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FRANCE - LA FRANCE

Patron Saints - Notre Dame de l'Assomption
Archangel Michael, St Denis, St Martin of Tours, St Louis IX, St Joan of Arc, St Thérèse de Lisieux

Saint John Paul II was a pilgrim to France 7 times: in 1980, 1983 (the Jubilee Year of the Redemption, to celebrate the feast of the Assumption in Lourdes), 1986, 1988, 1996, 1997 for World Youth Day / JMJ Paris, and in 2004 to Lourdes (his last pilgrim trip abroad). Benedict XVI visited France in 2008, when he was a pilgrim to Lourdes for the 150th anniversary of Our Lady's apparitions. Pope Francis came to France in 2014.

France is known as the 'eldest daughter of the Church' and it's not hard to see why when you take a look at its history, its saints and its places of pilgrimage. Probably best known are the Marian shrine of Lourdes, where Our Lady appeared to Bernadette Soubirous in 1854, and Rue du Bac, when the Blessed Virgin Mary gave Catherine Labouré the Miraculous Medal.

French Saints & Blesseds included on Totus2us:
St Bernard of Clairvaux - Father of the Church, catechesis by Pape Benoît
St Catherine Labouré
- of the miraculous medal, Rue du Bac
St Claude de la Colombière
- spiritual director of St Margaret Alacoque
St Francis de Sales
- Doctor of the Church & Patron Saint of writers & journalists, catechesis by Pape Benoît
St Hilary of Poitiers - Father of the Church, catechesis by Pape Benoît
Béni Jacques-Désiré Laval - missionary priest to Mauritius, beatified by JPII in 1979
St Jean Marie Vianney - le Curé d'Ars and the Patron Saint of Priests, catechesis by Pape Benoît
St Jeanne de la Croix (Delanoue) - canonized by St JPII in 1982
St Joan of Arc - Co-Patron of France, catechesis by Pape Benoît
St John Eudes - catechesis by Pape Benoît
Béni Joseph Gérard - Apostle of Lesotho
St Louis Marie Gignion de Montfort - whose Treatise on Mary led to Karol Wojtyla taking Totus Tuus as his apostolic motto on becoming bishop .. and later Pope
St Margaret-Mary Alacoque - to whom Jesus revealed His Sacred Heart
St Marguerite Bourgeoys - canonized by St JPII in 1982
St Noël Chabanel SJ - martyr
St Odo of Cluny - catechesis by Pape Benoît
St Paulinus of Nola - Father of the Church, catechesis by Pape Benoît
St Thérèse of the Child Jesus and the Holy Face (of Lisieux) - Patron Saint of France and of the Missions, proclaimed a Doctor of the Church by JPII in 1997, catechesis by Pape Benoît
and also Ambrose Autpert, Marguerite d'Oingt, Peter the Venerable, William of Saint-Thierry & René Descartes.

So many French people have generously given their response for a Totus2us podcast they are shown here alphabetically by Christian name: from A - J and from K - Z  - merci beaucoup à vous tous   ♥

Prière de Jean-Paul II à Notre-Dame de Lourdes
Grotte de Massabielle, Dimanche, 14 août 1983 - in French & Italian

"Devant toi, ô Mère du Christ, devant ton cœur immaculé, je veux aujourd’hui m’unir à nouveau à notre Rédempteur qui s’est consacré pour les hommes, afin de les régénérer par le pardon et de les nourrir de sa Vie. Tu t’es unie, plus que quiconque, à son offrande pour le salut du monde. Et tu nous supplies, par la voix de Bernadette d’accueillir l’invitation à la pénitence, à la conversion, à la prière. Ne permets pas que nous passions notre chemin en oubliant ton appel.

Mère des hommes et des peuples, toi qui connais leurs souffrances et leurs espoirs, qui ressens d’une façon maternelle leurs luttes entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres, écoute notre prière, viens au secours de tes enfants dans l’épreuve. Je te renouvelle à Lourdes pour toute l’Eglise la prière que j’aime t’adresser dans les grands sanctuaires qui te sont dédiés à travers le monde.

Et ici, sur cette terre de France, je confie spécialement à ton amour maternel les fils et les filles de ce peuple. Ils n’ont pas cessé de t’honorer, dans leurs traditions, dans l’art de leurs cathédrales, dans leurs pèlerinages, dans la piété populaire comme dans la dévotion des auteurs spirituels, sûrs de demeurer proches du Christ en te contemplant, en t’écoutant, en te priant. Beaucoup ont tenu à se consacrer à toi, y compris des rois, comme l’a fait Louis XIII au nom de son peuple.

Toi-même, tu as donné à Bernadette Soubirous l’expérience de ta douce présence en la chargeant d’un message qui fait écho à la parole de Dieu confiée à l’Eglise. L’offrande que nous faisons de nous-mêmes devant Toi, ô Notre-Dame, doit être l’œuvre personnelle de chacun, de chaque famille, de chaque communauté ecclésiale et il est bon de la renouveler à chaque génération, dans la forme qui exprime au mieux cette remise confiante.

J’accomplis ce geste aujourd’hui avec tous ceux qui le veulent dans ce pays: afin que leur foi chrétienne triomphe de toutes les embûches, qu’elle soit fidèlement transmise et que les jeunes générations l’accueillent vraiment. Afin qu’ils soient assidus à te prier. Afin que se lèvent toujours des chrétiens convaincus, des saints, qui entraînent leurs frères dans une vie brûlante d’amour de Dieu et du prochain, et de zèle missionnaire. Afin que la charité et l’unité, afin que la joie et l’espérance habitent cette Eglise. Afin que son témoignage aide la nation tout entière dans le progrès véritable que tu désires pour elle.

O Marie, Notre-Dame de Lourdes, obtiens pour ces frères et sœurs de France les dons de l’Esprit Saint, afin de donner une nouvelle jeunesse, la jeunesse de la foi, à ces chrétiens et à leurs communautés, que je confie à ton cœur immaculé, à ton amour maternel."

Prières en français sur Totus2us

Le Chapelet et la Neuvaine à la Miséricorde Divine      
Le Saint Rosaire avec Soeur Hyacinthe Defos du Rau OP      
Chemin de Croix avec les méditations du Cardinal Joseph Ratzinger   

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Pape Benoît XVI au sujet de son voyage apostolique en France
Mercredi 17 septembre 2008 - in Croatian, English, French, German, Italian, Portuguese & Spanish

"Chers frères et sœurs!
La rencontre d'aujourd'hui m'offre l'heureuse opportunité de reparcourir les divers moments de la visite pastorale que j'ai accomplie ces jours derniers en France; une visite qui a atteint son sommet, comme vous le savez, avec le pèlerinage à Lourdes, à l'occasion du 150 anniversaire des apparitions de la Vierge à sainte Bernadette. Alors que je rends grâce avec ferveur au Seigneur qui m'a accordé une possibilité aussi providentielle, j'exprime à nouveau ma vive reconnaissance à l'archevêque de Paris, à l'évêque de Tarbes et Lourdes, à leurs collaborateurs respectifs et à tous ceux qui, de différentes manières, ont coopéré à la bonne réussite de mon pèlerinage. Je remercie également cordialement le président de la République et les autres Autorités qui m'ont accueilli avec tant de courtoisie.

La visite a commencé à Paris, où j'ai rencontré idéalement tout le peuple français, rendant ainsi hommage à une nation bien-aimée dans laquelle l'Eglise, déjà depuis le ii siècle, a joué un rôle civilisateur fondamental. Il est intéressant que, précisément dans ce contexte, ait mûri l'exigence d'une saine distinction entre domaine politique et domaine religieux, selon la célèbre phrase de Jésus: "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" (Mc 12, 17). Sur les monnaies romaines était imprimée l'effigie de César et c'est pourquoi celles-ci devaient lui être restituées, mais dans le cœur de l'homme il y a l'empreinte du Créateur, unique Seigneur de notre vie. L'authentique laïcité n'est donc pas faire abstraction de la dimension spirituelle, mais reconnaître que précisément celle-ci, de manière radicale, est la garante de notre liberté et de l'autonomie des réalités terrestres, grâces aux préceptes de la Sagesse créatrice que la conscience humaine sait accueillir et mettre en œuvre.

C'est dans cette perspective que se situe la vaste réflexion sur le thème: "Les origines de la théologie occidentale et les racines de la culture européenne", que j'ai développée au cours de la rencontre avec le monde de la culture, dans un lieu choisi pour sa valeur symbolique. Il s'agit du Collège des Bernardins, que le regretté cardinal Jean-Marie Lustiger voulut valoriser comme centre de dialogue culturel, un édifice du xii siècle, construit pour les cisterciens où des jeunes ont poursuivi leurs études. Ainsi, c'est précisément la présence de cette théologie monastique qui a donné également naissance à notre culture occidentale. Le point de départ de mon discours a été une réflexion sur le monachisme, dont le but était de rechercher Dieu, quaerere Deum. A l'époque de crise profonde de la civilisation antique, les moines, orientés par la lumière de la foi, choisirent la voie maîtresse: la voie de l'écoute de la Parole de Dieu. Ils furent donc les grands spécialistes des Saintes Ecritures et les monastères devinrent des écoles de sagesse et des écoles "dominici servitii", "du service du Seigneur", comme les appelait saint Benoît. La recherche de Dieu conduisait ainsi les moines, par sa nature, à une culture de la parole. Quaerere Deum, chercher Dieu, ils le cherchaient sur les traces de sa Parole, et ils devaient donc connaître toujours plus en profondeur cette Parole. Il fallait pénétrer dans le secret de la langue, la comprendre dans sa structure. Pour la recherche de Dieu, qui s'est révélé à nous dans les Saintes Ecritures, devenaient ainsi importantes les sciences profanes, visant à approfondir les secrets des langues. En conséquence, se développait dans les monastères cette eruditio qui devait permettre la formation de la culture. C'est précisément pour cela que quaerere Deum - chercher Dieu, reste aujourd'hui comme hier la voie maîtresse et le fondement de chaque véritable culture.

