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St John Paul II's Apostolic Pilgrimage to Togo

8th - 10th August 1985

Pope St John Paul II was a pilgrim to Togo in 1985 on his 27th apostolic voyage, during which he also visited the Ivory Coast, Cameroon, Central African Republic, Zaire (now DR Congo), Kenya & Morocco.

After being welcomed to Togo, Pape Jean Paul II celebrated Mass in Lomé on his first day. After meeting with the President of Togo in Pya, John Paul II celebrated Mass with priestly ordinations in Kara on Friday 9 August. He then travelled to the Shrine of Our Lady of Lake Togo in Togoville, where he spoke with the other pilgrims before making an Act of consecration to the Virgin. Papa John Paul II also addressed the animists at the Shrine before visiting the Cathedral of Lomé dedicated to the Sacred Heart of Jesus. On the following morning Papa San Giovanni Paolo II bid a fond farewell to Togo from Lomé.

Discours du Pape Saint Jean-Paul II à la Cérémonie de Bienvenue
Aéroport International de Lomé-Tokoin, jeudi 8 août 1985 - in French & Italian

"Monsieur le Président, Chers Frères dans l’épiscopat, Chers Frères et Sœurs, chers amis,
1. Ma joie est grande et je rends grâce au Seigneur de me trouver aujourd’hui accueilli au Togo! Accueilli chaleureusement, comme sait le faire ce peuple hospitalier! Je sais que vous aviez une certaine impatience de voir le Pape chez vous, après sa visite aux deux pays voisins du Ghana et du Bénin, et à plusieurs autres communautés africaines. Moi aussi, j’étais impatient de vous rencontrer. Aujourd’hui, vous êtes le premier pays que je visite au cours de ce troisième voyage en Afrique. Il me conduira en six autres nations africaines et notamment au Kenya où je vais m’associer, avec des frères et sœurs catholiques du monde entier, au culte que nous rendons au Christ, présent dans le saint sacrement de l’Eucharistie. C’est Lui qui est le Chef invisible de l’Eglise. C’est Lui que nous adorons, que nous suivons, que nous servons dans tous nos frères humains.

L’étape du Togo inaugure ce grand périple missionnaire. Et je me réjouis de passer deux jours chez vous.

2. Je le dois aux invitations convergentes de Son Excellence le Président de la République et de la Conférence épiscopale.

Oui, Monsieur le Président, vous avez manifesté votre disponibilité à me recevoir dès que vous avez rencontré le premier Pro-Nonce Apostolique auprès du Togo, en janvier 1983. Je vous remercie de cette aimable invitation, que vous avez renouvelée depuis lors, et je suis touché de l’accueil que vous m’avez préparé aujourd’hui, de la confiance que vous me faites, et de toutes les dispositions que vous avez prises pour assurer le bon déroulement de ce voyage en plusieurs lieux de votre pays, du sud au nord.

Les évêques, à plusieurs reprises, notamment par la voix de Monseigneur Robert Casimir Dosseh Anyron, m’avaient exprimé le désir de cette visite pastorale, lors de leur venue à Rome.

3. Votre pays a accédé à l’indépendance civile voilà vingt-cinq ans. C’était pour lui une étape importante, exigeante mais nécessaire, pour prendre en mains son destin et pour jouer son rôle sur le plan international. Mais je n’oublie pas qu’il est l’héritier de dynasties prestigieuses et remarquablement structurées, remontant au moins à quatre ou cinq siècles. Votre passé est tissé de gloire et aussi de souffrances. Vous ne voulez pas perdre le bénéfice de la sagesse de votre culture ancestrale et d’autre part vous ne voulez pas manquer non plus l’ouverture aux possibilités de développement que vous offre le monde moderne.

La cité de Lomé s’est justement rendue célèbre en servant de cadre à nombre de réunions régionales et internationales. Son nom est devenu le symbole de la rencontre Nord-Sud, entre les pays industrialisés de la Communauté européenne et les pays africains.

Je sais que je visite ici un peuple à la religiosité très spontanée, un peuple formé de beaucoup de jeunes avides d’apprendre, un peuple de gens qui travaillent souvent avec des moyens pauvres. Succédant à l’Apôtre Pierre, qui avait été choisi par Jésus parmi les pécheurs de Galilée pour être le Pasteur de son Eglise, je me trouve heureux au milieu de vous.

4. Ma visite pastorale s’adresse avant tout à ceux qui partagent pleinement ma foi catholique. Je viens d’embrasser la terre de votre pays. Toute terre est à Dieu, et toute terre est belle, qui est peuplée d’hommes créés à l’image de Dieu, et elle est sainte en quelque sorte, puisque Dieu établit son Alliance sainte avec ces hommes.

Je réalise aujourd’hui comme un pèlerinage à cette terre qui a reçu l’Evangile. Je refais, dans des conditions faciles et sympathiques, la démarche humble et courageuse qui était celle des cinq premiers missionnaires de la Société du Verbe divin, envoyés par le bienheureux Arnold Janssen, leur fondateur, le 27 août 1892. A partir d’eux, et de bien d’autres disciples du Christ, hommes et femmes, la Parole de Dieu s’est répandue ici, a été accueillie, a produit ses fruits. Et aujourd’hui, moins de cent ans après, je viens admirer les fruits de cette évangélisation. Je rencontre une communauté catholique bien africaine, forte en nombre et en vitalité. Dieu soit loué!

5. C’est le Pape Léon XIII qui, en 1887, avait demandé à la Société du Verbe divin d’entreprendre cette évangélisation, et c’est le Saint-Siège qui, cinq années plus tard, avait établi la Préfecture Apostolique du Togo. Le successeur de Pierre ne peut demeurer indifférent lorsqu’un pays entier n’a pas eu la grâce d’entendre la Bonne Nouvelle de Jésus, pour pouvoir y adhérer librement.

Aujourd’hui, l’Evêque de Rome vous rend visite, comme Pierre et Paul visitaient les premières communautés chrétiennes, où parfois ils n’avaient ni semé ni arrosé. Chers Frères et Sœurs, je viens recevoir le témoignage de votre Eglise, prier avec vous, affermir votre foi et resserrer vos liens avec l’Eglise universelle. Selon le thème de vos réunions préparatoires, je vous donne l’occasion de “faire Eglise avec Pierre”.

Les Eglises en Afrique, remarquables par leur jeunesse, arrivent à un stade où leur foi doit mûrir et porter des fruits authentiquement africains et authentiquement chrétiens. Nous approfondirons ce problème.

6. Dans ce pays, je rencontre également des frères protestants qui ont donné eux aussi leur foi au Christ Sauveur. Je rencontre des adorateurs du Tout-Puissant et miséricordieux selon la religion musulmane. Je rencontre un grand nombre de gens qui expriment leur sentiment religieux dans le cadre des religions traditionnelles. Je les salue tous de grand cœur. Chers amis, le Pape vient à vous avant tout comme un homme religieux, un serviteur de Jésus Christ; il vient à vous avec des souhaits de paix, espérant promouvoir en ce pays l’attachement au Dieu vivant et l’amour fraternel qui est sa loi.

Que Dieu bénisse mon ministère au milieu de vous! Qu’il vous bénisse chacun, selon vos besoins! Qu’il bénisse ce cher pays du Togo!"

Homélie du Pape Saint Jean-Paul II à la Messe à Lomé
Jeudi, 8 août 1985 - in French & Italian

1. “Nous sommes le peuple que le Seigneur conduit de sa main” (cf Ps 100 (99), 3).

"Aujourd'hui, au cours de cette liturgie eucharistique solennelle, vous tous, chers Frères et Sœurs, fils et filles de ce pays du Togo, réunis en votre capitale, vous désirez d’abord proclamer devant Dieu et devant les hommes: oui, nous sommes le peuple que le Seigneur conduit de sa main.

Aujourd’hui, vous faites cette profession de foi, en exprimant ce qui est au cœur même de votre foi: la joie d’être le peuple de Dieu, la confiance d’être guidés par lui, par le Bon Pasteur.

Et vous le faites sous la conduite de ceux qui sont vos Pères et Pasteurs visibles dans l’Eglise au Togo, vos évêques, en bénéficiant du ministère de vos prêtres, appuyés sur le témoignage de vos religieux et religieuses, de vos catéchistes, et, ce soir, pour la première fois dans l’histoire de votre pays, en présence du successeur de l’Apôtre Pierre qui vient vous visiter pour confirmer votre foi, resserrer votre unité et encourager le renouveau chrétien auquel vous vous êtes préparés.

2. Dans ce pays, les hommes ont vécu des siècles, des millénaires, en utilisant au mieux les ressources de leur intelligence et de leur cœur pour organiser leur travail, leur vie familiale et sociale, leur gouvernement selon des structures adaptées et sous l’autorité de chefs expérimentés et respectés. Leur sens religieux semble avoir toujours marqué profondément leur vie. Puis est venue l’heure de liens politiques avec des pays d’Europe.

Mais l’événement qui a fait que vous êtes ici ce soir, pour célébrer Jésus-Christ, c’est l’évangélisation qui a commencé il v a moins d’un siècle avec les missionnaires de la Société du Verbe Divin, puis avec ceux des Missions Africaines de Lyon, et qui a été poursuivie jusqu’à nos jours avec l’aide de plusieurs congrégations de religieux et religieuses. Ce soir, nous faisons mémoire de ces générations de missionnaires qui n’ont eu en vue que l’ordre de Notre Seigneur: “Allez, enseignez toutes les nations”, et votre bien à vous: vous offrir la possibilité de devenir comme eux des disciples du Christ, de recevoir le salut qu’Il nous apporte.

