tout sur les richesses humaines de ses habitants. J’exprime le souhait que vos compatriotes continuent à progresser sur la voie de la concorde et du consensus national afin de prendre activement part aux échanges et à la coopération entre les diverses nations du continent africain. En ce temps de changements profonds, notamment en Europe, je forme le vœu, comme vous l’avez récemment souligné, Monsieur le Président, que les nations du Nord et de l’Ouest, de tradition chrétienne, n’oublient pas de soutenir leurs frères et sœurs d’Afrique, dont les besoins demeurent immenses, même s’il faut aussi répondre à d’autres appels venus de l’Est.

4. En venant au Sénégal, je vais à la rencontre d’un peuple chez qui sont professées diverses religions, mais qui sait assumer ses différences et faire confiance au dialogue. Je salue donc cordialement tous les croyants de ce pays. À travers vous qui avez été élu Président de la Ummah Islamique, je salue les membres des communautés musulmanes sénégalaises. Enfin, mes salutations vont également aux autres communautés chrétiennes et à ceux qui pratiquent les religions africaines traditionnelles. J’espère que ma visite contribuera à resserrer les liens de fraternité entre tous, comme il convient aux fils et aux filles d’une même nation, unis dans une même destinée et dans le service du bien commun. Je souhaite également que progresse le dialogue entre ceux qui ne professent pas la même foi. Nous pensons, en effet, que les traditions religieuses des uns et des autres peuvent conduire à une solidarité plus profonde et contribuer à l’essor des forces spirituelles qui habitent les cœurs. En respectant toujours davantage l’éminente dignité de l’être humain et sa vocation à la transcendance, les Sénégalais sauront développer le meilleur d’eux-mêmes, dans la fidélité aux talents reçus en héritage de la sagesse des anciens. Dans un monde à la recherche d’une paix solide et durable, puissent-ils promouvoir l’usage ancestral de «l’accord conciliant»!

5. Frères et Sœurs catholiques du Sénégal, c’est en pèlerin de la foi que je viens de Rome jusqu’à vous. J’avais un vif désir de vous voir. Je voudrais que ma présence ravive votre communion dans l’amour et qu’elle affermisse votre foi. Vous le savez, l’arbre ne s’élève qu’en enfonçant ses racines dans la terre nourricière. Aussi est–ce en accueillant au fond du cœur le message du Christ qu’on grandit dans la foi: nous allons ensemble nous mettre à l’écoute de sa Parole au cours de nos diverses rencontres, afin que tous vous soyez, avec plus d’élan encore, des messagers actifs de notre Seigneur Jésus Christ dans le respect de l’identité religieuse des personnes avec lesquelles vous vivez. En même temps, vous serez fidèles aux meilleures traditions de votre terre d’Afrique et à la culture de votre peuple dont vous gardez avec enthousiasme la vitalité. Je souhaite aussi que mon séjour soit pour vous l’occasion de renouveler votre engagement à servir vos compatriotes, notamment dans les domaines de l’enseignement, de la santé, du développement et de la promotion humaine, à l’exemple du Christ qui a aimé sa patrie.

6. Au terme de cette adresse, Monsieur le Président, laissez–moi vous redire ma gratitude pour vos souhaits de bienvenue et vous remercier vivement des dispositions que vous avez prises pour faciliter ma visite pastorale.

Je prie le Très-Haut de bénir ceux que leurs responsabilités ont mis au service de la nation et d’accorder en abondance ses bienfaits à tout le Peuple Sénégalais."

Discours de St JPII aux Représentants du Synode Diocésain de Dakar
Cathédrale Notre-Dame des Victoires, Dakar, mercredi, 19 février 1992 - also in Italian

"Chers Frères et Sœurs,
1. Quelle joie de me trouver au milieu de vous! Quelle émotion de commencer ma visite pastorale par cette rencontre avec les membres du Synode diocésain de Dakar et les représentants de toute l’Église au Sénégal! De tout cœur, je vous remercie de votre accueil chaleureux. Merci, cher ami Cardinal Hyacinthe Thiandoum, d’avoir évoqué le beau souvenir de notre communion lors de l’Année mariale, quand cette cathédrale Notre-Dame des Victoires fut reliée avec la basilique romaine de Sainte-Marie-Majeure. Merci aussi d’avoir rappelé la figure du Bienheureux Daniel Brottier, bâtisseur de ce sanctuaire du souvenir de tant de vies données pour l’Afrique. Merci de me recevoir dans votre communauté diocésaine qui garde fidèlement la mémoire des missionnaires venus annoncer la Bonne Nouvelle, très spécialement des Pères du Saint–Esprit. À travers ses Évêques et ses représentants, je salue avec affection toute l’Église du Christ au Sénégal et ses nombreux amis d’autres pays. Et je dis mes sentiments cordiaux aux représentants des autres communautés ecclésiales qui nous manifestent leur sympathie par leur présence.

