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St John Paul II's Apostolic Pilgrimage to Turkey

28th - 30th November 1979

Pope Saint John Paul II was a pilgrim to Turkey on his 4th apostolic journey.

Papa San Giovanni Paolo II spoke before leaving Rome & wrote a dedication in the Golden Book of the Mausoleum of Ataturk. In Istanbul on Thursday 29th November, Saint John Paul II spoke first with the Catholic community of Ankara, then with His Holiness Dimitrios, Patriarch of Constantinople and the Armenian Patriarch of Istanbul and finally with the Catholic Armenian Community of Istanbul, before celebrating Mass in the Cathedral of the Holy Spirit. On Friday 30th November, JPII met with the Polish community and then His Holiness Dimitrios I, St George in the Phanar before travelling from Istanbul to Ephesus, where he celebrated Mass in the House of Our Lady. Pope John Paul II and Patriarch Dimítrios I signed a Common Declaration. JPII thanked the Turkish authorities in Izmir before returning to Rome, where he spoke at the conclusion of his journey.

Discorso di Papa San Giovanni Paolo II alla Partenza
per La Turchia - Aeroporto di Fiumicino, 28 novembre 1979 - in Italian, Portuguese & Spanish     

"Ringrazio di vero cuore i venerati Cardinali, i Vescovi, il Decano del Corpo Diplomatico presso la Santa Sede, il Ministro Adolfo Sarti e le altre Autorità italiane, come pure tutti coloro che hanno voluto porgermi il loro beneaugurante saluto all’inizio del mio breve viaggio in Oriente.

Come ho già manifestato nel primo annuncio di questo mio nuovo pellegrinaggio, seguendo le orme del mio Predecessore Paolo VI che alla fine del mese di luglio del 1967 andò in Turchia, mi reco in quella Nazione per continuare con rinnovato impegno lo sforzo verso l’unità di tutti i cristiani, in base a uno degli scopi preminenti del Concilio Vaticano II; per mostrare, inoltre, l’importanza che la Chiesa cattolica dà al rapporto con le venerabili Chiese ortodosse alla vigilia dell’inizio di un dialogo teologico; ed infine, per esprimere il mio sincero affetto e la mia profonda carità verso tutte quelle Chiese e i loro Patriarchi, in particolare verso il Patriarcato ecumenico.

Pertanto, dopo aver rivolto il mio doveroso ossequio alle Autorità della Repubblica di Turchia ad Ankara, andrò a Istanbul per incontrarmi con Sua Santità il Patriarca ecumenico Dimitrios I e per partecipare alle solenni celebrazioni in onore di Sant’Andrea. Quindi mi recherò ad Efeso, la città in cui nel 431 si svolse il terzo Concilio ecumenico, che proclamò la Vergine Maria “Theotokos”, cioè “Madre di Dio”; e farò anche una visita ad Izmir.

Voglia il Signore Iddio, per la materna intercessione di Maria Santissima, accompagnare con la sua grazia i miei passi per questo cammino di grande speranza, che rappresenta un’altra tappa importante verso la piena e perfetta unità di tutti i cristiani.

Per queste alte finalità religiose ed ecumeniche chiedo, in questo momento, l’intensa preghiera di tutti i figli della Chiesa e la loro serena disponibilità alla voce dello Spirito.

Con la mia Benedizione Apostolica."

Dedicatoria  del Santo Padre Juan Pablo II
Libro de Oro del Mausoleo de Ataturk - Ankara, miércoles 28 de noviembre de 1979 - in Spanish     

El gobierno de los pueblos está en las manos del Señor. El suscita en el momento oportuno los jefes que les conviene, porque el amor a la libertad y el respeto del derecho hacen grande a una nación, pero es Dios quien garantiza el porvenir.