Honneur et reconnaissance aussi aux familles togolaises qui ont volontiers accueilli le christianisme, au point de former un peuple de chrétiens déjà très nombreux, avec des prêtres et des évêques togolais qui prennent en main l’animation des diocèses. Je salue ici les diocésains de Lomé, avec leur Archevêque, Monseigneur Robert Casimir Dosseh-Anyron, que je remercie de son accueil; et les autres chrétiens de la région côtière, des plateaux et des savanes où se situent les diocèses d’Atakpamé, de Sokodé et de Dapaong. Je salue aussi cordialement les chrétiens des pays voisins, notamment les évêques du Bénin avec une forte délégation de fidèles: je sais, chers amis, que l’histoire religieuse de votre pays est profondément liée à celle du Togo. Je salue de même les chrétiens du Ghana avec leurs Pasteurs. Je me souviens avec joie de l’accueil de ces deux peuples lors de ma visite pastorale.

Tous, je vous invite à rendre grâce à Dieu, car c’est lui qui a disposé les cœurs à prêcher ou à accueillir la Bonne Nouvelle.

“Reconnaissez que le Seigneur est Dieu. / Il nous a faits et nous sommes à lui, / nous son peuple, son troupeau” (Ps. 100 (99), 3).

Alléluia, alléluia!

3. Une Bonne Nouvelle, oui! Par Jésus-Christ, par son Evangile, il vous a été donné de connaître le vrai Dieu, tel qu’il a voulu se révéler aux hommes par les prophètes et par son Fils bien-aimé. Bien souvent les religions traditionnelles vous donnaient déjà le sens de son existence, vous inclinaient au respect pour lui, à un respect craintif, mais généralement pas à l’amour, à un certain culte de lui, mais souvent dans l’incertitude de savoir ce qu’il convenait d’offrir à ce Dieu considéré comme lointain. Le Dieu qui vous a été annoncé par l’Eglise est à la fois notre Créateur et notre Père. Vous l’avez découvert et vous le connaissez désormais comme Celui qui a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, non pour condamner ce monde, mais pour le sauver. Et Jésus-Christ, qui est l’image parfaite du Père, dans une humanité semblable à la notre, s’est manifesté comme l’Amour: “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis” (Io. 15, 13). Vous savez, en effet, que le Christ a donné sa vie pour nous: “Le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux” (2 Cor. 5, 15). Oui, vraiment, cet amour “nous saisit”, car, par là, nous sont révélés les desseins insondables du l’ère, du Fils et du Saint-Esprit à l’égard des hommes qu’ils associent à leur vie divine, et nous découvrons en même temps la dignité unique que l’homme, que tout homme, a aux yeux de Dieu.

4. Cette bienveillance de Dieu pour vous, chers Frères et Sœurs, qui a toujours existé mais dont vous êtes devenus davantage conscients en croyant au message chrétien, n’est pas une réalité abstraite, lointaine, anonyme. L’amour de Dieu s’est étendu à chacun de ceux qui l’ont accueilli par la foi, qui ont accepté le baptême, au prix d’un catéchuménat exigeant. Alors, vraiment, vous êtes devenus pour le Christ des “amis” (Cfr. Io. 15, 15), des frères et des sœurs (Cfr. Marc. 3, 35). Vous êtes devenus avec Lui des fils et des filles de Dieu par adoption. Vous êtes devenus la demeure de l’Esprit Saint qui est en vous et agit en vous. Vous êtes devenus des membres actifs de l’Eglise, qui est le Corps du Christ. Vous êtes, dit saint Paul, “passés par la mort”, c’est-à-dire, vous êtes morts au péché, soustraits à la mort éternelle. Vous avez reçu en vous - cachée mais réelle - la vie du Christ ressuscité. Votre vie est “centrée sur lui”, attachée à lui. Vous demeurez en lui, dans son amour: c’est Jésus lui-même qui nous l’a dit dans l’Evangile de ce jour. Et ce lien avec le Christ, si vous le voulez, ne cessera jamais, il subsistera et s’épanouira dans la vie éternelle. Et dès maintenant, en lui, vous pouvez porter beaucoup de fruit (Cfr. Io. 15, 5).

5. “Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie”, dit encore Jésus aux Apôtres (Cfr. ibid. 15, 11). Oui, réjouissez-vous et ne cessez jamais de rendre grâce!

Car il s’agit d’abord d’un don de Dieu, d’un choix gratuit, dont vous avez vous aussi bénéficié, chers chrétiens du Togo. “Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis” (Ibid. 15, 16). Vous, vous avez choisi de suivre le Christ, d’obéir à son Evangile, c’est vrai mais parce que lui-même vous a choisis. Il a voulu vous appeler, vous étiez dans son plan de salut, il a disposé votre cœur. L’Evangile est un don gratuit, une grâce. La foi, votre réponse de croyant, est une grâce.

6. A partir de cette grâce, c’est tout un renouveau qui peut être accompli, que vous devez accomplir, dans votre vie personnelle, familiale, culturelle, sociale, nationale, dans vos coutumes, dans vos institutions, dans tout le monde où vous vivez. “Si quelqu’un est en Jésus-Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né” (cf 2 Cor. 5, 17).

C’est un mystère très beau, ce renouvellement. Il est exprimé dans beaucoup de paroles de Jésus et des Apôtres, et par toute la Tradition de l’Eglise, jusqu’au récent Concile Vatican II. Jésus a comparé son Evangile à un vin nouveau, qui demandait des outres neuves, ou encore à un tissu neuf, qui ne pouvait être ajusté que sur un vêtement neuf (cf Mat 9, 16-17). Il est venu établir la nouvelle alliance en son sang (cf Luc 22, 5) qui exige et entraîne “un cœur nouveau”, “un esprit nouveau”, comme l’avait annoncé le prophète Ezéchiel (cf Ez. 36, 26). Jésus a parlé à Nicodème de nouvelle naissance (cf Jn 3, 5), par le baptême et par la Parole de Vérité (cf Iac. 1, 18).

A son tour, saint Paul a bien expliqué aux chrétiens d’Ephèse cette rénovation du disciple de Jésus: “Il s’agit, dit-il, de vous défaire de votre conduite d’autrefois, de l’homme ancien qui est en vous, corrompu par ses désirs trompeurs. Laissez-vous guider intérieurement par un esprit renouvelé. Adoptez le comportement de l’homme nouveau, créé saint et juste dans la vérité, à l’image de Dieu” (Eph. 4, 22-24). Et Paul énumère un certain nombre d’obstacles à rejeter: mensonge, colère, vol, paresse, mauvaises paroles, animosité, méchanceté.

Oui, toute l’œuvre de la Rédemption accomplie par Jésus est un renouveau des personnes, et par elles, du monde qui les entoure, de l’univers entier.

7. Frères et Sœurs, désirez-vous vraiment ce renouveau, dans le Christ, de votre mentalité, de votre vie, de vos coutumes? Peut-être certains le craignent-ils? Parce que la tendance humaine, bien compréhensible, est de s’attacher ou de retourner au passé, à ce qui est connu, familier, déjà vécu, le renouveau peut même sembler une indemnité au passé. En tout cas, il est une certaine aventure, il est un risque, et surtout il demande un certain renoncement, une certaine rupture. Et chacun mesure ses forces: en aurai-je le goût? le désir? en aurai-je le courage? la persévérance?

Chers amis, il ne faut pas raisonner ainsi. Si le Christ vous demande de le suivre, même sur un chemin exigeant, à travers une porte étroite (cf Mat 7, 14), c’est forcément pour un bien, un gain, un surcroît de vie. “Tu as les paroles de la vie éternelle” lui répondait saint Pierre (Jn 6, 68). Il faut lui faire confiance. Et ce n’est pas une simple décision de votre volonté, qui resterait faible. C’est l’Esprit Saint qui est en vous et qui vous attire vers le bien, vous donne la force, quand vous la lui demandez. “Tout ce qui vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera” (Jn 15, 16). Dieu vous propose un projet merveilleux: “Revêtir le Christ”!

8. Nous parlions d’une rupture. Vous l’avez promise au moment du baptême: “Je renonce au péché, à ce qui conduit au péché, à Satan, l’auteur du péché”. Mais vous avez ajouté aussitôt: “Je crois en Dieu le Père, je crois en Jésus-Christ, je crois en l’Esprit Saint”. Voilà celui qui vous attire, le Dieu trinitaire. L’important est de fixer votre regard sur lui, pour passer des ténèbres à sa lumière. Et dans la vie du baptisé, il faut souvent renouveler ce passage, sortir d’une situation de péché dans laquelle nous étions peut-être retombés, ou d’une vie chrétienne tiède, médiocre, où manquaient la prière, l’amour des autres, la pureté des rapports, la vérité’. N’est-ce pas ce que beaucoup d’entre vous ont fait ces dernières semaines, à l’appel de vos évêques, en préparation de cette rencontre? Vous avez suivi des missions populaires, vous avez pris conscience de vos péchés, de ce qui contredit la vie chrétienne. Vous avez voulu rompre avec des habitudes anciennes auxquelles vous étiez peut-être revenus. Vous avez confessé vos péchés, vous avez reçu le sacrement de réconciliation, vous avez fait des efforts de paix entre vous. Vous avez mis votre amour humain sous le signe du sacrement de mariage. Vous avez organisé des veillées de prière, des moments de jeune, de partage. Je vous félicite, chers amis. Voilà des actes de renouveau dans votre vie chrétienne personnelle. Il faudra souvent y revenir. Et je suis sur que vous goûtez déjà la paix et la joie. Demeurez dans l’amour du Seigneur!

9. A travers et au-delà de ces actes méritoires, le Seigneur veut opérer progressivement une profonde transformation des mentalités, au point qu’on puisse dire: voilà une famille chrétienne, voilà une communauté chrétienne, voilà une société chrétienne.