2. «Souviens–toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts» [2 Tim 2, 8]. Membres du Synode de l’Archidiocèse de Dakar, vous êtes rassemblés pour que votre Église soit «signe de Jésus Christ et témoin de son Évangile dans le Sénégal d’aujourd’hui». Je suis heureux de partager avec vous cette halte qu’est un Synode, halte des forces vives de votre Église réunies autour de leur Pasteur pour rendre grâce des dons reçus, halte pour mieux reprendre ensemble la route du Christ. Votre réflexion touche aux aspects essentiels de la vie pastorale pour que l’expérience mise en commun soit le point de départ d’un nouvel élan dans vos responsabilités. Vous êtes justement fiers de la féconde vitalité de vos communautés, et maintenant vous avez le courage de tracer des voies encore plus exigeantes pour répondre aux appels du Christ, et pour que d’autres frères et sœurs «obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus» [2 Tim 2, 10]. Vos neuf commissions étudient avec assiduité de nombreux thèmes pour proposer des projets à votre Archevêque. Je vous félicite de cette prise en charge active et des collaborations entre prêtres, religieux, religieuses et laïcs. J’aimerais vous encourager dans les diverses voies sur lesquelles vous avancez, mais je m’en tiendrai à quelques sujets.

3. Dans la vie ecclésiale, donnez la première place à la liturgie. C’est à la Messe que le Seigneur rassemble, nourrit et affermit son Église, par les dons de sa Parole et de son Corps. C’est à la Messe que nous revivons le Sacrifice suprême du Sauveur du monde qui, le côté ouvert, a fait couler l’eau et le sang du baptême et de l’Eucharistie. Par l’action du prêtre et à travers des signes efficaces, le Christ est réellement présent dans la célébration eucharistique qui réunit les membres de son Corps mystique. Il nous instruit, il accueille nos pauvres dons et il nous comble de sa grâce. Cela montre bien qu’il faut faire en sorte que la communauté, réunie pour célébrer le Seigneur, puisse vivre pleinement sa rencontre et recevoir avec ferveur les sacrements. En pleine fidélité aux règles liturgiques de l’Église, veillez à exprimer dignement l’intercession, la louange, l’action de grâce et la supplication, avec les qualités d’expression naturelles aux Africains. Que les responsables de l’action liturgique, du service de l’autel, de la lecture de la Parole, des chants soient formés à comprendre la signification de leur action et à l’accomplir dans une adhésion sincère aux mystères célébrés. Il est clair que les fidèles ont besoin d’une préparation sérieuse pour que leur expérience des sacrements et de la liturgie soit intensément vécue. Dès l’enfance, la catéchèse assure cette initiation. En faisant cette observation, j’ajoute simplement que le rôle de votre commission synodale pour la catéchèse me paraît très important, car la transmission de la foi et d’une saine conception de la vie est une fonction majeure de la communauté. La famille et l’Église doivent s’unir pour que jeunes et aînés sachent rendre compte de l’espérance qui est en eux [cf 1 Pet 3, 15]. Vous aurez à prévoir une bonne organisation de la catéchèse et aussi un examen attentif du contenu et des méthodes.

4. Au moment où se séparent les membres de l’assemblée liturgique, enrichis et fortifiés par l’écoute de la Parole et la communion au Corps du Christ, ils sont appelés à aller sur les chemins porter la Bonne Nouvelle. Nous l’avons reçue de témoins venus d’ailleurs, nous devons aussi devenir des témoins pour poursuivre la mission d’évangélisation confiée par le Seigneur à toute son Église. Nous avons entendu l’appel de l’Apôtre: «Souviens-toi de Jésus Christ». Souviens-toi de Celui qui nous a promis d’être avec nous jusqu’à la fin du monde, lui le fidèle [cf Mt 28, 20; 2 Tim 2, 13]. Comme je l’ai écrit dans l’encyclique «Redemptoris Missio»: «Aucun de ceux qui croient au Christ, aucune institution de l’Église ne peut se soustraire à ce devoir suprême: annoncer le Christ à tous les peuples» [RM, 3]. Église de Dakar, réunie en synode, sois fidèle à ta mission d’évangélisation! Votre réflexion vous conduira à rappeler que la première exigence pour les témoins, c’est d’être dignes de foi, eux-mêmes fidèles à la Parole qu’ils ont reçue par leur manière de mettre en pratique les exigences de l’Évangile. En même temps que l’annonce, vous pratiquez le dialogue avec vos compatriotes adeptes d’autres religions. Pour aider aux discernements nécessaires dans ce domaine, le Saint–Siège a récemment donné des directives que je vous demande de connaître et de suivre. Ce sont d’utiles points de repère pour une Église minoritaire comme la vôtre, soucieuse d’une relation claire avec tous ceux qui vivent sur la même terre. D’autre part, vous chercherez à progresser dans la manière d’exprimer votre foi pour que le message puisse être entendu dans votre culture. L’inculturation est un travail patient, qui demande beaucoup de discernement. L’Église, à travers les siècles et les continents, accueille la personne du Christ qui, par l’Incarnation, est présence totale et définitive de Dieu dans l’humanité. Dieu, proche de tout homme, a pu être reconnu et célébré dans des cultures différentes. Comme le disait Paul VI, il faut une longue «incubation du mystère chrétien dans votre peuple» [PVI, 31.07.69]. Déjà, de nombreuses générations de chrétiens ont assimilé l’Évangile. Grâce à leur acquis, vous allez vers de nouvelles étapes, pour «exprimer progressivement [votre] expérience chrétienne d’une manière originale, dans la ligne de [vos] traditions culturelles, à condition de demeurer en harmonie avec les exigences objectives de la foi proprement dite» [RM, 53]. Je vous encourage vivement dans cette tâche, et je reprends pour cela les termes de l’encyclique sur la Mission que je viens de citer: «Grâce à cette action dans les Églises locales, l’Église universelle elle-même s’enrichit d’expressions et de valeurs nouvelles dans les divers secteurs de la vie chrétienne» [RM, 52].