IOANNES PAULUS PP. II

Pape Saint Jean-Paul II à la Communauté Catholique d'Ankara
Ankara, Jeudi 29 novembre 1979 - in French, Italian, Portuguese & Spanish     

"Chers frères et fils, chers amis,
1. C’est une immense joie pour moi, successeur de saint Pierre dans le Collège apostolique et sur le siège de Rome, de m’adresser aujourd’hui à vous avec les paroles mêmes que saint Pierre adressait, il y a dix-neuf siècles, aux chrétiens qui formaient alors, comme aujourd’hui, une minorité sur cette terre, « dispersés et étrangers dans les régions du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce... À vous grâce et paix en abondance » (1 P, 1, 1-2).

Comme Pierre, je voudrais d’abord rendre grâce pour l’espérance vivante qui est en vous et qui vient du Christ ressuscité ; je voudrais exhorter chacun d’entre vous à être reconnaissant à Dieu, et ferme dans la foi, tels « des enfants obéissants » maintenant vos âmes pures dans l’obéissance à la vérité, dans une fraternité sincère avec une bonne conduite au milieu des nations... afin que, voyant vos bonnes œuvres, les hommes glorifient Dieu (cf. ibid. 1, 3,14, 22 ; 2, 12).

L’Apôtre prenait même soin de mentionner la loyauté envers les autorités civiles. « Agissez, disait-il, en hommes libres, non pas en hommes qui font de la liberté un voile sur leur malice, mais en serviteurs de Dieu. » (1 P, 2, 16.)

Oui, je voudrais vous inviter à considérer comme particulièrement vôtre cette lettre écrite à ceux qui vous ont précédés sur cette terre, à la relire attentivement, à en méditer chaque affirmation. J’attire à présent votre attention sur une de ses exhortations : « Soyez toujours prêts à répondre à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous. Mais que ce soit avec douceur et respect, en possession d’une bonne conscience » (ibid. 3, 15-16).

2. Ces paroles sont la règle d’or pour les rapports et les contacts que le chrétien doit avoir avec ses concitoyens qui ont une foi différente. Aujourd’hui, pour vous, chrétiens résidant ici en Turquie, votre sort est de vivre dans le cadre d’un État moderne — qui prévoit pour tous la libre expression de leur foi sans s’identifier avec aucune —, et avec des personnes qui, dans leur grande majorité, tout en ne partageant pas la foi chrétienne, se déclarent « obéissants envers Dieu », « soumis à Dieu », et même « serviteurs de Dieu », selon leurs propres paroles, qui rejoignent celles de saint Pierre déjà citées (cf. ibid. 2, 16) ; ils ont donc comme vous, la foi d’Abraham dans le Dieu unique tout-puissant et miséricordieux. Vous savez que le Concile Vatican II s’est prononcé ouvertement sur ce sujet, et moi-même j’ai rappelé, dans ma première encyclique Redemptor hominis, que « le Concile... a exprimé son estime pour les croyants de l’Islam, dont la foi se réfère aussi à Abraham » (n. 11).

Permettez-moi de rappeler ici, devant vous, ces paroles de la Déclaration conciliaire Nostra aetate : « L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent (« avec nous », lit-on dans un autre texte du Concile, Constitution Lumen gentium, n. 16) le Dieu un vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale Marie, et parfois même ils l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière l’aumône et le jeûne » (Déclaration Nostra aetate n. 3).

C’est donc en pensant à vos concitoyens, mais aussi au vaste monde islamique, que j’exprime à nouveau, aujourd’hui, l’estime de l’Église catholique pour ces valeurs religieuses.

3. Mes frères, quand je pense à ce patrimoine spirituel et à la valeur qu’il a pour l’homme et pour la société, à sa capacité d’offrir, surtout aux jeunes, une orientation de vie, de combler le vide laissé par le matérialisme, de donner un fondement sûr à l’organisation sociale et juridique, je me demande s’il n’est pas urgent, précisément aujourd’hui où chrétiens et musulmans sont entrés dans une nouvelle période de l’histoire, de reconnaître et de développer les liens spirituels qui nous unissent, afin de « protéger et de promouvoir ensemble, pour tous les hommes — comme nous y invite le Concile —, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté » (Déclaration Nostra aetate, ibid.).