Le Concile Vatican II disait des catéchumènes - mais cela vaut pour tous -: “Sous l’action de la grâce de Dieu, le nouveau converti entreprend un itinéraire spirituel . . . Le passage, qui entraîne avec soi un changement progressif de la mentalité et des mœurs, doit devenir manifeste avec ses conséquences sociales . . . Comme le Seigneur en qui on croit est un signe de contradiction . . . il n’est pas rare que le converti fasse l’expérience de ruptures et de séparations, mais aussi connaisse les joies que Dieu donne sans les mesurer” (Ad Gentes, 13). Et mon prédécesseur Paul VI écrivait: “L’Eglise évangélise lorsque, par la seule puissance divine du message qu’elle proclame, elle cherche à convertir en même temps la conscience personnelle et collective des hommes, l’activité dans laquelle ils s’engagent, la vie et le milieu concrets qui sont les leurs” (Evangelii Nuntiandi, 18).

Cette transformation peut concerner certaines coutumes traditionnelles qui étaient les vôtres, ou qui sont les vôtres, dans ce pays. C’est un domaine délicat, difficile, car ces coutumes correspondent souvent à une longue expérience sociale, comportant des cotés positifs d’initiation à la vie, d’équilibre ou de cohésion sociale. Leur bouleversement peut susciter des résistances tenaces. Chaque coutume est à examiner prudemment, avec discernement, sans arracher prématurément le bon grain avec l’ivraie. Et pourtant, la nouveauté et la liberté de l’Evangile doivent faire leur œuvre en ce domaine. On peut s’attendre, on doit s’attendre à ce que la conscience des baptisés interroge ces coutumes, pour retenir ce qui est sain, juste, vrai, bénéfique, compatible avec la foi dans le Dieu unique, avec la charité de l’Evangile, avec l’idéal chrétien du mariage, et pour rompre, par contre, avec ce qui s’oppose à la révélation de Dieu et à la charité qu’il a diffusée dans nos cœurs, ou qui serait entaché de pratiques syncrétistes. Cela se fait - est-il besoin de le dire - dans le respect des personnes qui, en conscience, pensent devoir demeurer dans leurs habitudes traditionnelles. La charité chrétienne l’exige. Mais la vérité et la liberté chrétiennes peuvent inviter à prendre ses distances vis-à-vis de telles habitudes; cela demande du courage personnel, et de la cohésion dans la communauté chrétienne autour des prêtres. Il s’agit d’être authentiquement Africain et authentiquement chrétien, sans séparer l’un de l’autre, et sans craindre de témoigner en public de ses convictions. C’est ce qui s’est fait partout où l’Evangile a été prêché, partout où l’Eglise s’est implantée: à Corinthe, à Ephèse, à Rome, dans les jeunes nations européennes au haut Moyen Age, et aujourd’hui, chez vous.

10. D’une façon plus large, on pourrait en dire autant des divers aspects de la culture. Il y a un effort d’inculturation à poursuivre. Chaque pays africain, après avoir reçu la foi de pionniers méritants venus d’ailleurs, doit vivre l’Evangile avec sa sensibilité et ses qualités propres; il doit le traduire, non seulement dans sa langue, mais dans ses mœurs, en tenant compte des valeurs humaines de son patrimoine. Cela ne pourra se faire que par vous, évêques, prêtres, religieuses, laïcs togolais, à la mesure de votre propre maturation, avec un grand souci de fidélité à l’essentiel de la foi et de la discipline ecclésiastique de l’Eglise universelle. Cette œuvre magnifique, nécessaire, requiert à la fois l’audace et la prudence, l’intelligence et la fidélité, disons la sainteté d’apôtres tels que Cyrille et Méthode. Vous savez que, voilà onze siècles, venant de Byzance à la brillante culture grecque, ces deux prêtres ont apporté l’Evangile aux peuples slaves dont mon pays fait partie. Et ils ont contribué à susciter une nouvelle culture, slave et chrétienne. Je viens d’écrire une encyclique à leur suiez disant entre autres: “Dans leur œuvre d’évangélisation, on trouve un modèle de ce que l’on appelle aujourd’hui "l’inculturation": l’incarnation de l’Evangile dans les cultures autochtones, et en même temps l’introduction de ces cultures dans la vie de l’Eglise” (Slavorum Apostoli, 21, 1985).

11. L’esprit de renouveau chrétien doit encore s’exercer à l’égard de ce qu’apportent, chez vous, les civilisations modernes des pays développés. Il s’agit souvent de merveilleuses réussites techniques qui peuvent être utilisées pour le bien économique, sanitaire ou culturel du pays; mais vous voyez apparaître aussi les limites de la mentalité qui souvent les accompagne, par exemple: la tentation de réduire l’homme à la matière, l’amour humain au plaisir égotiste, la liberté au caprice, l’autonomie de l’esprit à l’oubli ou au rejet de Dieu. L’accueil de toutes ces possibilités, parfois ambiguës, vous demande là aussi beaucoup de discernement et de courage. Je pense que les textes du Concile Vatican II vous apportent une lumière pour tracer votre chemin au milieu de ces réalités nouvelles, joignant “l’aggiornamento” opportun à la fidélité à l’essentiel.

12. En tenant compte de ces différents domaines, sur quel point précis peut porter le renouveau moral qu’appelle votre foi? Je ne peux que les évoquer, vous laissant le soin d’y réfléchir avec vos évêques, vos prêtres, vos catéchistes.

Globalement, ce sera toujours dans le sens de l’amour fraternel. Le Christ nous a donné “un commandement nouveau”, son commandement, nous aimer les uns les autres, comme il nous a aimés (cf Jn 13, 34; 15, 12). Aimer, dans votre entourage, c’est regarder l’autre avec respect, c’est le supporter malgré ses défauts, c’est faire taire l’animosité, la haine à son égard, c’est lui pardonner, partager avec lui lorsqu’il est dans le besoin, affamé, sans toit, en prison, malade, étranger. Aimer, c’est s’ouvrir aux autres, dans un esprit de paix et de coopération, au-delà des frontières de son groupe, de sa tribu, de sa nation.

Vous êtes appelés également à un “amour social”, c’est-à-dire à travailler pour le bien commun de la nation, à prendre votre part de responsabilité dans la vie sociale, pour y promouvoir toujours plus de justice, plus de concorde, pour créer les conditions qui respectent la dignité de chaque homme et ses droits fondamentaux. Votre profession, surtout si vous êtes fonctionnaires, y contribue déjà, lorsque vous l’exercez avec intégrité, conscience professionnelle, comme un service. Si vous êtes étudiants, vous cherchez à acquérir une vraie compétence pour qu’on puisse compter sur vous demain. C’est ainsi qu’on peut, de proche en proche, rénover le tissu de la société. Le chrétien, dans la vie sociale, a le souci des plus démunis à protéger, à aider; il se sent solidaire des régions les plus défavorisées de son pays et aussi du monde.

Enfin, l’amour conjugal, familial a sans cesse besoin d’être rénové. Le sacrement de mariage permet de sanctifier l’union et toute la vie des époux, et il est capital que les chrétiens s’y préparent avec soin; il ne dispense pas des efforts quotidiens pour affermir, avec l’aide du Christ, l’unité du foyer, la fidélité permanente des époux, la délicatesse de l’amour mutuel, le souci d’éducation de la foi des enfants. La pastorale familiale, dans le sens exposé par l’exhortation “Familiaris Consortio”, doit avoir une place de choix dans cette Eglise.

13. Toutes ces exigences morales préparent le renouveau que vous attendez. Elles sont ancrées dans notre conscience. Elles manifestent le sérieux de notre foi, qui, sans les actes, ne servirait à rien (Cfr. Iac. 2, 14). C’est par là que nous demeurons dans l’amour même de Dieu: “Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour” (Jn 15, 10).

Mais il faut entretenir directement cet amour de Dieu en nous. Il faut donner au Christ les moyens de déployer en nous sa grâce, d’être comme un ferment qui fera lever toute la pâte.

Chers Frères et Sœurs du Togo, il vous faut prendre conscience, chaque jour, du don de Dieu qui est en vous, et de ses appels. Il faut chercher les moyens de mieux connaître l’Evangile, d’approfondir votre foi, de réfléchir à ses implications en lien avec la vie. Je pense notamment à la catéchèse adaptée à proposer à cette jeunesse innombrable, dans les écoles, dans les lycées, dans les paroisses. Il vous faut prendre appui sur les mouvements chrétiens, car, livrés à vous-mêmes, vous tiendrez difficilement. Il vous faut développer, renouveler votre façon de prier: la prière est vitale pour un chrétien, elle l’unit à la pensée et à la volonté de Dieu, en même temps qu’il lui expose ses besoins. Il vous faut prendre votre part aux Eucharisties dominicales qui sont à la fois une fête et une nourriture. Il vous faut constamment puiser la sainteté dans les sacrements du Christ: la pénitence, la communion. Ainsi vous demeurerez dans son amour.

Vous savez que mon pèlerinage en Afrique connaîtra son sommet au Congrès eucharistique international à Nairobi. Le Christ est le le cœur de l’Eglise. C’est lui qui la nourrit et la transforme à son image. Elle est son Corps.

14. Le Seigneur Jésus vous dit encore: “Je vous ai choisis et établis pour que vous partiez, que vous donniez du fruit et que votre fruit demeure” (Jn 15, 16).

L’Evêque de Rome, le successeur de saint Pierre, vous le souhaite. Il prie avec vous qui constituez l’Eglise au Togo:

“Pour que vous partiez”: oui, que vous preniez un nouveau départ, chacun et tous ensemble.

“Pour que vous donniez du fruit”: le fruit de la Rédemption du Christ qui s’est livré pour vous, le fruit de la grâce et du salut, le fruit de l’amour du Père, le fruit de l’Esprit Saint qui vous anime. pour que vous soyez des créatures nouvelles.