5. L’ensemble des sujets qu’étudie votre Synode diocésain suppose la mise en valeur de la collaboration des prêtres et des autres fidèles. C’est l’occasion d’envisager le rôle des laïcs sous ses différents aspects. Ils ont naturellement leur place dans de nombreux secteurs de la vie interne de l’Église, avec des responsabilités propres, sans confusion avec les ministères ordonnés. Cela va des fonctions liturgiques qu’ils peuvent assurer jusqu’à la prise en charge matérielle plus autonome que vous désirez réaliser désormais. Il va de soi également que les laïcs compétents sont souvent d’admirables catéchistes, des éducateurs chrétiens écoutés ou des animateurs méritants de communautés. Tout baptisé est appelé à participer à la mission d’évangélisation dans l’entourage immédiat et les milieux dont il partage la culture. J’ajouterai à ce propos que, parlant des laïcs, je pense aux hommes et aux femmes, comme le montre la composition de votre assemblée. Vous savez que j’ai publié, il y a quelques années, une Lettre apostolique sur la dignité et la vocation de la femme. J’apprécie vos initiatives pour que soit accordée à la femme africaine la place qui lui revient naturellement, dans la famille bien sûr, mais aussi dans l’Église et dans la société. Comme le Concile Vatican II l’a bien souligné, la mission des laïcs s’exerce spontanément au sein du monde, dans les divers milieux de la société. Il leur revient, par leur témoignage explicite et par leur rectitude de vie, d’être ces «fidèles» de l’Évangile et des valeurs chrétiennes qui aident à rendre le monde plus conforme au dessein de Dieu. C’est dans ce sens que s’inscrit tout l’ensemble d’initiatives regroupées sous le nom de «pastorale sociale», comme la «Pouponnière» que je dois visiter. Je pense notamment aux services de la santé, au soutien aux personnes les plus pauvres, ou encore à l’éducation et à la formation des jeunes. J’encourage tous ceux qui s’y dévouent, en donnant le meilleur d’eux–mêmes. Ils prennent au sérieux la préférence que le Seigneur lui-même a montrée pour les plus petits. J’aimerais encore mentionner un autre champ d’action où les laïcs ont une place de choix, ce sont les médias. Vous connaissez bien l’influence des organes d’information et de loisirs. Attachez–vous à y travailler. Dans un pays aux appartenances religieuses multiples, le respect des convictions de tous s’impose, ce qui permet aux chrétiens de faire entendre leur voix, de manifester leur souci d’une conception saine de la vie et une présentation juste des valeurs auxquelles ils tiennent.

6. Une de vos commissions a pour thème «Famille et éducation». J’ai l’intention d’en reparler ailleurs, mais je tiens à souligner ici combien il faut respecter les familles, les aider à demeurer des foyers unis dans l’amour de la vie et des cellules actives dans l’Église. Les familles sont comme des sources jaillissantes: elles constituent ensemble un beau fleuve fécond qui avance sans être arrêté par les rochers de la division. Qu’elles ne manquent jamais de s’alimenter à l’eau vive promise par le Christ!

7. Dans le champ du Seigneur qui est à Dakar et au Sénégal, il y a beaucoup à faire. Il faut des ouvriers apostoliques nombreux. Soyez ensemble les porte-parole de l’appel du Christ à travailler dans son champ. Soutenez la générosité des jeunes hommes et des jeunes femmes qui accueillent cet appel. Sans le don de leurs personnes, l’Église-famille perdrait sa vitalité. Rendez grâce pour les fils de votre peuple qui assurent le ministère sacerdotal, pour les hommes et les femmes qui se consacrent à la prière dans la vie contemplative, pour les religieux et les religieuses qui sont des artisans irremplaçables de l’évangélisation dans la charité, pour les laïcs qui animent de nombreuses communautés, des services et des mouvements. Priez pour eux, priez pour qu’ils soient encore plus nombreux.