La foi en Dieu, que professent les descendants spirituels d’Abraham, chrétiens, musulmans et juifs, quand elle est vécue sincèrement, qu’elle pénètre la vie, est un fondement assuré de la dignité, de la fraternité et de la liberté des hommes et un principe de rectitude pour la conduite morale et la vie en société. Et il y a plus : par suite de cette foi au Dieu créateur et transcendant, l’homme se trouve au sommet de la création. Il a été créé, enseigne la Bible, « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1, 27) ; pour le Coran, livre sacré des musulmans, bien que l’homme soit fait de poussière, « Dieu lui a insufflé son esprit et l’a doté de l’ouïe, de la vue et du cœur », c’est-à-dire d’intelligence (Sourate 32, 8).

L’univers, pour le musulman, est destiné à être soumis à l’homme en tant que représentant de Dieu, la Bible affirme que Dieu a ordonné à l’homme de soumettre la terre, mais aussi de la « cultiver et de la garder » (Gn 2, 15). En tant que créature de Dieu, l’homme a des droits qui ne peuvent être violés, mais il est également tenu à la loi du bien et du mal qui se fonde sur l’ordre établi par Dieu. Grâce à cette loi, l’homme ne se soumettra jamais à aucune idole. Le chrétien s’en tient au commandement solennel : « Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi. » (Ex 20, 30.) De son côté, le musulman dira toujours : « Dieu est le plus grand. »

Je voudrais profiter de cette rencontre et de l’occasion que m’offrent les paroles écrites par saint Pierre à vos prédécesseurs pour vous inviter à considérer chaque jour les racines profondes de la foi en Dieu dans lequel croient aussi vos concitoyens musulmans, pour en tirer le principe d’une collaboration en vue du progrès de l’homme de l’émulation dans le bien, de l’extension de la paix et de la fraternité dans la libre profession de la foi propre à chacun.

4. Cette attitude, chers Frères et Sœurs, va de pair avec la fidélité déjà si méritoire de vos communautés chrétiennes ici représentées. Cette fidélité hérite d’un grand passé. Nous avons déjà parlé de la lettre de saint Pierre, on pourrait s’étendre sur la dilection de saint Paul, de saint Jean pour les Églises d’Asie mineure. Un auteur profane du début du second siècle, Pline le Jeune, décrivait la vie des disciples du Christ avec étonnement, dans un témoignage qui reste précieux aux yeux de l’histoire. Mais, comment oublier la période florissante qui a suivi ; et particulièrement le temps des Pères de l’Église ?

Et, puisque saint Pierre parle de la Cappadoce ma pensée va spontanément à saint Basile le Grand (329-379), l’une des gloires les plus remarquables de l’Église de cette région, d’autant plus que survient cette année le seizième centenaire de sa mort : je suis heureux de vous annoncer qu’un document pontifical, illustrant la figure de ce très grand docteur, viendra couronner ce mémorable anniversaire.

5. Aujourd’hui, même si vos communautés sont modestes, elles sont riches de la présence de diverses traditions et elles sont constituées par des personnes provenant de nombreuses parties du monde. Cela vous donne l’occasion de vous exprimer réciproquement votre foi et votre espérance, et de donner ici un important témoignage d’unité et de fraternité.

Ayez toujours le courage et la fierté de votre foi. Approfondissez-la. Approchez-vous sans cesse du Christ, la pierre angulaire, comme des pierres vivantes, sûrs de remporter la fin de votre foi, le salut de vos âmes. Dès maintenant le Seigneur Jésus fait de vous les membres de son corps.