L'architecture aussi est l'expression artistique de la recherche de Dieu, et il ne fait aucun doute que la cathédrale Notre-Dame de Paris en constitue un exemple de valeur universelle. A l'intérieur de ce temple magnifique, où j'ai eu la joie de présider la célébration des Vêpres de la Bienheureuse Vierge Marie, j'ai exhorté les prêtres, les diacres, les religieux, le religieuses et les séminaristes venus de toutes les parties de la France, à accorder la priorité à l'écoute religieuse de la Parole divine, en regardant la Vierge Marie comme un modèle sublime. Sur le parvis de Notre-Dame j'ai ensuite salué les jeunes, venus nombreux et enthousiastes. A eux, qui allaient commencer une longue veillée de prière, j'ai remis deux trésors de la foi chrétienne: l'Esprit Saint et la Croix. L'Esprit ouvre l'intelligence humaine à des horizons qui la dépassent et lui fait comprendre la beauté et la vérité de l'amour de Dieu, révélé précisément dans la Croix. Un amour dont rien ne pourra jamais nous séparer et dont on fait l'expérience en donnant sa propre vie, à l'exemple du Christ. J'ai ensuite effectué une brève halte à l'Institut de France, siège des cinq Académies nationales: étant membre d'une des Académies, j'ai rencontré mes collègues avec grande joie. Et puis ma visite a atteint son sommet dans la Célébration eucharistique sur l'Esplanade des Invalides. En reprenant les paroles de l'apôtre Paul aux Corinthiens, j'ai invité les fidèles de Paris et de la France entière à rechercher le Dieu vivant, qui nous a montré son véritable visage en Jésus présent dans l'Eucharistie, en nous incitant à aimer nos frères comme Il nous a aimés.

Je me suis ensuite rendu à Lourdes, où j'ai pu immédiatement m'unir à des milliers de fidèles sur le "Chemin du Jubilé", qui reparcourt les lieux de la vie de sainte Bernadette: l'église paroissiale avec les fonts baptismaux où elle a été baptisée; le "Cachot" où elle vécut enfant dans une grande pauvreté; la Grotte de Massabielle, où la Vierge lui apparut dix-huit fois. Dans la soirée, j'ai participé à la traditionnelle Procession aux flambeaux, merveilleuse manifestation de foi en Dieu et de dévotion à sa Mère et à la nôtre. Lourdes est vraiment un lieu de lumière, de prière, d'espérance et de conversion, fondées sur le roc de l'amour de Dieu, dont le sommet de la révélation a été la Croix glorieuse du Christ.

Par une heureuse coïncidence, dimanche dernier la liturgie rappelait l'Exaltation de la Sainte Croix, signe d'espérance par excellence, car elle est le témoignage le plus élevé de l'amour. A Lourdes, à l'école de Marie, première et parfaite disciple du Crucifié, les pèlerins apprennent à considérer les croix de leur propre vie à la lumière de la Croix glorieuse du Christ. En apparaissant à Bernadette, dans la grotte de Massabielle, le premier geste que fit Marie fut précisément le Signe de la Croix, en silence et sans paroles. Et Bernadette l'imita en faisant à son tour le Signe de la Croix d'une main tremblante. Et ainsi la Vierge a donné une première initiation dans l'essence du christianisme: le signe de la Croix est le sommet de notre foi, et en le faisant d'un cœur attentif nous entrons dans la plénitude du mystère de notre salut. Dans ce geste de la Vierge, se trouve tout le message de Lourdes! Dieu nous a tant aimés qu'il s'est donné lui-même pour nous: tel est le message de la Croix, "mystère de mort et de gloire". La Croix nous rappelle qu'il n'existe pas de véritable amour sans souffrance, il n'y a pas de don de la vie sans douleur. De nombreuses personnes apprennent cette vérité à Lourdes, qui est une école de foi et d'espérance, car elle est aussi une école de charité et de service aux frères. C'est dans ce contexte de foi et de prière que s'est tenu l'importante rencontre avec l'épiscopat français: il s'est agi d'un moment d'intense communion spirituelle, où ensemble nous avons confié à la Vierge les attentes communes et les préoccupations pastorales.

L'étape suivante a ensuite été la procession eucharistique avec des milliers de fidèles, parmi lesquels, comme toujours, se trouvaient tant de malades. Devant le Très Saint Sacrement, notre communion spirituelle avec Marie s'est faite encore plus intense et profonde car Elle nous donne des yeux et un cœur capables de contempler son Divin Fils dans la Sainte Eucharistie. Le silence de ces milliers de personnes devant le Seigneur était émouvant; un silence non pas vide, mais rempli de prière et de la conscience de la présence du Seigneur, qui nous a aimés jusqu'à monter pour nous sur la croix. La journée du lundi 15 septembre, mémoire liturgique de la Bienheureuse Vierge des Douleurs, a enfin été consacrée de manière particulière aux malades. Après une brève visite à la Chapelle de l'Hôpital, où Bernadette reçut la Première Communion, sur le parvis de la Basilique du Rosaire, j'ai présidé la célébration de la Messe, au cours de laquelle j'ai administré le sacrement de l'Onction des malades Avec les malades et ceux qui s'en occupent, j'ai voulu méditer sur les larmes de Marie versées sous la Croix, et sur son sourire, qui illumine le matin de Pâques.

Chers frères et sœurs, rendons grâce ensemble au Seigneur pour ce voyage apostolique riche de tant de dons spirituels. Nous lui rendons en particulier louange car Marie, en apparaissant à sainte Bernadette, a ouvert dans le monde un espace privilégié pour rencontrer l'amour divin qui guérit et qui sauve. A Lourdes, la Sainte Vierge invite chacun à considérer la terre comme le lieu de notre pèlerinage vers la patrie définitive, qui est le Ciel. En réalité nous sommes tous pèlerins, nous avons tous besoin de la Mère qui nous guide; et à Lourdes, son sourire nous invite à aller de l'avant avec une grande confiance dans la conscience que Dieu est bon, que Dieu est amour.

* * *

Je salue tous les pèlerins francophones présents à cette audience. Rendez grâce au Seigneur avec moi car Marie, en apparaissant à Bernadette, a offert au monde un lieu privilégié pour rencontrer l’amour divin qui guérit et qui sauve. Avec ma Bénédiction apostolique."

Blessed John Paul II's reflection on his 1996 pilgrimage to France
General Audience, Wednesday 25 September 1996 - in Italian & Spanish

"Carissimi Fratelli e Sorelle!
1. Domenica scorsa si è concluso il mio sesto pellegrinaggio in Francia. Ringrazio la divina Provvidenza per avermi concesso di percorrere le strade della storia passata e presente di quel Paese. Ho potuto ritornare alle radici della sua tradizione cristiana e recarvi uno sguardo di speranza per il futuro della Chiesa in Francia.


I giovani presenti in grandissimo numero, motivo di grande speranza

Desidero esprimere la mia viva gratitudine al Presidente della Repubblica, alle Autorità nazionali e regionali per l’invito e l’accoglienza. Ringrazio i Vescovi delle diocesi di Tours, di Luçon, di Vannes e di Reims che mi hanno accolto con grande affabilità, come pure l’Episcopato francese largamente presente nelle varie fasi del viaggio. Sono pure riconoscente agli organizzatori, ai membri del servizio sanitario, del servizio d’ordine e a tutti coloro che in qualsiasi modo hanno contribuito al successo di questa visita.

Un sentimento di particolare gratitudine va ai cattolici francesi che, con la loro presenza, con la fervente preghiera ed innumerevoli espressioni di solidarietà hanno dato una chiara testimonianza della loro fede e della loro comunione col Successore di Pietro. In special modo voglio ringraziare i giovani che in grandissimo numero hanno partecipato a questo pellegrinaggio. Insieme con il loro entusiasmo, ho potuto costatare la loro profonda ricerca spirituale e la loro matura adesione ai valori certi e perenni. È questo un motivo di grande speranza.


Le radici del cristianesimo nel Paese


2. Lo svolgimento del pellegrinaggio era legato ad anniversari di eventi storici ed a personaggi che hanno avuto una grande influenza sulle vicende del cristianesimo in Francia e in tutta l’Europa occidentale.

Le radici del cristianesimo nel Paese risalgono al II secolo, al tempo dei primi martiri. Sant’Ilario di Poitiers fu uno dei fondatori delle strutture ecclesiali e grande difensore dell’unità della Chiesa. Durante il mio pellegrinaggio ha avuto inizio l’anno dedicato a san Martino, per commemorare i milleseicento anni della sua morte. Questo ex legionario dell’imperatore Costanzo e discepolo di Ilario, divenne un pioniere della vita monastica, vescovo di Tours e grande missionario dell’Europa occidentale.

Il battesimo di Clodoveo è legato a Martino, poiché la testimonianza della venerazione dei pellegrini che si recavano alla tomba del santo di Tours esercitò un forte fascino sul re franco, il quale decise di farsi cristiano, a ciò preparato dai suoi incontri con santa Genoveffa di Parigi, con santa Clotilde sua sposa e con san Remigio, vescovo di Reims.

L’opera missionaria di san Martino e il battesimo di Clodoveo avviarono una profonda vita di fede che si espresse in una molteplicità di frutti di santità nel corso delle generazioni. Ne ho avuto testimonianza, ad esempio, in Bretagna dove è venerata in modo speciale sant’Anna, la madre della Vergine Maria. San Luigi Maria Grignion de Montfort nacque proprio in quella regione, da cui partì per le sue missioni nella Vandea. Qui, come altrove nelle varie parti della Francia, la fede in Cristo e la fedeltà alla Chiesa sono state custodite anche a prezzo del martirio.