8. Depuis Vatican II, de nombreux diocèses ont célébré leur Synode. Les situations sont variées, mais le but est le même: les membres d’une Église particulière s’unissent pour mieux remplir leur mission, dans une communion intense avec l’Église universelle. Je reprends pour vous ce que je disais à une autre occasion: «Cette communion est à la fois obéissance, échange, participation, solidarité. L’Église universelle inspire et soutient votre action, et vous, vous la faites bénéficier de votre témoignage, de votre vitalité et de votre entraide. Votre réflexion synodale doit vous engager à vivre au rythme des grands projets missionnaires des autres communautés chrétiennes dans le monde... Un Synode est une relance missionnaire» [JPII, 10.10.1988]. Il me plaît de souligner à ce sujet que l’Assemblée spéciale du Synode des Évêques pour l’Afrique sera un moment essentiel de solidarité entre les Églises particulières de tout le continent. J’ai appris avec satisfaction que vous aviez déjà apporté une contribution importante à sa préparation. Cher Cardinal Thiandoum, qui fêtez vos trente ans d’épiscopat, chers Frères et Sœurs, j’offre au Seigneur avec vous la marche de votre Synode, et nous lui confions ensemble l’avenir de l’Église à Dakar et au Sénégal, dans l’action de grâce et la louange, comme vous l’avez chanté: «Ah! qu’ils sont beaux sur la montagne les pas de ceux qui portent la Bonne Nouvelle, qui annoncent le salut et la paix» [cf Is 52, 7].

Que Dieu vous donne une ferveur joyeuse et une ardeur apostolique inlassable!
Qu’il vous comble de ses Bénédictions!"

Discours de St Jean-Paul II avec les Représentants d'autres Religions
Cathédral de Zignuinchor, Sénégal, jeudi 20 février 1992 - also in Italian

"Chers amis,
Je suis heureux d’avoir cette occasion de vous rencontrer presque au début de mon bref séjour dans votre pays. J’ai déjà senti au Sénégal combien sa diversité peut être un stimulant à travailler pour l’unité du peuple. La société sénégalaise, en effet, est caractérisée par cette harmonie traditionnelle, la teranga, faite d’accueil et de respect mutuels, de tolérance et de volonté de coopération. Quelle est la source de cette harmonie? Pour nous, croyants, l’origine de l’unique famille humaine se trouve en Dieu. Nous pouvons attribuer à Dieu bien des noms, sans jamais cerner complètement sa réalité, car elle nous dépasse. Mais nous pouvons reconnaître en Lui le Créateur, Vivificateur, Providence et Destin suprême de l’homme. Suivant les paroles de l’Apôtre Paul, «Dieu qui a fait le monde..., a fait tout le genre humain pour qu’il habite sur toute la face de la terre... afin que (les hommes) cherchent la divinité...; aussi n’est–elle pas loin de chacun de nous» [Act 17, 24-7]. C’est dire que les êtres humains sont tous appelés à entrer dans la plénitude de la vie, auprès de Dieu, en communion avec ceux qui nous ont précédés sur le chemin de la rectitude. L’origine et la destinée divine de l’homme sont les fondements de sa dignité. Personne n’a le droit de mépriser un autre être humain, surtout le plus faible. Il n’y a aucune justification pour la discrimination, sur la base de la race, de la religion, du sexe ou de la situation sociale: chaque personne est à respecter. Certes, l’homme est faible, porté au mal, et des disputes surgissent. Dans ce cher continent africain, mais aussi dans bien d’autres régions du monde, des luttes sanglantes ont entraîné des souffrances immenses. Ne faut–il pas prendre exemple sur la sagesse africaine, qui enseigne que les parties en cause doivent se rencontrer, se parler, résoudre leurs différends et se réconcilier? Et cela s’applique à la famille, mais aussi à la nation et même aux relations internationales. Les chefs religieux, n’ont-ils pas le devoir d’aider les croyants à s’unir pour construire la paix? Je veux vous assurer que l’Église catholique dans votre pays continuera à œuvrer pour cette croissance dans l’harmonie. En terminant, je voudrais vous assurer de ma prière pour vous, pour vos familles, et pour votre pays. Que Dieu vous accorde ses plus abondantes bénédictions!"

Discours du Pape Saint Jean-Paul II aux Religieux
Cathédral de St Antoine de Padoue, Zignuinchor, Sénégal, jeudi 20 février 1992 - also in Italian

"Chers amis,
1. Votre accueil me touche, car il illustre bien les paroles de saint Paul: «Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit» [1 Cor 12, 4]. Je voudrais saluer chacun de vous personnellement et vous dire à tous ma joie de rencontrer à Ziguinchor, les ouvriers de l’Évangile, unis dans le même Esprit. De tout cœur, je remercie Monseigneur Augustin Sagna, votre Pasteur, de m’avoir présenté avec chaleur votre rassemblement, dans cette cathédrale Saint–Antoine–de–Padoue. Et je suis heureux d’évoquer ici, dans l’action de grâce, l’œuvre des bâtisseurs de l’Église vivante que furent les générations de missionnaires venus annoncer la Bonne Nouvelle. Et puisque nous sommes proches du Petit Séminaire Saint-Louis, je tiens à partager votre reconnaissance envers le diocèse canadien de Saint-Hyacinthe pour les services que vous ont rendus ses prêtres et ses religieuses.

