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St Jeanne Delanoue - Sainte Jeanne de la Croix

Foundress of the 'Servantes des pauvres de Jeanne Delanoue' (named originally Congregation of St Anne of Providence)
Born on 18 June 1666 in Saumur, France
Died on 17 August 1736 in Fencet, France
Beatified on 5 November 1947 by Pope Pius XII
Canonized (along with Marguerite Bourgeoys) on 31 October 1982 by Pope St John Paul II
Today her congregation serves the poor in France, Madagascar & Sumatra
Feast day - 17 August

Homélie du Pape St Jean-Paul II a la Canonisation de Jeanne Delanoue et Marguerite Bourgeoys
dimanche 31 octobre 1982 - in French, Italian & Portuguese

"Cari fratelli e sorelle!
1. “Venite, vedete tutte le opere che Dio ha fatto” (Cantus ad introitum).

Celebriamo oggi ciò che lo Spirito di Dio ha realizzato in Margherita Bourgeoys e in Giovanna Delanoue, vissute circa tre secoli fa. Già il mio predecessore Pio XII le aveva dichiarate “Beate” in base alla eroicità delle loro virtù. Iscrivendole oggi nel numero dei “Santi”, con la certezza e l’autorità che caratterizzano il rito della canonizzazione, noi le proponiamo come esempio non più soltanto alle loro diocesi di Troyes, di Angers, alla città di Saumur o alle due Congregazioni da esse fondate, ma all’insieme della Chiesa, invitando tutti i cristiani ad onorarle come Sante e a ricorrere alla loro intercessione.

Questo dunque è un giorno di gioia e di fierezza per i loro connazionali francesi e canadesi, qui rappresentati da delegazioni importanti. Li saluto tutti cordialmente. Ma questo è soprattutto un giorno di ringraziamento a Dio da parte della Chiesa universale. In questo giorno, che coincide felicemente con la vigilia della solennità di Tutti i Santi, è rafforzata la nostra speranza nella vita eterna, alla quale partecipano in cielo santa Margherita Bourgeoys e santa Giovanna Delanoue, ripiene della presenza di Dio che è Amore. E la nostra vita quotidiana su questa terra è stimolata dal modo con cui esse hanno risposto alla chiamata di questo Amore. Esse lo hanno fatto in forma autentica, cioè del tutto incarnata nel contesto della loro epoca. Ciò che importa, più che imitarle alla lettera, e di imitare con esse Gesù Cristo. Ma le loro intuizioni, ispirate dallo stesso Spirito Santo, restano per noi e per il mondo d’oggi delle preziose indicazioni.

2. Pour comprendre la vocation des deux saintes, une première clé nous est fournie par l’Evangile de cette messe. “Marie se mit en route rapidement ... salua Elisabeth ... Alors Elisabeth fut remplie de l’Esprit Saint et s’écria ...: “L’enfant a tressailli d’allégresse au dedans de moi. Heureuse celle qui a cru””!

C’est bien l’Esprit Saint qui a opéré un changement subit et décisif en chacune des deux nouvelles saintes, quand elles atteignaient l’âge adulte, vingt ans et vingt-sept ans, et cela dans le contexte d’une prière à la Vierge Marie. Pour Marguerite Bourgeoys, c’était en la fête de Notre-Dame du Rosaire, et dès lors, durant toute sa vie, la Vierge a soutenu intérieurement ses initiatives risquées: “Va, je ne t’abandonnerai pas.” Si Marguerite se lance alors dans une vie missionnaire, qui sera une “vie voyagère” gravitant précisément autour de la “Ville-Marie” du nouveau monde canadien, elle imite la Vierge de la Visitation qui apportait à Elisabeth et à Jean-Baptiste, à la mère et au fils, avec les services humains de sa charité, le don divin qu’elle portait en elle, pour les sanctifier. La première chapelle qu’elle fait construire est dédiée à Notre-Dame du Bon Secours, et sa Congrégation le sera à Notre-Dame. De même, la “conversion” de Jeanne Delanoue, survenue dans le temps de Pentecôte, est inséparable du sanctuaire Notre-Dame des Ardilliers, à Saumur, dont une fervente et pauvre pèlerine, Françoise Souchet, lui transmet des exhortations dans lesquelles Jeanne reconnaît l’appel de l’Esprit de charité. Jeanne Delanoue gardera une familiarité mystique avec la Vierge Marie. Et l’exemple du jeune Père Grignion de Montfort ne pouvait que l’encourager dans cette voie.

Certes, la grâce tombait dans un bon terrain; il s’agissait de jeunes filles élevées par des familles sérieuses, besogneuses, bien chrétiennes; mais l’Esprit Saint, par la Vierge Marie, introduit en elles, sans jamais leur enlever une vision réaliste des choses, comme une folie de l’amour, qui sera l’épanouissement de leur grâce de baptisées à un degré extrême. “Heureuses, celles qui ont cru”!