Il mistero del Battesimo motivo di fondo dell’itinerario spirituale del pellegrinaggio


3. L’itinerario spirituale del mio pellegrinaggio ha avuto come motivo di fondo il mistero del Battesimo, il sacramento che introduce nella vita della fede e incorpora i credenti a Cristo crocifisso e risorto.

A Saint-Laurent-sur-Sèvre, abbiamo avuto modo di rivivere il Battesimo come consacrazione di tutta la persona in risposta al dono divino della grazia che ci chiama a diventare conformi a Cristo. La spiritualità monfortana rievoca questa fondamentale esigenza della fede ricevuta al fonte battesimale. Maria è il modello e la guida di ogni consacrazione a Cristo. In quella città sono stato felice di incontrare una folta assemblea di giovani attenti e di tanti fedeli della Vandea, come pure di pregare insieme con numerosi consacrati e consacrate.


L’incontro, con migliaia di famiglie, un vero “tempo forte” del viaggio


A Sainte-Anne-d’Auray, la consacrazione a Cristo è stata considerata alla luce della vita quotidiana e dell’impegno per l’evangelizzazione. Tale consacrazione è stata sentita come una chiamata a rendere testimonianza della fede in ogni ambito della società, in modo specialissimo nella famiglia. L’incontro con migliaia di famiglie è stato un vero “tempo forte” del mio viaggio.

San Martino e i “feriti della vita”


4. Il terzo giorno è stato dominato dalla figura di san Martino, modello di risposta alla chiamata a vivere la fede nella carità. È in questa cornice che va situato l’incontro con i “feriti della vita”, ai quali occorre riconoscere un posto adeguato nella Chiesa e nella società, poiché Cristo stesso si è identificato con il più piccolo di loro.

L’ultimo giorno, a Reims, è stato il momento culminante: l’anniversario del Battesimo di Clodoveo ha invitato ciascuno a meditare in profondità sul significato del proprio Battesimo. Il Vangelo chiama ogni battezzato ad essere sale della terra e luce del mondo; il Battesimo, inoltre, è un appello a rinnovare la propria vita spirituale e ad assumersi le proprie responsabilità nella realizzazione dell’unità e nella crescita interiore del Corpo Mistico di Cristo. La grazia battesimale stimola i credenti ad affrontare le sfide del mondo contemporaneo alla luce del Vangelo, come è apparso chiaramente nell’incontro con le forze vive della diocesi di Reims.


“Accogliete la testimonianza di quindici secoli di storia della Chiesa in Francia”


5. Carissimi Fratelli e Sorelle! Mentre ancora una volta ringrazio quanti hanno contribuito alla buona riuscita di questa visita, affido a voi qui presenti i frutti del mio pellegrinaggio in Francia e vi ringrazio per avermi accompagnato con la preghiera. Accogliete la testimonianza di quindici secoli di storia della Chiesa in Francia. Insieme rendiamo grazie al Signore per i frutti del Battesimo di san Martino, di Clodoveo, di san Luigi Maria Grignion de Montfort e di tutti i fedeli della Chiesa in Francia. Rendiamo grazie anche per il nostro Battesimo e chiediamo al Signore di renderci capaci di rispondere pienamente alla grazia che abbiamo ricevuto in questo sacramento."

Papa John Paul II's reflection on his 1988 pilgrimage to France
General Audience, Wednesday 12 October 1988 - in Italian & Spanish

"1. Al termine del mio viaggio apostolico nella regione francese dell’Alsazia-Lorena conclusosi ieri sera, desidero in questa udienza generale ripercorrere con voi le tappe principali di questa mia quarta visita in Francia, dedicata alle istituzioni europee insediate nella capitale alsaziana, e alle diocesi di Strasburgo, Metz e Nancy.

La mia gratitudine si eleva innanzitutto al Signore, che nella sua amorevole Provvidenza mi ha concesso di tornare all’amata nazione francese, raggiungendo nel mio pellegrinaggio pastorale quelle comunità ecclesiali dell’Alsazia e della Lorena che - in quanto regioni di frontiera, teatro di tante storiche vicissitudini - hanno una speciale vocazione per l’incontro dei popoli europei e per l’unità politica e spirituale del continente.

Ringrazio anche di cuore tutti coloro che hanno organizzato e reso possibile l’attuazione di questa mia visita: in primo luogo il Presidente della Repubblica, signor François Mitterrand, che mi ha accolto a Strasburgo, e col quale ho avuto un lungo incontro privato; ringrazio pure sentitamente il primo ministro signor Rocard, il presidente del Consiglio di Europa Louis Jung e il segretario generale Marcelino Oreja, il presidente Lord Plumb e i singoli membri del Parlamento europeo: dappertutto l’accoglienza è stata calorosa e cortese, a testimonianza della nobiltà di sentimenti di quanti ho incontrato.

Ma l’espressione della mia riconoscenza si rivolge in modo speciale ai Vescovi delle diocesi visitate e a tutte le autorità religiose e civili, che si sono impegnate con grande diligenza per la buona riuscita del pellegrinaggio. Infine ringrazio con profonda commozione tutti i francesi, che hanno pregato con me e mi hanno ascoltato con grande cordialità.

2. Il movente particolare che ha suggerito la visita è stata la commemorazione del secondo millennio della fondazione di Strasburgo, città veramente ricca di storia, iniziata dai romani, prima dell’era cristiana, con una serie di accampamenti militari presso il Reno, fra cui quello di Argentoratum sul luogo della città attuale. All’inizio del IV secolo gli insediamenti delle genti germaniche seguirono all’occupazione romana; gli alemanni si stabilirono in Alsazia; è a questo periodo che risalgono le prime vestigia del cristianesimo.

Strasburgo è famosa per la sua splendida cattedrale gotica, iniziata nel secolo XII, e per le grandi figure di Alberto Magno e dei “mistici renani”: maestro Eckart, Tauler. Drammatiche e dolorose vicende si svolsero a Strasburgo durante la Riforma. Grandi furono pure le sofferenze della popolazione durante la guerra del 1870 e la prima e la seconda guerra mondiale. Al termine dell’ultimo, terribile conflitto Strasburgo riacquistava la sua antica fisionomia, e proprio in quella storica città, diventata sede del Consiglio d’Europa e una delle sedi della Comunità Economica Europea, e da me ora elevata alla dignità di arcidiocesi, si sono concentrati i momenti principali della mia visita.

3. Anzitutto sabato scorso, 8 ottobre, ha avuto luogo l’incontro con i membri dell’Assemblea parlamentare del Consiglio d’Europa, che attualmente comprende 21 nazioni, e in seguito con la corte e con la Commissione dei diritti dell’uomo. Ieri, martedì 11 ottobre, è avvenuto l’incontro con i membri del Parlamento europeo. Numerosi sono stati poi gli incontri con i fedeli della città: ricordo le celebrazioni eucaristiche nella Cattedrale di Notre-Dame e nello stadio; l’incontro con i giovani, sabato sera, nello stadio “Meinau”, con tre rappresentazioni allegoriche sui temi: “creare-amare-sognare” e con la riflessione sulla “Carta dei giovani”; la visita al centro “Louis Braille” dove sono curati i non-vedenti e gli audiolesi; il suggestivo percorso fluviale sul Reno e l’incontro con i portuali e i battellieri, venuti anche dalla Germania e dai Paesi Bassi, ai quali, oltre che dei problemi sociali, ho pure parlato del rispetto che, dal punto di vista ecologico, si deve al fiume. Molto importanti sono pure stati gli incontri con i fratelli protestanti nella chiesa di San Tommaso e con i rappresentanti della comunità ebraica: in essi è stata ribadita la necessità di approfondire la fede in tutta la sua ricchezza rivelata nell’Antico e nel Nuovo Testamento e gli impegni di carità fraterna e di collaborazione per il bene sociale e spirituale dei popoli.

Infine sulla piazza della Cattedrale si è commemorato ufficialmente il “bimillenario” della fondazione della città: in quell’occasione alle autorità civili e alla popolazione ho espresso il caldo invito a rimanere fedeli alla vocazione di Strasburgo, crocevia dell’Europa, e simbolo di riconciliazione.

4. La visita pastorale è continuata a Metz, l’antica città della Lorena, in un fervente appuntamento eucaristico nella grandiosa Cattedrale gotica; in seguito, nella Cattedrale di Nancy, ho parlato ai membri del Sinodo diocesano e poi ai fedeli in una “celebrazione della Parola” svoltasi nella piazza Carnot. Nell’occasione dell’incontro ho consegnato ad un cappellano delle carceri un messaggio indirizzato a tutti i detenuti del Paese. Al Santuario di Mont Sainte Odile ho avuto la gioia di incontrare i religiosi e le religiose, e infine nello stadio dell’Ill a Mulhouse si è svolta l’ultima celebrazione eucaristica.

La caratteristica fondamentale di questi incontri è stata la proclamazione della Parola di Dio applicata ai vari aspetti della vita cristiana. È stata ribadita l’urgenza della fedeltà al patrimonio cristiano tanto profondamente impresso nella cultura europea, per non cedere all’invadenza della scristianizzazione e per testimoniare sempre con coraggio e con carità la propria fede. Ho cercato di seminare con abbondanza la Parola di Dio, in aiuto del ministero dei Vescovi e dei sacerdoti; insieme con loro ho pregato la Vergine santissima, a lei affidando la speranza che, grazie alla sua intercessione, il seme gettato possa dare buoni frutti.