2. Parmi vous, «il y a diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère en tous» [1 Cor 12, 6]. Dieu vous unit dans le même appel à suivre le Christ et à annoncer le Royaume qu’il a rendu présent. Le Concile Vatican II a bien souligné qu’«avant tout, le Royaume se manifeste dans la personne même du Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme, venu “pour servir et donner sa vie en rançon d’une multitude” [Mc 10, 45]» [Lumen Gentium, 5]. Le premier but de ma visite pastorale au milieu de vous est de vous confirmer dans la foi et de vous confirmer dans votre engagement missionnaire, chacun selon ses dons. J’ai adressé mon encyclique «Redemptoris Missio» à toute l’Église. Aujourd’hui, je vous renouvelle les mêmes appels. Souvenez–vous que «la foi s’affermit lorsqu’on la donne!». Restez convaincus de «l’urgence de l’évangélisation missionnaire, [parce] qu’elle constitue le premier service que l’Église peut rendre à tout homme et à l’humanité entière» [RM, 2]. Gardez vivant en vous l’esprit missionnaire qui a permis de planter ici l’Église. Sans peur, affirmez avec simplicité votre foi dans le Christ, seul Sauveur de l’homme, foi que vous avez reçue comme un don d’en haut, sans mérite de votre part [cf RM, 11]. Cette annonce active se fait dans l’esprit évangélique du dialogue respectueux que vous poursuivez avec vos compatriotes appartenant à d’autres traditions religieuses; mais restez cohérents avec vos convictions, «sans dissimulation ni fermeture, mais dans la vérité, l’humilité, la loyauté, en sachant bien que le dialogue peut être une source d’enrichissement pour chacun» [RM, 56]. «Ouvrez les portes au Christ! Son Evangile n’enlève rien à la liberté de l’homme, au respect dû aux cultures, à ce qui est bon en toute religion» [RM, 3].

3. Chers amis prêtres, vous avez une responsabilité toute particulière dans la vie et la mission de l’Église. Ordonnés pour participer au sacerdoce de l’Évêque, vous répondez à l’attente de tous en étant pleinement des hommes de Dieu. Votre vocation comporte d’abord un appel à la sainteté personnelle, comme il vous a été dit au cours de l’ordination. Vous avez beaucoup quitté pour suivre le Christ et vous ne serez ses serviteurs fidèles que si vous demeurez avec lui, dans l’intimité de la prière, si vous vivez pleinement vous-mêmes les sacrements de l’Eucharistie et de la pénitence qui rendent fort dans les temps d’épreuve. Que vos charges nombreuses ne vous dispensent pas de nourrir votre vie spirituelle: prenez le temps de l’oraison et de la méditation; revenez sans cesse à la Parole de Dieu, source de toute mission; dans vos retraites annuelles, laissez-vous saisir par l’Esprit pour renouveler votre conversion. Ne négligez pas non plus la formation permanente, pour mieux faire connaître le Christ, pour fortifier le peuple chrétien et le garder dans l’unité de la foi au seul Seigneur. Fondez votre propre parole sur le roc de la Parole de Dieu, reçue à travers la riche Tradition de l’Église. Totalement livrés au Christ, vous serez unis à votre peuple. Dans la liberté de votre adhésion et de vos promesses au Seigneur, soyez fermement et sereinement fidèles à la chasteté dans le célibat, renonçant au mariage pour mieux servir le Royaume; soyez disponibles et attentifs à tous les chrétiens; soyez des témoins assurés à l’égard des non-chrétiens. Formez autour de vos évêques un presbyterium fraternel. Restez ouverts à une collaboration confiante avec tous ceux qui prennent part à la mission ecclésiale. La communauté a besoin de vous, intendants des mystères de Dieu, pour transmettre les dons sacramentels de grâce. Elle a besoin aussi de vous pour rassembler dans l’unité tous les ouvriers de l’Évangile qui se trouvent à vos côtés.

4. Je suis heureux de savoir que des jeunes plus nombreux se préparent au sacerdoce, et que vous avez pu inaugurer tout récemment votre nouveau grand séminaire de Brin. Pour vous, les séminaristes, ce que je viens de dire aux prêtres doit éclairer votre réponse à l’appel du Seigneur. Pour suivre le Christ, vous devez faire un choix exigeant, unifié par la vie spirituelle et l’étude, renoncer à d’autres voies qui s’ouvraient à vous. Ce choix de Jésus–Christ, vous ne le faites pas pour trouver un abri ou la sécurité dans la condition sacerdotale. Vous devez être des serviteurs à l’image du Christ venu pour servir. Et, en vous attachant au Seigneur et à son Église, vous découvrirez bientôt que, donné tout entier, l’on s’épanouit et l’on entre dans la joie de son Maître.

5. Frères et Sœurs religieux et religieuses, votre vocation est précieuse pour tout le peuple de Dieu. Par vos vœux, vous êtes appelés à rendre devant le monde le témoignage irremplaçable de la simple consécration de vos vies à Dieu, pour attester que Dieu seul peut combler totalement les attentes d’un homme ou d’une femme. L’amour du Seigneur rejaillit alors sur tous ceux qu’Il aime. C’est vrai pour les contemplatifs comme pour les religieux et les religieuses apostoliques, chacun selon le charisme de son institut. Les uns et les autres réservent, dans leurs journées, la première place à la prière. Pour vous en rendre capables, il importe que votre formation spirituelle soit approfondie dès le noviciat, mais aussi que vous preniez le temps et les moyens de renouveler les sources et l’expérience de la prière tout au long de votre vie religieuse. Travail et services multiples en sont alors illuminés.