“Et que votre fruit demeure”. Amen!"

Mots du Pape Jean Paul II à Gnassingbe Eyadéma
Pendant sa visite au Président du Togo & Général de l'Armée - Pya, vendredi, 9 août 1985 - in French, Italian & Spanish 

"Monsieur le Président,
1. Les aimables paroles que vous venez de prononcer renforcent encore mes sentiments de gratitude pour l’accueil chaleureux que vous avez voulu me réserver dans votre beau pays. Vous avez tenu, en signe de particulière bienvenue, à me recevoir avec mes collaborateurs dans votre propre demeure, à Pya, d’où vous êtes originaire. Soyez vivement remercié pour cette marque de considération à laquelle je suis sensible.

Les heures qu’il m’a été donné de vivre jusqu’à présent parmi vous m’ont fait apprécier avec reconnaissance la merveilleuse hospitalité de tout le peuple togolais. Je suis sur qu’à l’occasion de ma visite, beaucoup de vos compatriotes s’interrogent sur les activités de l’Eglise catholique et sur la signification que revêt le message chrétien pour les hommes du Togo d’aujourd’hui. Ils y sont aidés par la résonance que, grâce aussi à vos soins, les moyens modernes de communication donnent à mon bref séjour parmi vous. Pour cette délicate attention, soyez également remercié, Monsieur le Président. Elle illustre combien votre pays, avec ses différentes communautés culturelles, reste attaché au grand principe de la liberté religieuse.

2. Le Pape est venu chez vous, porteur du message éternel de l’Evangile, qui est toujours à comprendre et à traduire en termes vivants et concrets pour qu’il rejoigne les hommes là où ils sont, au moment précis de leur développement personnel et communautaire.

Après plus de 90 ans d’évangélisation, le Togo a largement fait l’expérience du christianisme, des activités multiples de l’Eglise pour la formation, l’éducation, l’entraide) la promotion humaine et sociale. Humblement mais efficacement, quatre générations de croyants déjà ont pu servir leurs frères, en tachant de mettre en pratique le précepte de l’amour universel du prochain que le Christ a enseigné. Ils ont laissé derrière eux des réalisations nombreuses que vous connaissez bien. C’est là l’aspect visible de l’engagement de l’Eglise, qui atteste qu’en devenant disciples du Christ, les chrétiens n’abandonnent pas leurs solidarités humaines. Bien plus, la foi, authentiquement vécue, rend l’homme davantage présent à ses devoirs et à ses responsabilités familiales, sociales, communautaires.

3. La motivation de l’action multiforme de l’Eglise est à chercher dans l’Evangile. Au contact de cette Parole vivifiante l’homme apprend toujours à mieux connaître Dieu, à le prier, à le servir, à rechercher sa volonté et, par voie de conséquence, à se renouveler lui-même, à se dessaisir de ses égoïsmes, à s’ouvrir activement aux besoins de ses frères, à les respecter dans leur dignité, à aller au-devant d’eux. Les chrétiens sont convaincus que certains défis de la vie ne peuvent être relevés qu’avec la force et la clairvoyance que procure la foi en Dieu: le pardon des offenses, l’acceptation de l’autre, le don généreux de soi pour le service de la communauté.

La mission de l’Eglise est de faire connaître à tous les hommes cet Evangile de l’amour de Dieu, de l’amour du prochain, du pardon, de la communion fraternelle des hommes entre eux. L’Eglise n’est pas une entreprise d’inspiration purement humaine; elle est étrangère à toute espèce de compétition temporelle. Elle est tout entière au service de la parole de Dieu à laquelle elle croit. Sa mission religieuse s’inscrit dans la sphère de liberté irréductible qui est propre à chaque personne et qui revient de droit à chaque communauté authentique de croyants.

4. En cherchant à vivre les exigences de l’Evangile, le chrétien n’agit pas en contradiction avec ses devoirs de père ou de mère, de fils ou de fille, de travailleur ou de citoyen: il les accomplit avec la force intérieure de la foi.

Entre les groupes sociaux ou ethniques, entre les cultures et les différentes confessions religieuses, entre les nations du monde entier, l’Eglise, par fidélité à l’Evangile, contribue ainsi à tisser des liens de plus en plus étroits de solidarité et de respect mutuels. Consciente de sa vocation propre, elle aide à défricher de nouveaux chemins pour la paix et la justice. Dans cette mission l’Eglise est fière de pouvoir s’enrichir du témoignage de jeunes communautés ardentes, comme celles de votre pays.

Elle sait aussi que la nation togolaise, avec ses Gouvernants, est intéressées à la solidarité internationale, comme en témoignent les réunions importantes qui se déroulent à Lomé.

5. Monsieur le Président, vous le savez, les Autorités peuvent toujours compter sur la loyauté des chrétiens envers leur patrie terrestre. Ils connaissent bien les taches qui les attendent comme citoyens. Avec leurs frères d’autres croyances, ils participent et participeront toujours de grand cœur à l’œuvre commune. Les responsables des Etats peuvent aussi compter sur la prière de l’Eglise, pour que Dieu, qui est le Maître de l’Histoire, les assiste dans leur lourde charge au service du bien commun. En m’associant à cette prière, j’implore volontiers sur vous-mêmes, Monsieur le Président, vos collaborateurs et tout le peuple togolais, les bénédictions du Tout Puissant."

Homélie de Saint Jean-Paul II à la Messe d'Ordination de 11 Prêtres
Kara, vendredi, 9 août 1985 - in French & Italian  

"1. “Priez le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson” (Luc. 10, 2).

Chers Frères et Sœurs, nous devons aujourd’hui remercier le Maître de la moisson, puisqu’il m’est donné d’ordonner onze nouveaux prêtres, onze nouveaux ouvriers apostoliques qui vont être envoyés pour la moisson du Seigneur. Ce sont tous des fils de l’Eglise au Togo, nés dans ce pays, au sud, au centre ou au nord: ils proviennent des diocèses de Lomé, d’Atakpamé, de Sokodé, et de diverses ethnies. Ils vont recevoir le même sacerdoce du Christ Jésus. Ils se sont préparés ensemble, au grand-séminaire de Saint-Gall à Ouidah, avec leurs frères du Bénin. Ils apportent au service du Christ les fruits de cette préparation, avec leurs talents personnels et les qualités de leur terroir natal, de leurs familles humaines.

2. Durant la première période de l’évangélisation, ce sont des prêtres missionnaires qui ont travaillé ici: missionnaires de la Société du Verbe Divin, des Missions Africaines de Lyon, franciscains, et autres religieux. Ils étaient aidés dans leur ministère par l’apostolat de nombreuses religieuses. Ils venaient d’autres pays, où ils avaient eux-mêmes été nourris de l’Evangile qu’ils apportaient ici gratuitement, comme ils l’avaient reçu gratuitement. L’Eglise vit de cet envoi en mission, de cette entraide, de ces échanges, depuis le temps des Apôtres. Aujourd’hui, un certain nombre de ces prêtres expatriés travaillent encore dans ce pays où leur service est très appréciable, nécessaire, et où ils sont témoins de l’Eglise universelle. Ils méritent une vive reconnaissance. Sans eux, l’Eglise n’aurait pas été implantée ici. Nous n’aurions pas ces jours-ci le spectacle de ces belles communautés togolaises, heureuses de leur foi. N’oublions jamais ces pionniers, apprécions ces serviteurs d’aujourd’hui. Comment ne pas être sensible au témoignage d’un groupe de jeunes de ce pays qui m’ont écrit récemment: “L’histoire . . . nous a laissé l’image du missionnaire soucieux de conduire le troupeau vers des pâturages verdoyants et de risquer sa vie au nom du Christ. L’œuvre commencée par les missionnaires doit être poursuivie par les fils du pays et chacun à son niveau, en commencent par les évêques et prêtres autochtones”.

Aujourd’hui, l’Eglise au Togo a en effet, pour une large part, ses prêtres et ses évêques. Elle connaît d’ailleurs une floraison de vocations sacerdotales et religieuses, et a même une congrégation religieuse locale, les “Soeurs de Notre-Dame de l’Eglise”. Elle se compose d’un grand nombre de baptisés, avec un pourcentage impressionnant en certaines régions, et des catéchumènes. Ses catéchistes et maîtres d’école continuent leur œuvre de formation à la foi et, plus largement, son laïcat chrétien s’éveille à ses responsabilités et se structure en mouvements. Je salue avec joie toute cette Eglise au Togo, et plus spécialement ce diocèse de Sokodé qui nous accueille. Je remercie Monseigneur Chrétien Matawo Bakpessi de ses paroles de bienvenue. Je n’oublie pas les diocésains d’Atakpamé et de Dapaong que je ne peux aller visiter sur place et qui poursuivent une belle œuvre missionnaire. Nous remercions aussi les Maisons qui forment aujourd’hui les candidats au sacerdoce, les petits-séminaires, le séminaire d’aînés e les grands-séminaires de Ouidah et maintenant de Lomé.