5. Come ho già detto, scopo speciale della visita a Strasburgo, è stato l’incontro con le istituzioni europee, in risposta all’invito che mi era stato rivolto da tempo. Già il 15 maggio 1985 avevo visitato tali Istituzioni presso il centro di Lussemburgo: in seguito, il 20 maggio, avevo fatto visita alla Comunità Economica Europea a Bruxelles, sottolineando la necessità per l’Europa di ritrovare non solo una coesione economica e politica, ma anche, e soprattutto, spirituale e morale nella prospettiva della sua dimensione geografica piena, che va dall’Atlantico agli Urali, dal Mare del Nord al Mediterraneo.

6. Nei tre incontri fondamentali di Strasburgo ho lanciato un grido di allarme sulla necessità di salvaguardare alcuni valori umani che sono in serio pericolo. Tra questi, il senso della famiglia “che si destabilizza e si disgrega per concezioni che svalutano l’amore”; il rispetto dei processi genetici, sempre più esposti a “manipolazioni abusive”; la difesa della vita umana contro la pratica dell’aborto e la tentazione dell’eutanasia; la questione ecologica divenuta oggi impreteribile; il problema di una sana educazione dei giovani, e del loro inserimento nel lavoro in un contesto sociale particolarmente difficile. Nell’esprimere l’augurio che diventi più efficace la cooperazione già abbozzata con le altre nazioni, anche del Terzo Mondo, ma in particolare dell’Est europeo, mi sono fatto interprete del desiderio di milioni di uomini e donne “che sanno di essere legati da una storia comune e che sperano in un destino di unità e di solidarietà a misura di questo continente”.

Infine nel discorso programmatico, tenuto al Parlamento europeo, ho riaffermato l’interesse della Chiesa e l’appoggio per la integrazione dell’Europa, poiché il cristianesimo è l’eredità comune di tutti i suoi popoli, ed ho nuovamente sottolineato che la fede cristiana è l’elemento fondamentale della identità europea, esortando l’Europa a ridiventare un faro di civilizzazione mondiale mediante la fiducia in Dio, la pace tra gli uomini e il rispetto della natura.

7. Dando ora uno sguardo complessivo a questo viaggio apostolico, testé compiuto nel centro dell’Europa, sento il bisogno di sottolineare ancora, come ho fatto là, il problema veramente assillante della “seconda evangelizzazione” dell’Europa, e cioè della necessità di reagire con coraggio e decisione alla scristianizzazione e di ricostruire le coscienze alla luce del Vangelo di Cristo, cuore della civiltà europea, come già ebbi occasione di dire ai Vescovi europei partecipanti al VI Simposio (11 ottobre 1985) e di scrivere nella lettera ai presidenti delle Conferenze Episcopali Europee (2 gennaio 1986).

Dobbiamo impegnarci tutti a ricostruire l’unità nella verità, ascoltando il messaggio di Cristo e vivendolo con coerenza.

Ci assista, ci ispiri, ci aiuti Maria santissima, a cui chiediamo di sostenere la fede dei suoi figli in tutta l’Europa.
"

Papa Giovanni Paolo II - Udienza Generale
Mercoledì, 15 ottobre 1986 - in Italian & Spanish

1. Nella presente udienza il mio pensiero va con gioia profonda alle tappe della terza visita in Francia: viaggio iniziato sabato 4 ottobre e terminato il martedì successivo. Da Roma a Lione, da Lione a Taizé e a Paray-le-Monial, poi ad Ars e infine ad Annecy, ho compiuto un pellegrinaggio sulle orme del beato Antonio Chevrier, di san Francesco di Sales, di santa Giovanna di Chantal, di santa Margherita Maria Alacoque e soprattutto del santo Curato d’Ars. È stata proprio la ricorrenza del 200° anniversario della nascita di Giovanni Maria Vianney che ha fornito all’episcopato francese l’opportuna occasione di invitarmi nuovamente nel loro Paese. A esso, e in particolare al signor card. Albert Decourtray, arcivescovo di Lione, e ai vescovi della Regione apostolica del Centro-Est desidero manifestare la mia gratitudine per tale rilevante appuntamento.

2. Mi è stato dato, in tal modo, di partecipare a celebrazioni che non solo hanno riuniti vescovi e sacerdoti francesi, ma altresì delegazioni provenienti da sessanta Paesi diversi. La figura del santo curato d’Ars non cessa di parlare anche all’uomo d’oggi. La sua straordinaria vita piena di preghiera e di mortificazione, l’eroico servizio alla parola di Dio e ai sacramenti, specie quello della Penitenza, continuano ad essere un punto di vivo riferimento per i sacerdoti della Chiesa contemporanea.

Mi sia permesso, in pari tempo, di ringraziare il signor presidente della Repubblica, il signor primo ministro e tutte le autorità civili francesi per il consenso dato a questo viaggio, per l’accoglienza cordiale e per le disposizioni da loro impartite, affinché la visita si svolgesse nell’ordine e nella serenità.

3. San Giovanni Maria Vianney visse la sua giovinezza ai tempi della rivoluzione francese. In tale periodo iniziò clandestinamente la preparazione al sacerdozio, seguendo la voce della vocazione. Con commozione rivolgo il mio pensiero alla famiglia contadina del santo, che abitava a Dardilly, e allo spirito che in essa dominava. Il pellegrinaggio compiuto mi ha inoltre aiutato a rendermi più consapevole dell’esistenza di una più lontana “genealogia” del curato d’Ars. Infatti, fu l’“Anfiteatro delle Tre Gallie”, luogo del martirio dei cristiani nel 177. Questa è una particolare memoria della vitalità della Chiesa nella capitale di quell’antica provincia romana. Un’altra memoria è poi la figura di sant’Ireneo, uno di quei grandi Padri della Chiesa, al quale deve tanto la dottrina e la teologia cattolica fin dai suoi inizi.

Mi è caro pure ricordare che nell’“Anfiteatro delle Tre Gallie” si è svolto un incontro ecumenico, il quale è anch’esso coerente con l’eredità della Chiesa che è in Lione. Al riguardo è sufficiente ricordare il Concilio colà celebrato nel 1274, al fine di intraprendere un tentativo di riconciliazione ecclesiale tra Oriente e Occidente, e tutte le iniziative ecumeniche prese in questo secolo nella scia dell’abbé Couturier.

4. La genealogia della santità si sviluppò ulteriormente nel corso dei secoli. Sul finire del XVI e nei primi anni di quello successivo svolse la sua rilevante attività pastorale e magisteriale san Francesco di Sales, il quale, insieme con santa Giovanna di Chantal, fondò l’Ordine della Visitazione. Le reliquie di entrambi i santi si trovano ad Annecy, una delle tappe della mia visita pastorale. Alcuni decenni dopo la fondazione delle Visitandine, una di esse, suor Margherita Maria Alacoque a Paray-le-Monial diventò un grande segno dell’amore di Gesù e testimone zelante del mistero del suo Sacro Cuore. È a motivo di essa che la città di Paray-le-Monial è stata inclusa nel programma della visita.

Così, dunque, il pellegrinaggio connesso con il 200° anniversario della nascita del santo curato d’Ars si è svolto, in un certo senso, sulle orme della santità, che sono state impresse in quella terra beata da secoli di cristianità.

5. Ad Ars si sono riuniti cardinali, vescovi, sacerdoti, diaconi e seminaristi, che provenivano da tutta la Francia e anche da molti altri Paesi dei vari Continenti. La meditazione, che davanti ad essi ho sviluppato in tre momenti successivi, alternati da silenzio, da preghiere cantate e da letture, ha messo in luce lo splendore della missione insostituibile del prete, con la sua identità specifica, la sua collaborazione alla salvezza delle anime mediante la predicazione della conversione, il ministero della riconciliazione e l’Eucaristia. Di fronte alle diverse difficoltà, ho ivi indicato i mezzi di ripresa spirituale, di costante alimento intellettuale, di sostegno fraterno, di pastorale missionaria, sottolineando che le esigenze degli impegni sacerdotali assicurano libertà e slancio apostolico. Pure la formazione dei seminaristi e il ministero dei diaconi sono stati fatti oggetto di un’attenzione speciale.

6. Pertanto al centro del pellegrinaggio ad Ars si è trovato il sacerdozio ministeriale di Cristo. Quindi la tematica centrale di questo incontro indimenticabile del 6 ottobre 1986 fu indirizzata ai sacerdoti, ai quali ho solennemente rivolto un omaggio riconoscente e un invito pressante alla fedeltà, avendo presenti nella mente e nel cuore i preti del mondo intero. In questa luce assumono pieno significato tutti gli altri temi affrontati nel programma di quei giorni intensi: innanzitutto il tema della vita religiosa.

7. Un messaggio particolare è stato peraltro dato in occasione degli incontri: con le famiglie cristiane, venute numerosissime alla celebrazione eucaristica di Paray-le-Monial, per attingere un approfondimento del loro amore presso il Cuore di Gesù; con i giovani che, durante una notevole rappresentazione scenica, tenuta nello stadio Gerland di Lione, hanno esposto con fiducia le loro domande su Dio, sulla Chiesa, sul loro impegno nel mondo; ancora con i giovani riuniti in preghiera a Taizé attorno ai fratelli di quella comunità; con gli ammalati raccolti nella cattedrale di Lione; con i carcerati; con i membri del Consiglio pastorale e del Consiglio presbiterale di Lione, che mi hanno informato sul multiforme e indispensabile apostolato dei laici, organicamente articolato con quello dei sacerdoti; con i teologi, i professori e gli studenti dell’“Institut Catholique” di Lione, che non possono dimenticare il grande esempio di sant’Ireneo; con coloro che hanno la responsabilità del bene comune della Nazione, della Regione e della Città, da me incontrati nella Prefettura di Lione; e, certamente e soprattutto, con i miei fratelli nell’episcopato, che giunsero da tutte le diocesi della Francia.

Fu ai loro singoli fedeli e a tutto il popolo cristiano di Francia che da Lione ho lanciato un appello a un rinnovamento spirituale. Sempre da Lione, all’inizio del mio viaggio, ho invitato i popoli o le parti in guerra a osservare una tregua il 27 ottobre corrente, giorno in cui i rappresentanti delle varie religioni nel mondo si troveranno insieme ad Assisi per pregare.