Vous avez votre part dans la mission unique de l’Église, là où vous êtes. Aussi vous est-il demandé de bien harmoniser vos activités entre les divers instituts présents, sous la responsabilité des Pasteurs qui ont soin de tout le peuple de leur territoire. Il vous faut parfois patience et discrétion, mais ces qualités font naturellement partie de votre vocation. Les vœux que vous prononcez devant le Seigneur vous disposent à assurer avec désintéressement de nombreux services pastoraux, éducatifs ou sanitaires, ou encore d’entraide et de promotion humaine. Recevez tous mes encouragements pour votre travail que je sais souvent lourd. Que le Seigneur vous soutienne pour que vous gardiez l’équilibre de votre vie religieuse tout en répondant aux attentes de vos frères et sœurs de l’Église et de l’ensemble de la société.

6. Depuis les débuts de l’évangélisation, et avec le Concile en particulier, la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et le monde a pris plus de relief. Il est devenu habituel, au cours de mes voyages, que les laïcs aient une grande place dans mes rencontres avec les «forces vives» des Églises locales. Et c’est heureux, car c’est l’ensemble des baptisés qui composent le peuple de Dieu. Ils ont mieux pris conscience de leur mission et des responsabilités qui en découlent. Ils communiquent leur dynamisme à tout l’organisme ecclésial, par les mouvements spécifiquement laïcs, par les fonctions d’animation qui leur reviennent – et pas seulement pour des suppléances –, par leur prise en charge de maintes tâches nécessaires au soutien de toute la pastorale. Mais, par-dessus tout, les baptisés sont les premiers témoins du don de la foi, en commençant par leur vie conjugale et familiale qui reflète l’amour du Christ pour son Église et prépare les enfants à le découvrir à leur tour. Dans tous les domaines de la société, amis laïcs, vous restez des baptisés à qui est confiée la mission de rayonner l’amour du Sauveur. Par vous, l’Église «est force dynamique sur le chemin de l’humanité vers le Règne [de Dieu], elle est signe et promotrice des valeurs évangéliques parmi les hommes» [RM, 20]. Vous avez l’ambition de transformer le monde, parce que l’Évangile est une force qui accomplit, purifie et transforme. Vous avez la passion de la paix et de l’entente fraternelle, parce que l’Évangile est un message de paix pour tous les hommes que Dieu veut sauver. Dans cet esprit, prenez vos responsabilités, agissez pour le bien commun de votre pays, luttez pour faire triompher l’honnêteté et la vérité, soutenez les plus faibles. Et quand on vous demandera pourquoi vous êtes si ardents à vouloir le bonheur de tous dans une justice généreuse, vous saurez faire comprendre que votre dynamisme est celui de l’espérance, mise en vos cœurs par l’Esprit du Christ [cf Rom 5, 5].

7. Parmi les laïcs, je voudrais adresser une parole particulière aux catéchistes. Dans votre Église, ils jouent un rôle essentiel. Il leur est demandé, en quelque sorte, de réunir en leur personne toutes les missions des laïcs que je viens d’évoquer. Et je sais qu’ils le font avec un dévouement sans limite, en acceptant, avec leurs familles, des conditions de vie précaires pour être chaque jour au service de la communauté. Ils méritent d’être fidèlement aidés à bien accomplir leurs tâches par les prêtres des paroisses et par les responsables diocésains de la pastorale. Chers catéchistes, je vous dis toute l’estime et la reconnaissance de l’Église que vous avez tant contribué à fonder fermement dans votre région. Et je rends grâce à Dieu pour l’œuvre que vous continuez de réaliser.

8. Chers Frères et Sœurs, je voudrais vous encourager tous à progresser dans la vie fraternelle qui est le signe distinctif des disciples du Seigneur. Après avoir lavé les pieds de ses Apôtres, dans un magnifique geste de service, Jésus leur a dit: «À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres» [Jn 13, 35]. Liés par cet amour, introduits par votre baptême dans la vie nouvelle, reprenez avec un enthousiasme nouveau l’annonce missionnaire. Dans l’encyclique sur la mission, je l’ai rappelé: «Cette vie nouvelle est un don de Dieu, et il est demandé à l’homme de l’accueillir et de le développer, s’il veut se réaliser selon sa vocation intégrale en se conformant au Christ» [RM, 7]. Ouvriers de l’Évangile, chacun selon sa vocation, continuez d’enraciner ensemble l’Église du Seigneur dans votre terre bien–aimée de Casamance et de tout votre pays. Vous pouvez en être assurés, la petite graine que vous plantez, Dieu en prend soin. Par l’Esprit Saint, il la fait grandir et devenir un bel arbre qui porte des fruits abondants.