3. Chers Frères et Sœurs, qu’est-ce donc qu’un prêtre? Qu’est-ce qui est l’essentiel de son sacerdoce?

Certes, le prêtre accomplit de multiples activités. Elles sont ordonnées au fait qu’il est avant tout un homme de Dieu. C’est ce qu’ont pressenti d’ailleurs toutes les religions qui lui confiaient le soin d’offrir à Dieu des sacrifices de toute sorte. Mais le prêtre dont nous parlons est celui de la Nouvelle Alliance établie par Jésus-Christ, scellée par son Sacrifice. Et l’Apôtre Pierre nous dit l’essentiel de ce qu’est le prêtre, dans sa lettre lue ce matin, lorsqu’il adresse une exhortation aux “Anciens”, aux “presbytères”, c’est-à-dire aux chefs spirituels préposés par les Apôtres à la direction des premières communautés chrétiennes. Il dit: “Moi aussi, je fais partie des Anciens, je suis témoin de la Passion du Christ” (1 Petr. 5, 1). Dans l’Eglise d’aujourd’hui, comme dans celle d’hier, le prêtre est le témoin de la Passion du Christ, dans un sens particulier. En effet, chaque jour, il accomplit, en célébrant le sacrement de l’Eucharistie, le sacrifice que le Christ lui-même a offert sur la croix. Oui, chaque fois, dans l’Eucharistie, c’est ce Sacrifice qui est rendu présent, renouvelé, accompli sous le signe du pain et du vin, comme le Christ l’a institué et c’est le prêtre qui en est le ministre sacramentel, agissant au nom du Christ, in persona Christi.

4. L’Apôtre Pierre ajoutait: “Et je communierai à la gloire qui va se révéler”(Ibid.) . Le prêtre est également participant de la gloire dont Dieu le Père a comblé son Fils crucifié dans la Résurrection. En offrant le Sacrifice qui s’est accompli par la mort du Christ, il proclame en même temps sa résurrection et sa glorification “à la droite du Père”. Il annonce finalement la venue définitive du Christ dans cette gloire qui “va se révéler” à la fin du monde. En un sens, le prêtre témoigne par l’Eucharistie que le monde ne se sauve pas seul, mais par le Christ, et ce monde ne se réduit pas à ce qui existe présentement, mais qu’il s’achèvera avec le Christ glorifié.

5. Grande est donc la vocation du prêtre, et sublime sa mission. Grande est sa dignité. Il est lié d’une façon particulière à la mission de salut de Jésus-Christ. Je demanderai aux futurs prêtres: “Voulezvous, de jour en jour, vous unir davantage au Souverain Prêtre Jésus-Christ?”. Non seulement les prêtres accomplissent son Sacrifice, mais ils accomplissent les divers aspects de son ministère: le ministère de la Parole et le ministère de sanctification par les sacrements.

D’autres, dans l’Eglise - et c’est une grâce - annoncent, transmettent, expliquent la Parole de Dieu, comme les catéchistes, les maîtres, les parents chrétiens, les religieux et religieuses. Mais le prêtre reçoit la responsabilité de faire en sorte que l’Evangile soit bien annoncé à tous, que la foi catholique soit correctement exposée, et il la commente lui-même dans la liturgie.

Et le prêtre est spécialement consacré pour célébrer les mystères du Christ, pour transmettre ses grâces aux croyants par les signes visibles et efficaces que sont les sacrements: la vie divine au baptisé, la purification du péché au pénitent, la nourriture du Corps du Christ au communiant, le réconfort divin au malade. Il conduit sans cesse le peuple chrétien aux sources de la Vie.

6. En tout cela le prêtre participe à la mission du Bon Pasteur. Notre Sauveur Jésus-Christ est le Bon Pasteur, qui connaît ses brebis, qui les rassemble, qui les protège, qui les sauve du loup ravisseur, qui donne sa vie pour elles, qui les conduit à la Vie en abondance , au point que les brebis peuvent dire, comme nous venons de le chanter: a Le Seigneur est mon berger, / je ne manque de rien . . ./ Il me rend des forces; / il me conduit par les bons chemins . . . / Tu prépares la table pour moi” . Les Apôtres ont participé à cette mission du Bon Pasteur. L’Apôtre Pierre a entendu à plusieurs reprises le Seigneur Jésus lui dire, après sa résurrection: “Sois le berger de mes agneaux . . . Sois le berger de mes brebis” . Croyez bien, chers Frères et Sœurs, que personnellement je médite souvent cette parole! Mais Pierre, à son tour, dit aux “Anciens” de l’Eglise, aux prêtres: “Soyez les bergers du troupeau de Dieu qui vous est confié” . Et aujourd’hui, l’Evêque de Rome, qui est le successeur de Pierre, dit la même chose à tous les évêques et à tous les prêtres de votre patrie; il le dit spécialement à vous qui recevez le sacrement du sacerdoce et, par là, la mission pastorale. Oui vraiment, vous allez désormais participer à la mission du Bon Pasteur, en collaboration avec votre évêque, le Pasteur de votre diocèse, en union avec l’Evêque de Rome. Ainsi vous pourrez “faire Eglise avec Pierre”.

7. “Bergers du peuple de Dieu qui vous est confié”: qu’est-ce à dire aujourd’hui? Le vrai berger rassemble le troupeau. Le prêtre a mission de rassembler les chrétiens, non seulement pour l’Eucharistie ou les prières qu’il préside, mais en veillant continuellement à leur unité. Au-delà des multiples petites communautés de croyants qui peuvent se former à la base, sur l’initiative des laïcs, dans un but de prière, de catéchèse ou de charité, qui ont leur utilité et leurs limites, le prêtre est celui qui veille à élargir cet horizon, à faire communiquer ces groupes, à les relier à l’unique Eglise, à les réunir, par exemple dans le cadre paroissial, pour l’Eucharistie commune. Il n’est pas l’homme d’une famille, d’un groupe, d’une ethnie: il est l’homme de tous.

Le vrai berger est celui qui marche en tête du troupeau, c’est-à-dire que le prêtre doit indiquer clairement la route, témoigner par sa parole et par ses actes de ce qu’est la foi ou la vie chrétienne, sans crainte, avec courage et librement. Je demanderai aux ordinands: “Voulez-vous devenir prêtres pour servir et guider le peuple de Dieu sous la conduite de l’Esprit Saint?”. Vous devrez conduire ce peuple vers la Vérité plénière par une catéchèse sans cesse approfondie; vers ce qui nourrit les chrétiens, vers ce qui les éduque à une authentique piété, à une vie morale plus mure.

Le vrai berger se soucie de chacune des brebis, n’oubliant pas celles qui ont du mal à suivre, qui s’égarent, qui sont en danger, qui sont au loin. Prêtres, vous portez la sollicitude pastorale de tous vos fidèles, sans négliger ceux qui paraissent moins fidèles, ou ceux qui ne sont pas encore des fidèles, faute d’être de ce bercail (Cfr. Io. 10, 16).

Certes, le prêtre n’a pas le monopole de toute l’animation chrétienne. Son rôle n’est pas de tout faire par lui-même, de tout commander; au contraire, sa qualité pastorale se mesure à sa capacité de susciter le zèle, l’initiative, l’apostolat chez les religieux et les laïcs qui l’entourent. Mais il demeure au milieu d’eux le représentant du Bon Pasteur qui veille, qui discerne, qui authentifie ce qui doit l’être, qui oriente dans la direction voulue par l’Eglise, au nom du Christ.

8. Saint Pierre nous indique encore comment le prêtre doit être le pasteur des âmes.

Il avait été le témoin du Christ qui, bien qu’étant en vérité Maître et Seigneur, s’était présenté au milieu des Apôtres comme “celui qui sert” (Luc. 22, 27), et qui leur avait fait comprendre à maintes reprises: “Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude” (Matth. 20, 28), refusant l’attitude de domination propre aux païens ou le pouvoir tel qu’il est exercé par les grands (Cfr. ibid. 20, 25). Alors Pierre précise aux “Anciens”, veillez sur le troupeau, “non par contrainte, mais de bon cœur, comme Dieu le veut, non par une misérable cupidité, mais par dévouement, sans commander en maîtres à ceux dont vous avez reçu la charge, mais en devenant les modèles du troupeau” (1 Petr. 5, 2-4).

Certes, chers amis prêtres ou futurs prêtres, quand vous remplissez votre charge au nom du Christ, vous avez l’autorité d’un envoyé du Christ, et vous devez être accueillis et respectés comme tels par les croyants qui comprennent votre sacerdoce. Mais cette autorité bannit tout autoritarisme: “Sans commander en maîtres”; elle bannit la recherche de richesses personnelles: “Non par cupidité, mais par dévouement”; elle bannit toute dureté: “Non par contrainte, mais de bon cœur”. Oui, soyez toujours les pasteurs courageux et fermes dont je parlais, mais bons, humbles, accueillants, dévoués, désintéressés. Voilà ce qu’attend le Seigneur, le Bon Pasteur. Voilà ce qu’attendent les fidèles de votre troupeau. Et cela vous permettra être spécialement proches et soucieux des pauvres, des malades, de ceux qui souffrent. Vous partagerez le plus possible leurs préoccupations et leur vie. Au fond, votre autorité viendra naturellement de ce que vous serez les modèles du troupeau.

9. Vous serez ces modèles, si la sanctification de votre sacerdoce atteint, non seulement les actes de votre ministère ou votre comportement pastoral, mais toute votre vie, votre vie spirituelle, intérieure: “Vivez ce que vous accomplissez”.

Initiant les autres à la prière, demeurez vous-mêmes des hommes de prière, en public et dans l’intimité de votre oraison, de votre adoration. La Vierge Marie aura une place toute spéciale dans votre prière et votre vie, elle qui méditait dans son cœur tous les mystères de Jésus, et demeurait sans cesse “la servante du Seigneur”.

Offrant le Sacrifice et invitant les autres à offrir les sacrifices que leur demande la vie chrétienne, “conformez-vous au mystère de la croix du Christ”, comme je le dirai en remettant le pain et le vin du Sacrifice aux nouveaux prêtres.

Vous formez vos fidèles à la foi: vous aurez à cœur de continuer à approfondir la théologie enseignée au séminaire par une formation permanente, personnelle ou communautaire, par une sage mise à jour, en poursuivant l’étude de la Sainte Ecriture, de l’ensemble du dogme et de la spiritualité, la réflexion pastorale.