8. Nello stesso primo giorno della mia visita a Lione, mi è stato dato di proclamare beato il padre Antonio Chevrier, fondatore del Prado, contemporaneo del curato d’Ars. Afferrato da Cristo, che visse nella povertà, e sensibile alla grande miseria dei giovani operai del suo tempo, questo sacerdote si è fatto apostolo dei poveri. Ha profondamente stimato la loro dignità di uomini amati da Dio, ha condiviso la loro condizione di povertà, ha donato loro un’istruzione scolastica e di fede, ha fondato la Famiglia del Prado con sacerdoti, fratelli e sorelle disponibili a portare loro la buona novella. È così stato possibile sulle modalità di guardare e aiutare i poveri del giorno d’oggi secondo le beatitudini del Vangelo.

9. “La messe è molta, ma gli operai sono pochi! Pregate dunque il padrone della messe . . .”. Accanto all’altare della santa Messa celebrata all’aperto in Ars sono risuonate ancora una volta queste parole di Cristo, così attuali per la Chiesa e per il mondo contemporaneo. La messe del Signore è molta. Occorrono operai. Occorrono sacerdoti. Occorrono santi.

È stato un significativo pellegrinaggio sulle orme dei santi. “Dove passano i santi . . . Dio passa insieme con loro”.

La réflexion du Pape Jean-Paul II lors de son premier pèlerinage apostolique en France
Audience Général, Mercredi 11 juin 1980, French, Italian, Portuguese & Spanish

"1. Je reviens constamment par la pensée à ma visite en France, à Paris et à Lisieux et je désire aujourd’hui manifester, au moins en partie, ce qu’elle a été pour moi.

Avant tout, elle a été une invitation qui m’a été adressée par des hommes, mais il serait difficile de ne pas y voir le doigt de la Providence. Cette visite n’était pas prévue. Depuis quelque temps, j’avais pris en considération le voyage au Congrès eucharistique à Lourdes qui se déroulera en juillet 1981. Mais l’invitation à Paris n’est venue que ces derniers temps, à l’occasion d’une circonstance particulière, la session de l’UNESCO.

Je désire ici remercier particulièrement M. Amadou Mahtar-M’Bow, directeur de cette Organisation mondiale, qui, depuis quelque temps déjà, m’avait invité à lui rendre visite.

Le sigle UNESCO signifie : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Nous nous trouvons donc dans le cadre de la grande structure des Nations Unies, qui depuis la fin de la terrible Seconde Guerre mondiale, est devenue une nécessité particulière de notre époque. Malgré les nombreuses difficultés dont nous sommes conscients, elle ne cesse de servir la cause de la convivence pacifique des nations de toute la terre. En octobre de l’année dernière, j’ai eu l’honneur de participer à la réunion plénière de l’Organisation des Nations Unies à New York, à l’invitation du secrétaire général, le docteur Kurt Waldheim. Par la suite, en novembre de l’année dernière, à l’invitation du directeur général, M. Edouard Saouma, j’ai été l’hôte à Rome de la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, qui s’occupe dans le monde entier, des problèmes liés de manière plus fondamentale à la vie de l’homme. Nous en sommes surtout convaincus, nous qui, avec les paroles du Christ lui-même, demandons constamment au Père: « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. » À travers ces paroles, nous sentons quel problème est la faim, le manque de pain pour les hommes d’aujourd’hui, en particulier dans quelques zones de la terre.

2. À la dimension de l’humanité tout entière, au niveau international, l’UNESCO sert la cause de la culture, de la science et de l’éducation. Ce sont les problèmes dans le cadre desquels l’homme vit et se développe comme homme, comme personne et comme communauté, comme famille, comme nation. Certes, « l’homme ne vit pas seulement de pain » (cf. Mt 4, 4), mais les problèmes du pain sont liés au niveau de la culture, de la science et de l’éthique. L’UNESCO n’est pas directement au service du problème du pain, mais des questions de la culture, de l’éducation et de la science — donc du problème dans le cadre duquel se manifeste et se confirme plus profondément ce qu’est l’homme, précisément comme homme. C’est pour cela que l’Organisation, qui consacre toute son activité de manière directe à ces problèmes a une importance tout à fait essentielle pour la consolidation des droits de l’homme, de la famille, d’une nation dans le monde, pour la garantie de cette dignité humaine à travers le juste rapport entre la vérité et la liberté.

Tous ces problèmes qui sont si proches des tâches de l’Église de tous les temps, et en particulier de notre époque, ont constitué une bonne raison pour que je rende visite au siège de l’UNESCO le 2 juin. Cette visite a été une occasion particulière pour mettre en relief ce rapport entre l’Église et la culture qui a trouvé son expression dans l’enseignement du Concile Vatican II et en particulier dans la Constitution Gaudium et spes. Cette visite a été également l’occasion de rappeler, par un appel particulier aux scientifiques du monde entier, la grande cause de la paix.

3. Paris demeure la ville particulièrement adaptée pour être le siège de l’Unesco. Grâce à l’initiative de l’archevêque de Paris, le cardinal Marty, la visite au siège de cette organisation a eu en même temps un caractère pleinement pastoral vis-à-vis de l’Église qui est en France. J’en parle avec une particulière gratitude que j’exprime aussi bien aux représentants de l’Église qu’à ceux de la population et des instances particulières du pouvoir civil.

Avec l’épiscopat français, j’ai grandement apprécié la participation si significative du président de la République française, ses paroles de bienvenue comme aussi la participation de tout le gouvernement avec, en tête, le premier ministre, et du corps diplomatique. En ce qui concerne la ville de Paris, il serait difficile de ne pas exprimer ma gratitude au maire de la municipalité ainsi qu’à toute la population. Je dois dire la même chose en ce qui concerne la visite que j’ai faite à Lisieux.

Qu’il me soit permis d’étendre ces expressions de reconnaissance à toutes les personnes et à toutes les institutions qui ont contribué à l’organisation de cette visite et qui en ont assuré le déroulement. Je pense de manière particulière à ceux à qui je n’ai pas pu exprimer personnellement cette gratitude et à l’égard desquels je me sens si débiteur et si obligé. Je les remercie de m’avoir rendu possible, dans toutes les étapes et dans chacune en particulier, le service pour lequel je suis venu en France. Merci de l’avoir fait avec tant de délicatesse, de compréhension, de bienveillance, avec tant d’habileté et d’hospitalité cordiale.

4. Le service pastoral de l’Évêque de Rome concerne surtout l’Église, mais il concerne en même temps la société, tous les hommes, « le monde » dans lequel cette Église est présente et auquel elle a été envoyée. Au cours de ces quelques jours, il m’a été donné de participer, de manière particulière, à la mission que l’Église accomplit à Paris et ainsi, indirectement, j’ai pu participer à la mission qu’elle accomplit dans toute la France. La rencontre avec toute la Conférence épiscopale française, sous la direction du cardinal Roger Etchegaray, à laquelle participaient les autres cardinaux, tous les autres archevêques et évêques français, a été une particulière expression de cette participation. Le regard collégial sur la perspective riche mais non facile des tâches qui sont liées à la mission épiscopale à l’égard du milieu social propre doit être complété par un regard plus vaste, ne serait-ce qu’en raison de l’influence que l’Église de France tout comme la culture française exercent au-delà des frontières de cette nation.

C’est une Église qui a de grands mérites tant pour ce qui concerne l’émergence des formes de la conscience et de la spiritualité chrétienne que pour le développement de l’activité missionnaire. La visite à Lisieux pour honorer sainte Thérèse, qui, depuis le carmel de cette ville, a montré à beaucoup de contemporains une voie intérieure particulière vers Dieu et qu’en même temps l’Église a reconnue comme la patronne des missions dans le monde entier, semblait donc très justifiée.

La conscience que toute l’Église est « missionnaire », qu’elle est toujours et partout « en état de mission » — conscience dont le Concile Vatican II a donné une expression si pleine — semble offrir d’une manière particulière un nouvel élan au catholicisme de Paris et de la France. Il serait difficile d’analyser ici, d’une part, les raisons particulières qui y ont contribué et, d’autre part, les différentes formes d’action de cette Église qui en rendent témoignage.

Au cours de ma brève visite, il m’a été donné de rencontrer les prêtres, les séminaristes, les religieuses des congrégations actives et contemplatives, les différents groupes de l’apostolat des laïcs, les Organisations catholiques internationales, l’Institut catholique de Paris, le monde du travail à Saint-Denis et les jeunes.

Ce sont des souvenirs inoubliables. En particulier, les deux dernières rencontres « ouvertes » avec la participation de milliers de personnes et faites — en ce qui concerne la rencontre avec les jeunes — à travers le « dialogue », sont demeurées profondément gravées dans mon coeur. On ne peut pas oublier que Paris et la France accueillent depuis quelques générations une immigration polonaise nombreuse, que j’ai pu rencontrer durant ma visite, ainsi que d’autres groupes, surtout des Portugais et des Espagnols, qui se sont considérablement accrus ces derniers temps. À cela il faut ajouter la rencontre, qui continue de durer dans un certain sens, avec les habitants, d’abord de Paris et ensuite de Lisieux, dans le cadre des grandes places, le long des rues et surtout tout le long de la Seine, à la fin du premier soir. Cette rencontre a eu aussi son « programme » non officiel et son éloquence.

Je me souviens avec gratitude de tous les lieux où il m’a été donné de célébrer l‘Eucharistie, en particulier devant Notre-Dame de Paris, devant la basilique de Saint-Denis (où reposent les rois de France), au Bourget, devant la basilique de Lisieux et les lieux où j’ai pu prier avec les habitants et avec ceux qui s’étaient joints à eux, en particulier rue du Bac et à Montmartre.