Membres du Corps du Christ qui m’écoutez, je vous confie à Notre-Dame, Mère de l’Église et Mère des hommes, et je vous bénis de tout cœur. "

Homélie du Pape Saint Jean-Paul II à la Sainte Messe
Le Stade Aline Sitoe Diatta, Zignuinchor, Sénégal, jeudi 20 février 1992 - also in Italian

"1. «J’écoute: que dira le Seigneur Dieu?» [Ps 84 (85), 9]. Nous voici rassemblés pour écouter la parole de Dieu. Ce que dit le Seigneur, proclame le psalmiste, «c’est la paix pour son peuple et ses fidèles. Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit» [Ps 85 9.13]. La parole du Dieu vivant est semblable à une semence. Nos âmes sont comme la terre dans laquelle tombe cette parole pour produire ses fruits.

Chers Frères et Sœurs, je suis heureux de vous saluer chez vous, à l’occasion de la première Messe qu’il me soit donné de célébrer dans votre patrie. Je suis venu parmi vous en pèlerin, vous qui avez accueilli l’Évangile, vous qui avez été baptisés dans le Christ, vous qui formez le peuple de Dieu sur la terre de Casamance et qui êtes membres de l’unique Corps édifié par le Christ avec tous les hommes qui répondent à son amour sauveur. Je salue votre Pasteur, Monseigneur Augustin Sagna, que je remercie pour ses paroles de bienvenue. Je salue mon frère le Cardinal Hyacinthe Thiandoum et les évêques présents avec lui. Et je dis mes vœux cordiaux aux prêtres, aux religieux et aux religieuses, aux catéchistes et à tous les fidèles. Avec chacun de vous, je voudrais partager les sentiments fraternels qui unissent tous les membres de l’Église. J’adresse un salut particulier aux Autorités qui ont tenu à assister à cette célébration solennelle de l’Église à Ziguinchor; je les remercie de leur présence. Je dis ma cordiale sympathie aux personnes qui appartiennent à d’autres familles spirituelles et qui nous font l’amitié de prendre part à cette fête des catholiques de Casamance. Le Psaume que nous avons chanté, antique prière qui a traversé les siècles, nous dit: «La vérité germera de la terre, et du ciel se penchera la justice» [Ps 84 (85), 12]. Oui, nous sommes rassemblés pour recevoir de Dieu la lumière de la Vérité et le don de la Justice. Accueillons ces bienfaits du Seigneur!

2. Comme il est important d’écouter et de mettre en pratique la parole du Dieu vivant! Jésus en témoigne, par ce qu’il dit au Cénacle, la veille de sa Passion: «Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui» [Jn 14, 23]. Dieu veut habiter dans le cœur de tous les humains. Ecouter et mettre en pratique la parole divine, cela veut dire aimer Dieu. C’est pourquoi Jésus dit ensuite: «Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles» [Jn 14, 24]. Jésus dit cela à ses disciples à la veille de son départ vers le Père, au moment d’achever sa mission messianique sur cette terre. En partant, il promet et il annonce à ses disciples la venue de l’Esprit, du Défenseur. «Mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit» [Jn 14, 26]. Par l’action de l’Esprit Saint, la doctrine messianique du Christ reste vivante dans l’Église, de génération en génération, de siècle en siècle. Nous tous, rassemblés ici dans l’Esprit Saint, nous adhérons fermement, après tant de siècles, à la même doctrine du salut. Si nous la mettons en pratique, c’est l’amour de Dieu qui demeure en nous. Et Dieu est présent dans nos cœurs.

3. C’est ainsi que Jésus parlait à ses Apôtres, qui étaient fils du peuple d’Israël et descendants d’Abraham. Dans le passage de la Lettre aux Ephésiens que nous avons écouté, c’est le même message que proclame l’Apôtre à l’intention des chrétiens qui sont entrés dans l’Église tout en n’appartenant pas au peuple d’Israël. Voici donc, avons-nous lu, que le Christ «a fait tomber le mur» [cf Eph 2, 14] qui, dans l’ancienne Alliance, séparait les membres du peuple élu de tous les autres qu’ils nommaient les païens et qui appartenaient à d’autres tribus, peuples et nations. «Par le sang du Christ», par le sacrifice de la Rédemption offert sur la Croix, nous sommes tous devenus le nouveau Peuple de Dieu, nous avons tous reçu notre part «des alliances et de la promesse» [cf Eph 2, 12]. Les uns et les autres, comme nous le lisons dans la Lettre aux Ephésiens, ont été réconciliés avec Dieu, «en un seul corps, par la Croix» [cf Eph 2, 16] De plus, tous, sans aucune différence, «ont accès auprès du Père dans un seul Esprit» [cf Eph 2, 18]. Ils écoutent le même Évangile, la même doctrine du Christ, et, s’ils la mettent en pratique, ils reçoivent leur part dans le même amour de Dieu. En eux s’accomplit l’annonce de cette paix que le monde ne peut donner et que le Christ apporte. La source de cette paix, c’est la réconciliation avec Dieu par la Croix rédemptrice du Christ. Lui, le Christ, il est notre paix [cf Eph 2, 14].