Vous exhortez le peuple chrétien à vivre les béatitudes, notamment l’esprit de pauvreté: vous-mêmes aurez à cœur de vivre simplement, au milieu des pauvres. Le Christ disait à ses disciples: “N’emportez ni argent ni sac ni sandales” (Luc. 10, 4).

Votre prédication est centrée sur la charité: vous montrerez l’exemple de la vie fraternelle entre prêtres du nord et du sud, Togolais et expatriés. Le Seigneur envoyait ses disciples deux par deux.

Vous aidez les époux à vivre un amour conjugal exigeant, fidèle et pur: puissent-ils être toujours stimulés par l’exemple du don total de votre puissance d’aimer au Christ et à vos frères, dans la chasteté qui est oblation et disponibilité.

Vous demandez aux fidèles d’obéir à l’Eglise: vous aurez à cœur de collaborer avec vos évêques en tout ce que désire l’Eglise.

La prière consécratoire pour les ordinands demande à Dieu: “Qu’ils reçoivent de toi la charge de seconder l’ordre épiscopal; qu’ils incitent à la pureté des mœurs par l’exemple de leur conduite”.

Oui, soyez les modèles du troupeau.

10. Pour tout cela, pour que les ordinands entrent et vivent dans “l’ordre des prêtres”, nous leur imposons les mains, en priant ainsi le Seigneur: “Répands une nouvelle fois au plus profond d’eux-mêmes l’Esprit de sainteté”.

Au temps de Moise, Dieu avait mis à part 70 Anciens, pleins de sagesse, pour seconder Moise, et il leur avait communiqué une part de l’Esprit qui reposait sur lui.

Le Seigneur Jésus a commencé son ministère en déclarant: “L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction” (Luc. 4, 18). Ressuscité, il a envoyé ses Apôtres - comme le Père l’avait envoyé - en disant: “Recevez l’Esprit Saint” (Io. 20, 22). Cet Esprit Saint imprimera dans votre âme, chers ordinands, un caractère indélébile de prêtre, de serviteur du Seigneur; il sera une source permanente de lumière, de force, de sainteté.

11. Et le Christ vous envoie en mission, comme il a envoyé 72 disciples en plus des Apôtres. Oui, le Christ lui-même.

Car, tandis que nous célébrons la sainte Eucharistie, c’est le Christ qui l’accomplit au milieu de nous, par notre sacerdoce ministériel. Et tandis que nous célébrons le sacrement de l’ordre, le Christ lui-même accomplit aussi ce sacrement qui est lié très étroitement à l’Eucharistie et prend son origine à la dernière Cène: “Faites cela en mémoire de moi” (Luc. 22, 19).

Le Christ se trouve donc ici, parmi nous. Et il dit aux nouveaux prêtres ordonnés: “Allez, je vous envoie . . .” (Ibid. 10, 3). “Allez, de toutes les nations faites des disciples” (Matth. 20, 19). Dites: “Le Règne de Dieu est tout proche de vous”. Donnez le réconfort aux malades, à tous ceux qui sont dans la détresse, et annoncez la paix dans toutes les maisons. Ne craignez pas l’accueil qu’on vous réservera (Cfr. Luc. 10, 5-11).

Oui, allez porter cette Bonne Nouvelle aux fils et aux filles de votre peuple, de votre patrie, à tous et à chacun, dans toutes les villes et tous les villages où le Seigneur lui-même veut être présent (Cfr. ibid. 10, 1). Soyez disponibles pour toutes les taches d’évangélisation que vous confiera votre évêque: dans le corps de l’Eglise les fonctions sont diverses, chacune a son importance, toutes doivent être remplies. Il est souhaitable aussi que les diocèses de ce pays s’entraident, car certains ont encore peu d’ouvriers apostoliques togolais. Que les prêtres acceptent être missionnaires ailleurs que chez eux, et que les fidèles sachent accueillir le prêtre d’une autre ethnie. Jésus disait aux disciples: “Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé” (Matth. 10, 40).

Mais, chers amis, l’horizon missionnaire ne se limite pas à votre pays. Il faut porter la Bonne Nouvelle aux fils et aux filles de l’Afrique entière, du monde entier. Vous y avez votre part, maintenant que des prêtres de plus en plus nombreux sortent de chez vous. Votre mission est profonde comme le mystère du Christ et en même temps vaste comme l’humanité! Dans la prière d’ordination, il est dit que vous êtes ordonnés “pour faire parvenir à toute l’humanité le message de l’Evangile et pour que toutes les nations rassemblées dans le Christ soient transformées dans l’unique peuple de Dieu”.

Nos frères et sœurs qui vont se réunir à partir de dimanche prochain à Nairobi pour le XLIII Congrès eucharistique international, le premier en Afrique noire, savent bien cette dimension universelle de l’Eglise, qui forme un unique Corps, le Corps du Christ.

12. Chers Frères et Sœurs nous désirons tous que Dieu suscite davantage de prêtres, de saints prêtres, avec d’autres ouvriers apostoliques, religieux et laïcs. Ne cessez pas de prêter l’oreille à la Parole de notre Maître et Rédempteur: “La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson” (Luc. 10, 2).

Oui, priez. Ne cessez pas de prier. Amen!"

Discours de St Jean Paul II au Sanctuaire de Notre-Dame du Lac Togo
Togoville, vendredi, 9 août 1985 - in French & Italian

1. Votre joie semble débordante! La mienne est aussi grande que la votre. Il est vrai qu’une rencontre entre amis, et c’est bien le cas, fait grandir l’amitié. Il est non moins certain qu’un rassemblement de pèlerins - et celui-ci est magnifique - réveille la foi des chrétiens! Et manifestement, la présence du Successeur de Pierre parmi vous met votre enthousiasme à son comble, un peu comme si vous vous retrouviez sur le bord du Lac de Galilée. Que le Seigneur soit loué à jamais pour la grâce qui nous est faite à tous!

Notre rencontre se déroule dans un cadre merveilleux: sur les rives du Lac Togo. Elle se déroule près du sanctuaire commencé en 1910 par les missionnaires du Verbe divin. Elle se déroule tout près de l’image représentant Notre-Dame du Lac Togo, invoquée sous le titre de Mère de Miséricorde. Pèlerins de tous âges, je devine que vous désirez manifester votre joie à la manière africaine et togolaise. Alors vous pouvez battre des mains pour Notre-Dame! Pour la très sainte Mère de Dieu!

Le Dieu que nous adorons est Esprit. Par amour de l’humanité, il s’est rendu visible dans la personne de son Fils unique, qui depuis toujours, ne fait qu’un avec Lui, dans l’unité du Saint-Esprit. Ce Fils, devenu homme, a fait l’expérience de l’existence humaine sur un petit espace de l’immense univers, qu’on appelle, depuis cet événement historique, “la Terre Sainte”. Oui, le Fils de Dieu a voulu naître d’une femme, choisie de toute éternité. Naître d’une femme préservée du péché! Et cette Mère bénie entre toutes, Dieu nous l’a donnée quelques instants avant d’expirer sur la croix où il livrait sa vie pour nous. Geste mystérieux et en même temps si lumineux! Le Fils de Dieu nous a donné sa Mère. Pourquoi? Pour aider les chrétiens, ses disciples de tous les continents et de tous les temps, à comprendre le Mystère de Jésus, l’unique Sauveur du monde, le seul Médiateur entre Dieu et les hommes. Pour les aider maternellement à suivre Jésus. Elle semble nous dire comme à Cana: “Faites tout ce qu’il vous dira” (Jn 2, 5). Elle nous aide à méditer le témoignage unique au monde de son Fils: disponibilité filiale, envers Dieu, son Père et notre Père, et en même temps ouverture aux autres hommes, et aux autres peuples, fraternelle, généreuse, sans limites de frontières, de races. Ne cessons pas d’adorer un tel Sauveur, débordant d’amour miséricordieux pour tous et pour chacun! Vénérons sans cesse également la Mère de cette Miséricorde divine, incarnée en la personne de Jésus. Elle est elle-même, comme son Fils, toute miséricorde. Comme vous avez eu raison, lors des fêtes de 1973, de compléter le vocable de “Notre-Dame du Lac Togo”, en ajoutant “Mère de la Miséricorde”. Vous vous êtes inspiré de l’Evangile lui-même et de toute l’histoire de la dévotion mariale depuis deux mille ans. Nous ne pourrons quitter ce lieu béni sans nous réfugier spirituellement dans les bras de cette Mère, en faisant notre la consécration que je prononcerai au nom de tous.

2. Mais auparavant, je voudrais m’adresser spécialement aux jeunes, ainsi qu’aux malades et aux handicapés ici présents. Chers adolescents et jeunes aînés, qui avez le bonheur de la santé: remerciez le Seigneur. Respectez ce trésor. Apprenez à maîtriser votre corps dans la discipline du sport, avec une bonne hygiène. Apportez à la société togolaise et à votre famille en particulier, les forces physiques saines d’une personnalité équilibrée. Votre dignité humaine vient de votre ressemblance à Dieu même. Vous savez que vos capacités de réflexion, de décision, de don de vous-mêmes, sont d’ordre spirituel et sont le reflet d’une certaine présence de Dieu en vous. Votre baptême est un événement qui marque toute votre vie. Confirmés dans l’Esprit, unis au Corps du Christ, vous êtes soutenus dans votre dignité d’hommes par la présence de Dieu en vous. Une telle dignité se manifeste et se manifestera chaque jour par votre loyauté, votre courage, votre disponibilité, votre capacité de pardon et de réconciliation, votre fidélité à vos croyances religieuses et à la prière. Les connaissances religieuses que vous avez reçues doivent être développées, approfondies, bien au-delà du catéchisme de votre enfance, surtout si vous faites des études. Elles doivent être à la hauteur de votre culture, vous permettre de répondre aux questions nouvelles et anciennes, de rendre compte de l’espérance qui est en vous. Elles doivent surtout vous conduire à faire totalement confiance au Christ, à entretenir le dialogue avec lui dans la prière, à prendre votre place active dans l’Eglise, à chercher à bâtir un monde nouveau avec lui.