Je me souviens de la rencontre œcuménique, pleine de contenu profond, et, je pense, de compréhension réciproque, ainsi que de la rencontre avec les représentants des communautés juives et avec les représentants des communautés musulmanes, qui sont actuellement assez importantes (près de 2 millions). Je me souviens en outre des différentes rencontres avec les hommes de la science et de la culture, avec les écrivains et avec les artistes. Toutes ces rencontres font partie d’un ensemble très varié et très complexe et ont peut-être fait l’objet d’un programme trop dense, mais elles ont été très riches et très authentiques et je ne cesse d’en remercier Dieu et les hommes.

« Aimes-tu ? », « m’aimes-tu ? », a demandé le Christ à Pierre après la résurrection. La même demande, je l’ai répétée dans l’homélie devant le portail de Notre-Dame, en montrant la signification clé pour l’avenir de l’homme et du monde, de la France et de l’Église. J’espère que dans cette demande nous avons pu retrouver ensemble Celui qui est la pierre angulaire de l’Histoire et — avec la fille aînée de l’Église — nous rendre conscients que nous venons de lui et que nous devons fixer intensément le regard sur lui, sur le Christ, sur ces voies qui nous conduisent, comme l’Église et l’humanité, vers l’avenir."

Discours du cardinal Joseph Ratzinger
Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, invité de Mgr Lustiger
à la sixième et dernière conférence de Carême à Notre-Dame, Paris, dimanche 8 avril 2001 - more info here

"Récemment j’ai lu dans une revue les propos d’un intellectuel allemand qui, sur la question de Dieu, se disait agnostique, et il ajoutait que Dieu on ne pouvait ni le prouver ni exclure totalement son existence, que le problème demeurait ouvert.

Par contre, il était fermement convaincu de l’existence de l’enfer ; il lui suffisait d’allumer la télévision pour constater qu’il existe bel et bien. Alors que la première partie de cette profession correspond pleinement à la conscience moderne, la seconde paraît bizarre, voire même incompréhensible, tout au moins à première vue. Car comment croire à l’enfer si Dieu n’existe pas ? A y regarder de plus près cette déclaration s’avère tout à fait logique. L’enfer c’est vivre dans l’absence de Dieu. C’est cela sa définition. Là où Dieu n’est pas, là où ne pénètre plus aucune lueur de sa présence, voilà l’enfer. Et la preuve peut-être, ce n’est pas tant le spectacle quotidien de la télévision mais plutôt un regard sur le siècle écoulé qui nous a laissé des mots comme Auschwitz, l’Archipel du Goulag, ou les noms de Hitler, Staline, Pol Pot. Celui qui lit les témoignages de ces mondes démoniaques a des visions qui n’ont rien à envier en cruauté et en destruction à la descente aux enfers de Dante et qui sont plus effrayantes parce que le mal y a une dimension que le regard de Dante n’a pas pu pénétrer. Ces enfers furent construits pour pouvoir préparer le monde futur des hommes qui se suffisent à eux-mêmes et qui prétendent ne plus avoir besoin de Dieu. Au moloch de l’utopie d’un monde sans Dieu ou libéré de Dieu on a sacrifié l’homme qui dès lors disposait de lui-même et ne connaissait plus les limites de son pouvoir, car il n’y avait plus de dieu au-dessus de lui, parce qu’aucune lueur de cette ressemblance à Dieu n’émanait plus de lui.

Là où Dieu n’est pas, c’est là que l’enfer surgit, et l’enfer persiste simplement de par l’absence de Dieu. On peut aussi y arriver sous des formes subtiles et presque toujours en disant vouloir le bien des hommes. Quand aujourd’hui on fait du commerce avec les organes humains, quand on fabrique des fœtus pour avoir des organes en réserve ou pour avancer la recherche médicale et préventive, bon nombre considèrent le contenu humain de ces pratiques comme élémentaire, mais ce mépris de l’homme qui est sous-jacent - quand on use et abuse de l’homme - ramène qu’on le veuille ou non à la descente aux enfers. Cela ne veut pas dire qu’il ne puisse pas y avoir et qu’il n’y ait pas d’athées avec un grand sens éthique. Mais j’ose pourtant dire que cette éthique repose sur cette lumière venue un jour du Sinaï et qui continue à briller, je veux dire la lumière de Dieu. Des étoiles bien lointaines et éteintes peuvent encore briller dans notre monde. Et là où Dieu semble mort, sa lumière peut continuer à agir. Mais Nietzche a eu raison de souligner que le moment où la nouvelle de la mort de Dieu sera partout connue, où sa lumière serait définitivement éteinte, ce moment-là ne peut qu’être effroyable.

Pourquoi dire cela dans une réflexion sur ce que, nous chrétiens, avons à faire aujourd’hui dans l’instant historique que nous vivons au début du troisième millénaire ?je le dis parce que justement notre tâche de chrétien s’en trouve éclairée. Cette tâche est à la fois simple et immense : il s’agit de témoigner de Dieu, d’ouvrir les fenêtre verrouillées et voilées pour que sa lumière puisse briller parmi nous, pour que nous fassions place à sa présence ; inversons les choses : là où est Dieu, c’est le ciel, là, la vie, même au prix des misères de notre existence, devient claire. Le christianisme n’est pas une philosophie compliquée qui a vieilli au cours du temps, ce n’est pas un fatras incommensurable de dogmes et de préceptes ; la foi chrétienne, c’est être touché par Dieu et témoigner de lui. Devant l’aréopage Paul a donc décrit dans ce sens sa mission et son intention de faire connaître le dieu inconnu aux Athéniens à qui il s’adressait en apôtre des nations, de faire connaître ce Dieu qui sortait de l’ombre et s’était fait connaître lui même et donc pouvait être annoncé par lui, Paul (Ac 17, 16-34).

S’attacher à la parole du dieu inconnu suppose que l’homme sait, dans son ignorance, quand même quelque chose de Dieu. Cela correspond à la situation de l’agnostique qui ne connaît pas Dieu et qui pourtant ne peut le nier. Cela suppose que d’une certaine façon l’homme attend Dieu et qu’il ne peut l’atteindre seul, mais qu’il a donc besoin de l’annonce, de la main qui le tire vers lui dans la sphère de sa présence.

Ainsi nous pouvons dire : l’Eglise est là pour que Dieu, le Dieu vivant soit annoncé, pour que l’homme puisse apprendre à vivre avec Dieu, sous ses yeux et en communion avec lui. L’Église est là pour conjurer la progression de l’enfer sur terre et pour rendre celle-ci habitable à la lumière de Dieu. Grâce à lui et seulement grâce à lui elle sera humaine. Nous pouvons aussi l’exprimer à partir de la troisième demande du Notre Père « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

Là où la volonté de Dieu se réalise, c’est le ciel, la terre peut devenir ciel. C’est pourquoi il s’agit de faire connaître la volonté de Dieu et d’accorder la volonté des hommes à la volonté de Dieu. Car Dieu on ne peut le reconnaître simplement par l’intellect, on ne peut simplement en prendre acte comme par exemple j’enregistre l’existence d’astres lointains et les données du passé. La connaissance de Dieu est comparable à la connaissance de l’amoureux. Elle me concerne tout entier, elle réclame aussi ma volonté et elle s’enlise quand il n’y a pas plein consentement.

Mais là j’ai déjà anticipé. Dans un premier temps tenons bon : pour l’Église il ne s’agit jamais simplement de maintenir, ou d’augmenter ou d’étendre ce qu’elle a déjà. L’Église n’est pas là pour elle-même. Elle ne peut ressembler à une association qui veut dans des situations difficiles se tenir à flot. Elle a une mission pour le monde, pour l’humanité. Et c’est seulement pour cette raison qu’elle doit survivre, parce que sa disparition entraînerait l’humanité dans un tourbillon, celui des ténèbres, de l’obscurité, même de la destruction de ce qui fait l’homme. Nous ne nous battons pas en pensant à notre conservation, nous nous savons chargés d’une mission, qui nous impose une responsabilité face à tous. C’est pourquoi l’Église doit se mesurer à elle même et être mesurée à la façon dont sont vivantes en elle la présence de Dieu, sa connaissance et l’acceptation de sa volonté. Une Eglise qui ne serait que l’appareil qui se dirige lui même serait une caricature d’Église. Tant qu’elle tournera autour d’elle même et qu’elle ne regardera que les buts à poursuivre pour sa survie elle sera superflue et dépérira, même si elle dispose de grands moyens et qu’on la manage habilement. Elle ne peut vivre et fructifier que si la primauté de Dieu est vivante en elle.