Arrêtons-nous maintenant à un trait spécifique de leur apostolat.

...

4. Sainte Jeanne Delanoue, la dernière de douze enfants, est venue elle aussi au secours des familles, mais ce fut dans le contexte de sa ville de Saumur, en cette fin du XVIIe siècle marquée par de grandes difficultés matérielles et sociales, aggravées par les famines, les mauvaises récoltes, les hivers rigoureux. On retiendra surtout son aide efficace aux plus pauvres. Elle qu’on connaissait surtout comme une commerçante prudente et intéressée, elle devint soudain “une très grande prodigue en la charité”, quand l’Esprit Saint, éteignant “le feu de son avarice”, lui fit comprendre que sa foi ardente requérait aussi “le feu de cette charité”, en lui découvrant l’étendue de la pauvreté. Le livre d’Isaïe nous disait à l’instant: “Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtements, ne te dérobe pas à ton semblable”.

C’est ce que réalise à la lettre Jeanne Delanoue: elle visite ceux qui vivent comme des bêtes dans les étables creusées dans le coteau, leur porte nourriture et vêtements, lave leurs habits et leur donne au besoin les siens, se met en peine de chauffer ces abris précaires, distribue largement à ceux qui passent, commence à les accueillir dans son propre logement, puis aménage successivement trois maisons qu’on lui prête et qu’elle nomme “Providences”, pour y recevoir des enfants orphelins, des jeunes filles livrées à elles-mêmes, des femmes dans la détresse, des vieillards, des indigents de toute sorte, saisis par la faim et le froid, bref tous ceux qui pourraient lui dire au jour du jugement: j’avais faim, soif, j’étais nu, malade, sans abri. Elle n’aime pas faire de distinction entre les pauvres méritants ou non. Elle les secourt tous, mais elle veut aussi les faire participer aux travaux, apprendre un métier aux enfants et aux jeunes filles.

Bien plus, Jeanne Delanoue fait l’expérience des humiliations des pauvres, se risquant parfois à mendier elle-même, prenant une nourriture souvent pire que la leur, sans compter ses jeûnes continuels, ses nuits écourtées et inconfortables. Elle veut que ses Sœurs partagent la même maison que les pauvres, mangent comme eux, soient traitées comme eux en cas de maladie, et vêtues d’un humble habit gris. Quant à ses pauvres, elle sait les entourer de tendresse, parfois leur procurer des repas de fête, exige que ses Sœurs les saluent avec respect, en les servant avant elles.

Les bourgeois de sa ville, des prêtres même, critiqueront ses austérités “excessives” et ses charités “désordonnées”. Mais rien ne l’arrêtera, pas même l’effondrement de son premier logis d’accueil: “Je veux vivre et mourir avec mes chers frères les Pauvres”.

D’autres initiatives, comme celles nées de la charité de saint Vincent de Paul, s’étaient déjà répandues en France. Mais à l’époque, Saumur manquait encore d’hospice et Jeanne Delanoue voulait créer un grand service de charité pour les indigents et les malades abandonnés à eux-mêmes, organiser leur visite, et éventuellement ouvrir de petites écoles pour leurs enfants. En son temps, avec les moyens à sa disposition, elle entendait remédier à la pauvreté et au vagabondage. Son exemple ne manquera pas d’interpeller aussi notre monde moderne. Tant de pays vivent dans une grande pauvreté! Et même les nations industrialisées n’échappent pas aux soucis matériels; elles ont leurs pauvres, de toute sorte. On s’attachera peut-être davantage aujourd’hui à détecter les causes de ces misères, à créer des conditions plus justes pour tous, à établir des mesures de prévoyance, à aider les pauvres à se prendre eux-mêmes en charge sans se laisser seulement assister. Mais l’attention aux indigents, l’amour des pauvres, le secours immédiat et efficace demeurent aussi fondamentaux pour remédier à la dureté que connaît notre monde.

C’est à ce prix, dit Isaïe, que la “lumière se lèvera dans les ténèbres”.