Parmi toutes les créatures, Marie, fidèle, toute donnée au Seigneur et à son œuvre de salut, est un exemple admirable pour nous tous. Oui, Marie a beaucoup reçu du Seigneur. Elle a aussi développé au maximum les talents reçus. C’est pourquoi elle a beaucoup donné à l’humanité entière et elle continue d’accompagner les individus et les peuples.

Jeunes, l’Eglise en ce pays a besoin de vous. La société togolaise a besoin de vous. L’Afrique a besoin de vous. Soyez prêts, comme Marie de Nazareth, à donner le meilleur de vous-mêmes pour servir Dieu et vos frères.

3. Et vous, chers jeunes ou adultes qui êtes marqués par une infirmité, par une maladie, par des souffrances morales, tournez-vous toujours davantage vers la Mère de Miséricorde. Je pense spécialement aux aveugles qui m’écoutent. La Vierge Marie vous conduira dans l’intimité de son Fils. Oh certes, il importe que, à l’intérieur de chaque pays et entre pays mieux équipés et pays moins avancés, on s’entraide à faire reculer la misère sous toute forme. Il faut davantage de médecins, d’hôpitaux, de centres de soins. Hélas! il existe partout, même dans les pays très équipés, des infirmités et des maladies difficiles à guérir, du moins complètement. Et il y a la souffrance morale, parfois plus lourde que la souffrance physique.

Frères et Sœurs, jeunes et adultes, l’attachement à Jésus Christ, la piété à l’égard de sa Mère, ont aidé des générations de croyants à accepter progressivement leur croix. Les pèlerins de sanctuaires comme Lourdes, ont été bouleversés en constatant la paix et même le discret sourire des malades dans leurs fauteuils roulants ou allongés sur leurs brancards. Le mal demeure une question lancinante qui fait dire à chaque infirme ou à son entourage: pourquoi, pourquoi moi? Le Seigneur Jésus a cependant - et Lui seul - donné en quelque sorte un sens à cette épreuve, une lumière. Il a pris sur lui la souffrance. Il a porté sa croix. Il a été cloué sur la croix. Nous avons médité ces mystères. Mais en lui, il n’y a aucune trace de révolte, ni de sentiment de fatalité: il a offert cette souffrance par amour. Et c’est de cette manière qu’il a remporté la victoire sur le mal. La souffrance, regardée en face, peu à peu acceptée, offerte en union avec le Christ, peut être un chemin de lumière, une ascension spirituelle. Il existe des cas nombreux de chrétiens, privés de l’usage partiel ou complet de leurs forces physiques, de l’usage de leurs sens - vue ou audition - qui éclairent et parfois même convertissent leurs semblables, non par ce qu’ils font, mais par ce qu’ils sont. D’une certaine manière, ils sont des signes évangéliques aujourd’hui. Oui, la Vierge Marie, dans tous les sanctuaires qui lui sont consacrés à travers le monde, aide les pèlerins souffrants à devenir une oblation féconde, une lumière salvifique pour l’humanité. Infirmes et malades, venus à ce pèlerinage, croyez à la valeur de votre existence, vécue avec le Christ et auprès de sa Mère! L’Eglise compte sur votre prière. Et moi aussi, pour le ministère que le Seigneur m’a confié au service de toute l’Eglise.

Un instant de silence nous serait profitable à tous, avant d’unir nos esprits et nos cœurs dans la prière de consécration que je prononcerai au nom de tous."

Acte de Consécration à la Vierge

"O Marie, Mère du Fils de Dieu, l’Unique Rédempteur venu pour sauver les peuples de tous les continents et de tous les temps, nous te louons.

Tu es la plus sainte et la plus humaine de toutes les créatures du Seigneur. Tu es la plus grande, “bénie entre toutes les femmes” de la terre. Tu es en même temps la plus humble, la plus abordable! Tu es à jamais la Mère de Dieu. Tu as bien voulu accepter être aussi la très miséricordieuse Mère de toutes les générations humaines, que ne cessent de te dire “Bienheureuse”!

Depuis vingt siècles, alors que tu te tiens près de ton Fils, dans la gloire du ciel, c’est comme si tu visitais la terre! Tu te mets à l’écoute des disciples de ton Fils Jésus, tu te penches sur les pécheurs! Tu accueilles tous les gens de bonne volonté, comme Jésus le faisait lui-même dans les villages et les villes de Judée et de Galilée! Dans le temps de l’Eglise inauguré à la Pentecôte, où tu étais présente, tu ne cesses de présenter aux personnes et aux nations cet Enfant, fruit magnifique de l’Esprit Saint en ta chair virginale, cet Enfant venu, au temps marqué, Lumière pour le monde, Fils de Dieu qui remet sa vie entre les mains du Père pour sauver la multitude. Ressuscité le matin de Pâques en vainqueur de la mort. O Marie, tu ne désires qu’une chose pour que notre joie soit parfaite, même dans les épreuves de l’existence. Tu ne désires qu’une chose: que nous acceptions pleinement Jésus.

O Mère de la Miséricorde, en ce jour, en ce lieu, nous sentons le besoin de te recevoir - davantage encore - comme notre Mère. Te prendre avec nous au fil des jours et des années de façon plus profonde! Pour que tu nous gardes proches, toujours plus proches de Jésus Sauveur, toujours plus fidèles au service de tous ses frères, qui sont aussi tes enfants, surtout au service des plus petits, de ceux qui connaissent les plus grandes détresses. Nos esprits, nos volontés, nos cœurs, le trésor de notre foi, nos limites, nos échecs, nos joies, nos recommencements, nos responsabilités diverses, nos relations humaines, nos efforts de compréhension de l’époque où nous vivons, toute notre vie jusqu’à son dernier souffle ... tout est confié à ton regard maternel, à ta tendresse, à ta prière d’intercession! Tout ce que nous sommes, tout ce que nous avons est remis entre tes mains, à cause de Jésus et pour l’édification de son Royaume de vérité, de sainteté, de justice, de fraternité, de paix.

En ce jour et en ce lieu, nous te confions cette chère patrie togolaise, nos familles, nos communautés chrétiennes, les pasteurs appelés à les conduire. Nous te confions l’Afrique tout entière et son avenir. Nous te confions le monde entier, ce monde que tu aimes et que tu veux sauver, aux cotés de ton fils Jésus.

O Mère, fais-nous sentir ta présence maternelle si discrète et si efficace. Fais de nous des disciples ardents de Jésus et des ouvriers généreux de son Evangile, dans l’Eglise qu’Il a fondée! Amen."

Discours du Pape Saint Jean-Paul II aux Animistes
Sanctuaire de Notre-Dame du Lac Togo - Togoville, Vendredi, 9 août 1985 - in French & Italian

"Chers Amis,
Je suis très touché que vous soyez venus me rencontrer et participer à la prière des catholiques, en ce Sanctuaire, dédié à la Sainte Vierge Marie, Mère de Jésus-Christ. Je sais, que vous étiez venus assister à cette dédicace en 1973, reconnaissant ainsi la place unique que Marie a parmi les amis de Dieu, comme Mère de son Fils bien-aimé. Je vous encourage à venir la prier. Et je me souviens aussi qu’en 1975, une délégation de certains d’entre vous était venue à Rome saluer mon prédécesseur, le Pape Paul VI. Je vous remercie de votre démarche déférente et confiante.

La nature, exubérante et splendide en ce lieu de forets et de lacs, imprègne les esprits et les cœurs de son mystère, et les oriente spontanément vers le Mystère de Celui qui est l’Auteur de la vie. C’est ce sentiment religieux qui vous anime et qui anime, on peut dire, l’ensemble de vos compatriotes. Puisse ce sentiment du sacré, qui caractérise depuis toujours le cœur humain créé à l’image de Dieu, amener les hommes à désirer s’approcher toujours davantage de ce Dieu créateur, en esprit et en vérité, à le reconnaître, à l’adorer, à le remercier, à chercher sa volonté. Ainsi leur prière et leur conduite morale seront inspirées par l’Esprit de Dieu lui-même; leur sentiment religieux surmontera la peur, car nous croyons que Dieu est bon, et que même la nature, sortie de ses mains, est bonne, la crainte viendrait plutôt du mal qui habite le cœur de l’homme lorsqu’il se détourne de Dieu; mais le sens de Dieu en lui-même peut être empreint de paix, de respect, de confiance, de soumission joyeuse.

Pour les chrétiens Jésus-Christ leur a appris à connaître Dieu et à le prier comme “Notre Père”. Ils croient aussi que Jésus-Christ délivre l’homme de ses péchés et de la mort éternelle. En lui, Dieu établit une nouvelle Alliance que tous les hommes désirent secrètement, que les hommes religieux voudraient réaliser; l’arc-en-ciel, entre ciel et terre, leur apparaît comme un symbole de ce lien entre Dieu et les hommes. C’est au nom de Jésus-Christ, au nom de l’Eglise qu’il m’a confié la mission de guider, que je me présente parmi vous.

Nous prions, les uns et les autres, pour que Dieu attire tous les hommes nos frères vers sa Lumière et qu’il les comble de sa Bénédiction."

Mots et Prière du Pape St Jean-Paul II dans la Cathédral de Lomé
Lomé, Vendredi, 9 août 1985 - in French & Italian

"Chers Frères et Sœurs,
1. Rassemblés ce soir, dans la cathédrale de Lomé, nous louons Dieu pour toutes les grâces reçues au cours de ces deux journées de visite pastorale, mais aussi pour toute l’histoire de l’évangélisation de votre pays qui trouve une expression significative dans ce temple de Dieu dont la construction a commencé dès 1901. Spontanément, nous y rendons hommage à la mémoire de Mgr Jean Strebler, premier Archevêque de Lomé, qui a inauguré la nouvelle construction en 1956 et dont chacun sait les mérites missionnaires dans l’ensemble du Togo.