L’Église n’est pas là pour elle-même, mais pour l’humanité. Elle existe pour que le monde soit un espace pour la présence de Dieu, l’espace de cette alliance entre Dieu et les hommes. C’est déjà ce qu’on trouve dans le récit de la création (Gen l,l - 2,4). Le texte se terminant sur le sabbat veut faire comprendre le fait que la création a une cause interne. Elle est là pour que l’alliance ait lieu, alliance où Dieu donne son amour et reçoit la réponse de cet amour. L’idée que l’Église soit faite pour l’humanité apparaît depuis peu sous une variante qui est évidente à l’esprit mais met enjeu l’essentiel. On dit que l’histoire de la théologie et de la compréhension de l’Eglise s’est déroulée ces derniers temps en trois étapes : d’une théologie ecclésiocentrique on est passé à une théologie christocentrique et pour finir à une théologie théocentrique. Cela est un progrès, mais le point final n’est pas atteint. Il est clair, dit-on, que la théorie ecclésiocentrique était fausse. L’Eglise n’a pas le droit de se mettre elle-même au centre de tout, elle n’est pas là pour elle-même. On est donc passé à la théologie christocentrique, le christ devant être le centre de tout. Mais on a reconnu alors que le Christ se transcende dans le Père et ainsi on en est arrivé à la théologie théocentrique. Ce qui est en même temps un progrès, une ouverture de l’Eglise vers l’extérieur, vers les autres religions l’Eglise divise, mais le Christ aussi divise, dit-on. Et maintenant on ajoute : Dieu lui aussi divise car les images de Dieu sont contradictoires et il y a des religions sans Dieu personnel, des philosophies sans dieu. Ainsi on posera le postulat d’une quatrième étape en lien visible avec l’Evangile, étape où le royaume qu’on ne peut plus nommer royaume de Dieu mais simplement royauté comme marque du monde meilleur à construire, sera au centre. La primauté du royaume signifie qu’à présent, en dépassant les frontières des religions et des idéologies, tout le monde peut œuvrer pour des valeurs du royaume comme la paix, la justice, la préservation de la création. Cette triade de valeurs est aujourd’hui comme l’ersatz du concept de dieu disparu et en même temps la formule unificatrice, qui par delà toutes les différences, justifie la réunion universelle des bonnes volontés (et qui n’en est pas plein ?) et pourrait ainsi amener vraiment un monde meilleur. Cela semble tentant. Qui ne se sentirait pas obligé de suivre le but de la paix sur terre ? Qui n’aurait pas besoin de lutter pour que la justice arrive, et qu’enfin les inégalités criantes entre les classes, les races et les continents disparaissent ? Et qui ne verrait pas aujourd’hui la nécessité de défendre la création contres les destructions modernes ? Dieu serait-il devenu superflu ? Est-ce que ces trois valeurs peuvent se supplanter ? Mais d’où savons-nous ce qui sert la paix ? Où prenons-nous la mesure de la justice et la distinction du bien et du mal ? Et comment reconnaissons-nous le moment où la technique correspond aux exigences de la création et celui où elle assure sa destruction ? Qui s’en tient à ces valeurs ne peut se cacher qu’elles deviennent vite le théâtre d’idéologies et ne résistent pas sans une hiérarchie cohérente par rapport à l’existence, la création et l’homme. Les valeurs ne peuvent remplacer la vérité, elles ne peuvent remplacer Dieu dont elles sont la pâle figure et sans la lumière duquel elles sont mal définies.

On en revient toujours à la même chose : sans Dieu le monde ne peut s’éclairer et l’Eglise sert le monde en faisant en sorte que Dieu vive en elle, qu’elle soit transparente pour lui et qu’elle le porte à l’humanité. Et là nous sommes enfin arrivés à la question pratico-pratique : comment cela marche-t-il ? Comment pouvons-nous reconnaître Dieu même et comment pouvons-nous le transmettre aux autres ? Je pense que divers chemins doivent s’imbriquer. Il y a d’abord le chemin pris par Paul devant l’aéropage, il partait de l’idée que l’homme a au fond de lui la prescience de Dieu, c’est l’appel à la raison. « Dieu n’est pas loin de chacun de nous » dit alors Paul, « c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement de l’être » (Acl7, 27s). Dans l’Epître aux Romains la même pensée est encore renforcée. « Ce qu’il y a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses ceuvres, son éternelle puissance et sa divinité » (1,20). La foi chrétienne fait appel à l’intelligence, à la transparence de la création pour trouver son créateur. La religion chrétienne est une religion du logos : « Au commencement était le Verbe », c’est notre traduction de la première phrase de l’Evangile selon Saint Jean, qui sciemment renvoie au premier verset de la Bible, au récit de la Création par le Verbe. Mais « Verbe » (Logos) signifie au sens biblique également raison, avec sa puissance créatrice. Alors est-ce que le verset sur le commencement du monde compris dans ce sens est valable aujourd’hui encore ? Est-ce que l’Eglise peut encore aujourd’hui faire appel à la raison, renvoyer à la transparence de la création pour trouver son esprit créateur ? Il y a aujourd’hui une version matérialiste de la théorie de l’évolution qui se présente comme étant le dernier mot de la science et qui revendique d’avoir, par ses hypothèses, rendu l’esprit créateur superflu et l’avoir même exclu définitivement. Jacques Monod qui a élaboré cette vision avec une logique admirable a dit en parlant de sa théorie avec l’honnêteté qui le caractérise : « Le miracle a certes été expliqué, mais il reste pour nous un miracle ». Il cite ensuite le commentaire que François Mauriac a fait de ses thèses : « Ce que dit ce professeur est encore plus incroyable que ce que nous, pauvres chrétiens, nous croyons. » Et il ajoute : « C’est aussi vrai que le fait que nous ne réussissons pas à nous faire une représentation intellectuellement satisfaisante de certaines abstractions de la physique moderne. Mais nous savons également que de telles difficultés ne peuvent servir d’argument contre une théorie qui a pour elle les certitudes de l’expérience et de la logique. » Alors il convient de poursuivre le questionnement : de quelle logique ? Je ne peux et ne veux pas ici rentrer dans la polémique, je dirai simplement que la foi n’aucune raison de s’effacer : Si on opte pou dire que le monde est né de la raison et non d’un coup de folie, si cette option peut aujourd’hui encore être défendue raisonnablement, cela doit il est vrai être confronté aux véritables connaissances des sciences naturelles. C’est une mission de l’Eglise d’aujourd’hui, de relancer le débat sur la raison de la foi ou de l’incroyance. La foi n’est pas ennemie de la raison, mais elle défend sa grandeur comme le Pape l’a exposé avec passion dans son encyclique Foi et raison. Lutter pour la nouvelle présence de l’intelligence de la foi c’est la mission urgente que je vois de l’Eglise dans notre siècle. La foi ne doit pas se replier sur elle, dans sa coquille, par une décision qui n’est plus justifiée, elle ne doit pas se ratatiner dans une sorte de système de symboles, dans lequel on s’enferme et qui resterait finalement un choix accidentel parmi d’autres visions de la vie et du monde. La foi a besoin du large espace de la raison, a besoin d’ouverture, elle a besoin de professer le Dieu créateur, car sans cette profession de foi la christologie elle même se dessèche, elle ne parle alors plus qu’indirectement de Dieu en se référant à une expérience religieuse particulière qui est, par la force des choses, limitée et est une expérience parmi d’autres.

L’appel à la raison est une grande tâche de l’Eglise, justement aujourd’hui car là où la foi et la raison se divisent, les deux en pâtissent. La raison devient froide et perd ses critères, elle devient cruelle parce qu’elle n’a plus rien au dessus d’elle. L’entendement limité de l’homme décide alors seul comment poursuivre la création, décide seul qui a droit de vivre et qui est exclu de la table de la vie : la voie de l’enfer, nous l’avons vu, est alors ouverte. Mais la foi aussi tombe malade sans le vaste espace de la raison. Et les graves dégâts qui peuvent venir d’une religiosité malade nous les voyons suffisamment de nos jours. Ce n’est pas pour rien si dans l’Apocalypse la religion malade qui a rompu avec la grandeur de la foi en la création est présentée comme le véritable pouvoir de l’Anti-Christ.

Ce qui reste vrai bien sûr c’est le fait que la révélation de la création à laquelle Paul renvoie dans le discours devant l’Aréopage et dans l’Epître aux Romains ne suffit pas à elle seule à mettre l’homme vraiment en lien avec Dieu. Dieu est allé au devant de l’homme. Il lui a montré son visage, il lui a ouvert son cœur « Nul n’a jamais vu Dieu. Le Fils unique qui est tourné vers le sein du Père lui l’a fait connaître » dit l’Evangile de Jean (Jean 1 18). Cette nouvelle, l’Eglise a à la transmettre. Elle doit amener les hommes au Christ, le Christ aux hommes afin que Dieu vienne vers eux et eux vers Dieu. Le Christ n’est pas un quelconque grand homme avec une profonde expérience religieuse, il est Dieu, Dieu fait homme pour qu’il y ait un pont entre l’homme et Dieu et que l’homme puisse vraiment l’être lui même. Celui qui voit en Christ seulement un grand homme juste ne le connaît pas vraiment. Le chemin du Christ et au Christ doit aboutir là où aboutit l’Evangile de Marc, avec l’aveu de l’officier romain devant le crucifié : « Vraiment, cet homme était le fils de Dieu » (15,39). Il doit aboutir là où aboutit l’Evangile de Jean, dans l’aveu de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu » (20,28). Il lui faut parcourir le grand arc que l’Evangile de Mathieu tend depuis le récit de l’annonciation jusqu’à l’envoi en mission du ressuscité. Dans le récit de l’annonciation Jésus est annoncé comme « Dieu avec nous » (1,23). Et le dernier mot de l’Evangile reprend cette nouvelle : « Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (28,19). Pour connaître le Christ on doit suivre le chemin que les Evangiles nous montrent.

La grande et principale tâche de l’Eglise c’est aujourd’hui, comme cela a toujours été, de montrer le chemin et d’en offrir l’accompagnement. J’ai dit précédemment que Dieu on ne le connaît pas seulement avec l’entendement mais à la fois avec sa volonté et avec son cœur. C’est pourquoi la connaissance de Dieu, la connaissance du Christ est un chemin, dans lequel tout notre être est engagé. La plus belle représentation de notre pèlerinage terrestre c’est Luc qui la donne dans le récit des disciples d’Emmaüs. C’est une marche aux côtés de la Parole vivante du Christ, qui nous explique les Ecritures, la Bible, la fait devenir chemin sur lequel le coeur devient brûlant et à la fin les yeux s’ouvrent : l’Ecriture, l’arbre véritable de la connaissance, nous ouvre les yeux quand nous mangeons en même temps l’arbre de la vie, le Christ. Alors nous devenons vraiment voyants, et c’est alors que nous vivons vraiment. Trois composantes sur ce chemin : la communauté des disciples, l’Ecriture et la présence vivante du Christ. Ainsi ce chemin des disciples d’Emmaüs est en même temps une description de l’Eglise - une description qui est comme le mûrissement de la connaissance progressive de Dieu. Cette connaissance devient communion réciproque elle aboutit à la fraction du pain dans laquelle l’homme est l’invité de Dieu et Dieu invite l’homme. Le Christ - cela devient clair ici - on ne peut l’avoir pour soi seul. Il ne nous mène pas seulement à Dieu mais l’un à l’autre. C’est pourquoi le Christ et l’Eglise forment un tout, comme l’Eglise et la Bible vont ensemble. Réaliser cette grande communion dans chacune des communautés à l’échelle de l’évêché, de la paroisse, des mouvements d’église fut, est, sera toujours la mission centrale de l’Eglise. Elle doit être perçue comme accompagnement de nos soucis, de la parole de Dieu et du Christ, et nous mener au don du sacrement qui doit anticiper les noces de Dieu avec l’humanité.