4. Cette réconciliation rédemptrice est le fondement sur lequel l’Église est construite. Elle constitue la source de son unité depuis le temps des Apôtres jusqu’à la fin du monde. La Lettre aux Éphésiens dit: «Vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu, dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les Prophètes; et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la construction pour devenir par l’Esprit Saint la demeure de Dieu» [Eph 2, 19-22]. Cela répond à ce que le Christ lui–même a annoncé: «Nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui» [Jn 14, 23]. Chers Frères et Sœurs de Casamance, je sais votre ardent désir de vivre dans une demeure où règnent l’harmonie et la paix. Au cours de trop longues années, vous avez connu des périodes de déchirements, des familles divisées, des deuils, des villages et des champs ravagés. Beaucoup d’entre vous ont dû quitter leurs foyers et partir sur les chemins dans le dénuement. Tous, vous aspirez à la réconciliation et à l’unité.

5. Nous avons écouté les paroles de Jésus et celles de Paul. Ce sont des paroles de paix. Ce sont des paroles de vie. Ce sont des paroles qui vous demandent, à vous-mêmes, ici et aujourd’hui, de bâtir la paix. Ce sont des paroles qui vous aideront, parce qu’elles vous apportent la force et la bonté de Dieu même qui s’adresse à vous. La paix est un don de Dieu; mais elle n’est pas réalisée sans l’homme, elle demande qu’il s’y engage. Respectez la vie de votre frère et votre propre vie, car toute vie est donnée par la main de Dieu. Tout homme et toute femme, même différent de nous, même pécheur, garde au fond de son être sa dignité de créature du Père des cieux. Dieu est fidèle à chacun. Et chacun peut toujours revenir vers son Père qui l’accueillera et lui pardonnera. Baptisés dans le Christ, mes Frères et mes Sœurs, laissez l’Esprit de vérité entrer en vous et vous transformer. Disciples du Seigneur, soyez ses témoins, avec humilité, mais avec conviction. Renversez, vous aussi, le mur de la haine, s’il se dresse encore: même si, humainement, vous ne pensez pas y arriver, avec la grâce du Christ sauveur, cela vous sera possible. Respectez la Parole de Celui qui a voulu réconcilier tous les hommes, en donnant sa vie sur la Croix par amour.

6. Vous devez construire ici la demeure de la paix. Vous ne pourrez le faire que tous ensemble. Vous ne pourrez avancer que si vous entrez en dialogue les uns avec les autres. N’attendez pas pour faire le premier pas vers votre frère. Reconnaissez ce qu’il y a de bon en lui et sachez apprécier les valeurs héritées des ancêtres dans chacune de vos ethnies. Mettez en commun toutes vos richesses humaines, c’est la première condition pour bâtir sur cette terre une demeure digne de l’homme, digne de l’homme qui a confiance en Dieu. Construisez une maison ouverte à tous, aux plus faibles et aux plus forts. Unissez vos efforts pour obtenir les meilleurs fruits du sol nourricier. Travaillez pour que le pauvre ne reste pas abandonné, pour que vos enfants grandissent dans l’espérance, pour que les malades reçoivent des soins. Chacun, suivant sa vocation, ses compétences et ses responsabilités dans la société, a le devoir moral de servir son peuple et de tout faire pour rendre ses compatriotes heureux dans l’unité.

7. Frères et Sœurs, vous le savez, la parole de Jésus n’est pas un simple conseil, parce que Dieu s’engage lui-même dans sa parole: il va jusqu’à donner son Fils pour la multitude. A sa suite, si vous voulez demeurer dans la paix, vous devez l’imiter: il s’est fait serviteur, vous devez servir vos frères. Il est le Juste, vous devez être justes envers tous vos concitoyens. Il a révélé l’amour sans limite de Dieu pour la famille humaine: vous êtes appelés à ne refuser votre bienveillance et votre amour à personne. Ne craignez pas de marcher ainsi sur les pas de Jésus. C’est lui qui vous guide et qui vous permet d’être ses témoins. Son Église vous engage sur sa route et vous donne confiance, en vous redisant la promesse prophétique du Psaume: «Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin» [Ps 85, 13-14].

8. «J’écoute: que dira le Seigneur Dieu?» Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles [Ps 85, 9]. Aujourd’hui, nous avons écouté la parole de Dieu.

Maintenant, préparons nos cœurs pour participer au Sacrifice dans lequel, de manière non sanglante, est rendu présent le sacrifice offert par le Christ Seigneur sur la Croix. Le Christ est notre paix. Toujours et en tout lieu, la puissance de son sacrifice réconcilie l’humanité avec Dieu. Que le Christ, qui a réconcilié le monde avec lui, fasse tomber tous les murs d’indifférence et d’hostilité qui existent entre les hommes! Que nos cœurs entrent dans l’unité du Peuple de Dieu sauvé par le Christ! Cette unité a été réalisée en Lui une fois pour toutes, et cette unité se renouvelle et se réalise chaque jour.

Loué soit Jésus Christ, notre paix!"