Moi-même, en saluant toutes les personnes qui sont présentes ici ce soir, je vous remercie de votre accueil, et surtout de la prière que vous venez d’élever vers Dieu pour le successeur de Pierre. Je suis sur que vous continuerez à prier souvent pour mon ministère.

Et, ensemble, nous prions pour ce diocèse, pour l’Eglise au Togo. Cette cathédrale est le symbole de la “Maison spirituelle” que vous construisez tous, chaque jour, à Lomé, avec votre Archevêque, Mgr Dosseh-Anyron: prêtres de cette paroisse, des paroisses de la ville et du diocèse de Lomé, unis dans un même presbyterium, religieux et religieuses voués aux taches apostoliques ou à la contemplation, catéchistes, laïcs engagés dans les multiples services de l’Eglise ou portant témoignage dans leurs professions, jeunes gens et jeunes filles, malades, associations et confréries diverses, tous les baptisés.

2. Je voudrais avoir un mot d’encouragement pour chacun en particulier, mais vous pouvez en deviner la teneur. Que chacun se sente comme une pierre vivante, précieuse, utile, qui contribue à la beauté et à la vitalité de toute l’Eglise! Et à tous, je dis: vivez dans la joie d’être le peuple de Dieu, cette joie que vous exprimez si spontanément, si chaleureusement dans vos célébrations. Vivez en approfondissant la connaissance que vous avez de la foi et la relation personnelle avec Dieu dans la prière. Cette cathédrale, comme toute Maison de Dieu, invite continuellement à la prière, à l’adoration. Vivez dans la fraternité: n’oubliez pas que c’est le signe par excellence auquel on reconnaît les disciples du Christ. Ainsi vous serez une Eglise qui célèbre, qui prie, qui aime.

3. A Lomé, vous formez une Eglise vivante, bien visible, vu le nombre des catholiques. Vous sentez sûrement aussi la nécessité de garder votre communauté ouverte aux autres. Dans la fidélité à votre foi, ne craignez pas d’entretenir un dialogue respectueux et fraternel avec eux. Et tout d’abord avec les protestants: notre foi commune au Christ Sauveur, notre méditation commune de l’Evangile, poussent les uns et les autres à progresser dans un sain œcuménisme, tel que le veut l’Eglise, afin de réaliser peu à peu la volonté formelle du Seigneur: “Qu’ils soient un!”. Et maintenant, ce qui est possible c’est l’estime mutuelle, l’accueil, la charité, certaines formes de prière en commun. Et je pense également à tous les hommes de bonne volonté des autres religions, dont la générosité peut nous édifier, et pour lesquels notre témoignage doit être un chemin vers la foi. Votre Eglise diocésaine, je l’ai dit plusieurs fois, doit demeurer missionnaire

4. Cette cathédrale est dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. C’est une précieuse indication, c’est tout un programme! plutôt que de prolonger mon discours, je vous invite à prier avec moi le Sacré-Cœur:

Cœur Sacré de Jésus, image parfaite dans notre nature humaine de Dieu le Père, riche en miséricorde, sois béni pour toutes les grâces de foi, de persévérance, de vocations, que tu as répandues sur ce peuple du Togo. Maintiens-le dans la paix, la joie, l’action de grâce.

Fortifie maintenant la foi, l’espérance et la charité de ceux que tu as appelés à connaître en vérité l’Amour de Dieu.

Continue à répandre en eux cet Amour qui leur donne une attitude filiale envers le Père du Ciel, qui les encourage à prier en enfants de Dieu. Donne à chacun le souci de purifier sans cesse son cœur pour le rendre transparent à l’Evangile, le courage de rompre éventuellement avec ce qui est péché, le désir ardent que se développe la vie de Dieu que tu as mise en eux par le baptême.

Jésus, doux et humble de cœur, réconforte ceux qui sont fatigués, donne-leur le repos que tu as promis.

Rends chacun conscient de sa vocation originale, de son rôle de baptisé, de confirmé, de personne consacrée, de diacre, de prêtre. Resserre leur unité. Elargis sans cesse leur charité à la dimension de cet Amour bienveillant, inlassable, sans frontières, que ton divin Cœur n’a cessé de manifester aux hommes.

Que brûle en eux le feu que tu as apporté sur la terre, la passion de ton Royaume! Qu’ils participent toujours davantage à l’oeuvre de la Rédemption, que tu as réalisée pour eux, sur la croix, au prix de ton Sang! Qu’ils poursuivent leur route vers la plénitude de la Vie où tu nous attires tous, dans le face à face du Ciel. Amen!"

Discours du Pape Saint Jean-Paul II à la Cérémonie de Départ
Aéroport International de Lomé-Tokoin, samedi, 10 août 1985 - in French & Italian

"Monsieur le Président, Chers Frères dans l’épiscopat, Mesdames et Messieurs, chers amis,

1. Dieu soit loué!
En rendant grâce à Dieu, je vous exprime à vous tous ma joie pour ces deux journées passées chez vous, au début de mon troisième voyage apostolique en Afrique. J’ai bénéficié agréablement de votre hospitalité: elle est proverbiale, mais j’ai constaté que vous méritiez bien cette réputation! J’ai été heureux aussi du témoignage des communautés chrétiennes que j’ai rencontrées, de leur vitalité, de leur prière ardente, de la simplicité chaleureuse de leur accueil. Nos grands rassemblements de prière à Lomé, à Kara, à Togoville, resteront dans la mémoire du cœur, de même que les autres rencontres. Enfin, mon bonheur est aussi de voir que ma visite a renforcé votre joie et votre espérance.

2. En partant, je voudrais exprimer ma vive gratitude à tous ceux qui ont contribué à l’organisation de ces jours de fête. A vous-même, Monsieur le Président de la République, qui m’avez personnellement accueilli avec une grande courtoisie, qui m’avez reçu chez vous avec honneur et qui avez pris généreusement des dispositions nombreuses et exceptionnelles pour garantir le bon déroulement des rencontres qui me tenaient à cœur. Au-delà de ma personne, je veux y voir l’estime dans laquelle vous tenez la mission universelle du Saint-Siège et aussi le rôle important de la communauté catholique en ce pays et son épanouissement dans la liberté religieuse. Ma reconnaissance va de même à toutes les Autorités publiques, à tous les services qui ont apporté leur concours aimable et efficace aux différentes étapes de ce voyage.

3. L’Eglise au Togo a pris également une grande part dans la préparation du programme. Je remercie, avec les évêques, tous ceux qui, prêtres, religieuses et laïcs, ont donné leur temps, leur talents, leur fatigue, pour que nos rencontres soient le plus fructueuses possible. J’ai éprouvé une vive satisfaction, non seulement pour la ferveur de votre participation, mais pour le soin que vous aviez pris de préparer spirituellement ma visite, afin de mieux “faire Eglise avec Pierre”. Je suis sur que le renouveau spirituel amorcé continuera et portera tous ses fruits.

Je salue avec une particulière affection les malades, les handicapés, tous ceux qui souffrent ou qui n’ont pas pu venir à nos rencontres: que Dieu lui-même leur apporte son réconfort!

Pour cette Eglise, j’ai déjà exprimé bien des vœux: je continuerai à les recommander à Dieu dans la prière. Je souhaite par-dessus tout que vous regardiez en avant. Ayant reçu la foi chrétienne, approfondissez-la, tirez-en toutes les conséquences, construisez avec elle une civilisation chrétienne originale, qui puise ce qu’il y a de meilleur dans vos traditions, et qui se réfère en même temps à l’expérience de l’Eglise universelle. Ce n’est pas l’Evangile qui doit changer, ce sont les cultures qui doivent s’efforcer de mieux assimiler les germes de vie et de salut apportés par Jésus-Christ. C’est cette évangélisation en profondeur qu’il importe de poursuivre, selon les orientations du Concile Vatican II, avec la lumière et la force de l’Esprit Saint. Je suis sur que vous pouvez préparer, avec la grâce de Dieu, un bel avenir pour votre Eglise, si vous cultivez avec persévérance la graine authentique de l’Evangile semée dans votre terre, et si vous veillez sur sa croissance. Ainsi, votre communauté catholique apportera elle-même sa richesse dans le concert de l’Eglise universelle, et, dans ce pays, en harmonieuses relations avec tous les citoyens, elle contribuera au progrès de la nation.

Je ne veux pas partir sans saluer nos frères protestants et les autres communautés religieuses qui m’ont accueilli avec bienveillance.

4. Pour tous les habitants de ce pays et leurs dirigeants, mes souhaits sont des souhaits de paix. Je n’ignore pas les difficiles problèmes que le Togo a à résoudre, comme beaucoup de pays de cette région d’Afrique, pour un développement vraiment humain; et ces problèmes sont encore aggravés par certaines épreuves comme celle de la sécheresse. Mais je sais que le Togo est capable d’y faire face, même avec des moyens pauvres, dans la concorde et dans une solidarité respectueuse de la dignité des personnes et des communautés. L’épanouissement spirituel, la justice, la paix, la prospérité - obtenue grâce à la coopération de tous avec la solidarité internationale, et répartie équitablement -, telles sont les conditions d’un avenir heureux pour tout pays, tels sont les souhaits que je forme spécialement pour le Togo.

Je vous remercie encore. Je vous assure que le Togo demeurera proche de mon cœur et de ma prière. En vous disant au-revoir, je demande à Dieu de vous combler de ses bénédictions!"

 

 

 

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