Revenons sur les réflexions faites jusqu’ici, nous pouvons alors dire : la question du Christ n’est en fait pas une question en soi, une deuxième question à côté de la question de Dieu mais c’est la façon dont le problème de Dieu s’incarne pour nous, nous tient pour ainsi dire au corps et pénètre notre âme. Et l’Eglise à nouveau n’est pas un troisième problème en soi mais il se fond dans le problème du Christ : L’Eglise est accompagnement sur la route avec lui et vers lui et nous ne la comprendrons que si elle reste dans son rôle de service. Et alors nous pourrons l’aimer vraiment comme on aime un compagnon de route. Maintenant il faudrait développer de plus près ce qui permet dans le détail ce pèlerinage terrestre. Là dessus le Pape dans sa lettre apostolique novo millenio ineunte a dit l’essentiel et je voudrais donc dans cette partie de conclusion sur mes réflexions me contenter de quelques remarques. Le Pape parle en détail dans ce texte de l’importance de la prière qui fait du chrétien un chrétien. Dans la prière, dit il, nous faisons l’expérience de la primauté de la grâce : Dieu nous devance toujours. Le christianisme n’est pas moralisme, quelque chose de fait par nous. Dieu d’abord va vers nous, puis nous pouvons aller avec lui, alors nos forces intérieures sont libres. Et la prière, poursuit-il, nous fait vivre la primauté du Christ, la primauté de l’intériorité et de la sainteté. Le Pape ajoute à cet endroit une question qui mérite réflexion : « Là où ce principe n’est pas respecté on n’a pas à s’étonner si les projets pastoraux échouent et s’il reste à l’intérieur un sentiment de frustration et d’affliction (38) » La primauté de l’intériorité nous devons la réapprendre et la mettre au dessus de tout notre activisme - la composante mystique du christianisme doit retrouver vigueur.

De la prière personnelle le Pape passe de façon tout à fait logique à la prière communautaire liturgique, avant tout à l’eucharistie du dimanche. Le dimanche comme jour de résurrection et l’eucharistie comme rencontre avec le ressuscité font un tout. Le temps a besoin de son rythme interne. Il a besoin d’allier le quotidien de notre travail et la rencontre festive avec le Christ dans l’église, dans le sacrement. Redécouvrir le dimanche, le pape voit là à juste titre une tâche pastorale de premier rang. Le temps retrouve donc sa logique interne. Dieu devient à nouveau le point de départ et d’arrivée du temps. En même temps le dimanche est aussi le jour de la communauté humaine, le jour de la cellule familiale et le jour où la grande famille, la famille de Dieu se forme dans l’église et où l’église vit réellement. Quand on ne vit l’église qu’à travers les réunions et la paperasse on ne la connaît pas. Elle devient sujet d’agacement parce que ou bien elle devient objet de notre propre agir ou bien elle apparaît comme quelques chose d’imposé, d’étranger. De l’intérieur nous ne connaissons l’église que lorsque nous faisons l’expérience de son propre dépassement, lorsque le Seigneur entre en elle et qu’elle en fait sa maison et que nous sommes du coup ses frères et sœurs. C’est pourquoi la fête sacrée de l’eucharistie est si importante, et que le dépouillement de l’église doit y apparaître. La liturgie nous ne la faisons pas nous mêmes. Nous n’inventons pas quelques chose du type des comités de fête laïque, ou des présentateurs télé. Le Seigneur vient. La liturgie a grandi, depuis le Christ et les apôtres, dans la foi de l’église, nous entrons en elle, nous ne la faisons pas. De cette façon seulement on peut parler de fête et la fête comme anticipation de la liberté future est indispensable à l’homme. On pourrait même dire c’est le devoir de l’Eglise de nous offrir de vivre cette fête. La fête est née dans toute l’histoire de l’humanité comme événement cultuel et elle est impensable sans la présence du divin. C’est là qu’elle trouve sa vraie grandeur, là où réellement Dieu devient notre invité et nous invite à son repas.

Je voudrais mentionner encore deux points

Le Pape va de la liturgie dominicale au sacrement de la réconciliation. Aucun sacrement ne nous a été aussi étranger dans ces dernières décennies que celui là. Et pourtant qui n’aurait pas conscience que nous avons besoin de réconciliation, que le pardon, la purification intérieure sont indispensables ? entre temps nous avons recours à la psychothérapie et à la psychanalyse : leur rôle et leurs capacités ne sont pas contestées. Mais sans la parole qui vient de Dieu de miséricorde nos tentatives de réparer notre âme malade sont insuffisantes. Cela mène à un deuxième point : j’avais dit que pour reconnaître Dieu tout l’homme est nécessaire, son entendement, sa volonté, son cœur. Pratiquement cela signifie que nous ne pouvons pas connaître Dieu si nous ne sommes pas prêts à nous laisser guider par sa volonté et si nous ne le prenons pas comme critère et orientation pour notre vie. Cela signifie encore plus concrètement : Pour vivre un chemin de foi sur la route qui mène à Dieu la vie doit suivre les commandements. Ce n’est pas une décision étrangère, imposée à l’homme. Parce que nous serons en accord avec la volonté de Dieu notre ressemblance à Dieu s’accomplira et nous deviendrons ce que nous sommes : image de Dieu. Et parce que Dieu est amour, les commandements dans lesquels sa volonté se manifeste sont les variations essentielles du seul et même thème : l’amour. Ils sont les règles concrètes de l’amour en Dieu, du prochain, de la création et de nous mêmes. Et parce que à nouveau dans le Christ réside tout le Oui à la volonté de Dieu, qu’en lui est l’image de sa grandeur, la vie selon l’amour et la volonté du successeur de Dieu, le Christ, est abandon à lui et marche avec lui. Renvoyer aux commandements a été ces dernières décennies étouffé dans l’Eglise, tant monte le soupçon de réglementation et de moralisme. En effet prendre à la lettre les commandements reste une démarche extérieure quand elle n’est pas éclairée par Dieu qui vit à l’intérieur de nous et par le Christ qui nous précède. Cela reste sur le plan de la morale quand cela n’est pas vu à la lumière de la grâce du pardon. Israël était fier de connaître la volonté de Dieu et ainsi de savoir le chemin de la vie. Le psaume 119 est dans son intégralité une nouvelle éclosion de reconnaissance et de joie, celle de connaître la volonté de Dieu. Nous connaissons cette volonté devenue chair en Jésus-Christ : elle est chemin tracé et miséricorde, accueil et guide continuels.

Ne devrions-nous pas retrouver la joie au milieu d’un monde troublé et sombre ? Raviver sans arrêt la joie que Dieu procure, la joie de sa révélation, raviver cette amitié avec Dieu, me semble être une tâche urgente de l’Eglise en notre siècle. C’est justement pour nous que valent les mots prononcés par le prêtre Esdras au peuple d’Israël qui manquait de courage après l’Exil : « La joie dans notre Seigneur est notre force ».(Neh 8,10).

Je voudrais conclure avec l’image de la Divine Comédie de Dante. Nous étions partis de la descente aux enfers, dans un monde sans Dieu. Le monde de la purification, le chemin vers Dieu. Dante le décrit comme l’ascension d’une montage. Ce cheminement extérieur devient le symbole du cheminement intérieur vers la véritable hauteur, la hauteur divine. L’ascension est d’abord infiniment difficile pour l’homme lié à la terre. Dans la représentation poétique de Dante un ange éteint après la première étape de sa route, le signe de fierté sur le front du grimpeur et voici qu’en poursuivant sa route il a un sentiment étrange : alors que nous escaladions les roches sacrées, c’est comme si j’étais libéré d’une grande chose. Et je m’exprimai ainsi : Maître, dis je, quelle est cette lourde charge qui s’est détachée de moi, pour que je n’ai plus de peine à marcher ? » (II 12, 115-120). Se libérer de sa fierté aide au dépassement de la difficulté. Nos pensées, comme l’orgueil, l’avarice, l’ambition ou tout ce qui habite de sombre et de mauvais notre âme, sont les poids qui nous empêchent de grimper, qui nous rendent incapables d’atteindre la hauteur : « plus l’homme devient pur, plus il est de la famille de l’être suprême. Que son poids diminue et sa force pour grimper croît .... La liberté grandit, elle est parfaite quand la volonté fait un avec l’exigence ». (R. Guardini, L’ange dans la Divine Comédie de Dante, 1995, page 48). Ce qui est support de notre foi et que nous appelons Eglise doit être une communauté qui se hisse vers les hauteurs, communauté dans laquelle toutes nos purifications s’accomplissent, une communauté qui nous rend capable d’atteindre la vraie hauteur de l’humanité, d’être en communion avec Dieu. Dans la mesure de cette purification, l’ascension qui est au départ si pénible mène visiblement à la joie. Cette joie doit de plus en plus émaner de l’Eglise dans le monde."