Enfin, lorsque nous proclamons la sainteté de Jeanne Delanoue, il importe de chercher à comprendre le secret spirituel de son dévouement hors pair. Il ne semble pas que son tempérament la portait vers les pauvres par sentimentalisme ou par pitié. Mais, l’Esprit Saint lui fit voir le Christ dans ces pauvres, le Christ-Enfant dans leurs enfants - elle avait une dévotion particulière envers Lui -, le Christ Ami des pauvres, le Christ lui-même humilié, crucifié. Et avec le Christ, elle voulait montrer aux pauvres la tendresse du Père. A ce Dieu, elle recourait avec une audace d’enfant, attendant tout de lui, de sa Providence, nom qui devait désigner ses maisons et sa fondation à l’origine: la Congrégation de Sainte-Anne de la Providence. Sa dévotion constante à Marie était inséparable de la Sainte Trinité. Le mystère eucharistique était aussi au cœur de sa vie. Tout cela était bien loin du jansénisme ambiant. Son attachement à l’Église la dissuadait de prendre de nouveaux chemins sans consulter ses confesseurs et l’Évêque du diocèse. Mais il serait bien insuffisant ici de parler d’une saine théologie, d’une riche spiritualité, héritée d’ailleurs du meilleur de l’Ecole française. Très vite Jeanne Delanoue a atteint, non seulement l’héroïcité des vertus évangéliques, celles du Sermon sur la montagne, mais aussi une profonde contemplation des personnes divines, avec des signes mystiques de la plus haute union à Dieu, selon la voie unitive, brûlant notamment d’amour pour Jésus, “son Époux”. C’est bien là que prennent leur inspiration et leur achèvement la “folie” de sa charité, l’audace de ses initiatives. Que l’Église d’aujourd’hui se garde de l’oublier: comme en ce XVIIe siècle finissant ou en ce début du XVIIIe, il n’y aura pas aujourd’hui de vraie réforme ni de mouvements féconds sans un authentique courant mystique!

5. Chers Frères et Sœurs, je vous laisse maintenant le soin de contempler vous-mêmes de plus près la vie admirable de ces deux saintes. On lisait dans le psaume: “Le Roi est séduit par sa beauté”. Oui, Dieu les a accueillies dans sa joie éternelle. Qu’elles intercèdent pour nous! Pour les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, qui poursuivent l’œuvre éducative et missionnaire de sainte Marguerite Bourgeoys auprès des jeunes et des familles, en tant de pays! Pour les Servantes des Pauvres, Sœurs de Jeanne Delanoue, qui continuent à aller aux pauvres, à les accueillir et à les aider en partageant leurs conditions de vie, afin de leur révéler la tendresse de Dieu! Pour tous ceux qui œuvrent à la promotion des familles et au service des indigents! Pour les communautés diocésaines des deux saintes, et pour l’Église entière, afin que, stimulée par une telle sainteté de vie, elle trace de nouveaux chemins de charité et de miséricorde!

Amen. Alléluia!"

Biography by the Vatican
- also in French

JEANNE DELANOUE was born in Saumur, in the valley of the Loire River, on June 18, 1666. She was the youngest in a family of twelve. Her parents owned a business near the sanctuary of Notre-Dame-des-Ardilliers. Although but six years of age when her father died, she helped her mother run the store in order to maintain the family. Her qualities were remarkable: she was skillful, energetic, and indefatigable, even to the point of keeping the store open on Sundays and holy days.

The future was hers. Her "business" was growing and prospering. It was precisely within this context of success that, at the age of 27, shortly after the death of her mother, an elderly woman, a faithful pilgrim to the shrine of NotreDame-des-Ardilliers, invited Jeanne to consecrate herself to the many poor people of her neighbourhood.

Despite the responsibilities she had accrued, in response to this call which she believed to have come from God, Jeanne turned toward the poor. They assumed more of her time each day than did her clients until finally they became her full-time occupation. Within a short time no longer did the poor await her visits to them, but they came to her. In 1700, she warmly welcomed a child into her home, and soon after she took in the sick, the aged, and the destitute.

With so many needing lodging, the only place for the poor were the grottos hollowed out in the tuff. She made them as comfortable as she could, however it was necessary for her to seek help. Within four years, in 1704, some young girls were interested in helping Jeanne and were even willing to wear a religious habit if she wished them to do so. It was thus that the congregation of Sainte-Anne de la Providence was born. Under this name the constitutions were approved in 1709.

Jeanne Delanoue's tenacity, supported by the dedicated women who worked with her, brought about the foundation of Saumur's first home for the poor (in 1715) - a home which King Louis XIV called for in 1672!

Very quickly her charity spread beyond the limits of Saumur and of her diocese. More than that, already there were forty helpers who were under her direction and who had made the decision to follow her example of self-sacrifice, of prayer, and of mortification.

At her death, August 17, 1736, Jeanne Delanoue left a dozen communities, as well as homes for the poor and schools. "The saint is dead", they said in Saumur.

Everyone could admire her zeal and the work she accomplished in the numerous visits she received and made, but only her closest friends knew about her mortification, her life of prayer and of union with God. It is from this that her untiring charity proceeded. She was attracted toward all those who suffer, but especially those who are poor-and God knows they were many during those sad years of want, of cold, of famine and of war.

The Sisters of Jeanne Delanoue, as they simply call themselves today, number about 400 sisters in France, in Madagascar, and in Sumatra, where they began in 1979.

On November 5, 1947 Pope Pius XII beatified Jeanne Delanoue. This October 31, 1982 Pope John Paul 11 singles out for the people of God yet another saint, Saint Jeanne Delanoue.