Fils de Dieu, il vous fait participer à sa nature divine il vous donne part à son Esprit. Puisez avec joie à la source jaillissante qu’est son eucharistie. Qu’il vous comble de sa charité ! Ayez aussi le sentiment d’être en communion avec l’Église universelle que le Pape représente devant vous, dans son humble personne. Votre témoignage est d’autant plus précieux qu’il est restreint en nombre, mais non dans sa qualité.

Pour moi, je tenais à vous dire ma profonde affection et ma confiance. Restons très unis par le lien de la prière. Je recommande au Christ Jésus, et à sa très sainte Mère, tous les besoins humains et spirituels de vos communautés, de chacune de vos familles. J’ai une pensée spéciale pour vos enfants, vos malades, ceux qui sont éprouvés. Qu’ils soient réconfortés par l’amour de Dieu et l’entraide de leurs frères ! De tout cœur je vous bénis, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit."

Discours du Pape Jean-Paul II au Patriarche Œcuménique Dimitrios I
Istanbul, jeudi 29 novembre 1979 - in French, Italian, Portuguese & Spanish     

"Sainteté
Que le Seigneur soit béni, lui qui nous a accorde la grâce et la joie de cette rencontre ici, à votre siège patriarcal !

C'est avec une profonde affection et une estime fraternelle que je vous salue, Sainteté, ainsi que le Saint-Synode qui vous entoure, et, à travers votre personne, je salue toutes les Eglises que vous représentez.

Je ne peux cacher ma joie de me trouver sur cette terre de traditions chrétiennes très anciennes et dans cette ville riche d'histoire, de civilisation et d'art qui la font figurer parmi les plus belles du monde. Aujourd'hui comme hier. Pour les chrétiens du monde entier habitués à lire et à méditer les écrits du Nouveau Testament, ces lieux sont familiers, et de même les noms des premières communautés chrétiennes de nombreuses cités qui se trouvent aujourd'hui sur le territoire de la Turquie moderne.

Le Christ "est notre paix", écrit saint Paul aux premiers chrétiens d'Éphèse (Ep 2, 14), et il ajoute: "Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ — c'est par grâce que vous êtes sauvés ! —, avec lui Il nous a ressuscités..." (Ep 2, 4-6).

Cette proclamation de la foi dans l'économie divine pour le salut des hommes résonne sur cette terre, se répercute et se renouvelle de génération en génération. Et elle est destinée à s'étendre jusqu'aux extrémités de la terre.

Les dogmes fondamentaux de la foi chrétienne, de la Trinité et du Verbe de Dieu incarné et né de la Vierge Marie, ont été définis par les Conciles œcuméniques qui se sont tenus dans cette ville ou dans les villes voisines (cf. décret Unitatis redintegratio, n. 14). La formulation même de notre profession de foi, du credo, a eu lieu dans ces premiers Conciles célébrés en même temps par l'Orient et par l'Occident. Nicée, Constantinople, Éphèse, Chalcédoine, sont des noms connus de tous les chrétiens. Ils sont particulièrement familiers à ceux qui prient, qui étudient et qui travaillent sous des formes diverses pour la pleine imité entre nos deux Églises sœurs.

Non seulement nous avons eu en commun ces Conciles décisifs qui sont comme des points d'orgue dans la vie de l'Église, mais pendant un millénaire, ces deux Églises-sœurs ont su croître ensemble et articuler leurs grandes traditions vitales.

La visite que j'accomplis aujourd'hui voudrait avoir le sens d'une rencontre dans la foi apostolique commune, pour marcher ensemble vers cette pleine unité que de tristes circonstances historiques ont blessée surtout au cours du deuxième millénaire. Comment ne pas exprimer notre ferme espérance en Dieu pour que se lève bientôt une ère nouvelle ?

Pour tout cela je suis heureux, Sainteté, de me trouver ici pour exprimer la profonde considération, la fraternelle solidarité de l'Église catholique pour les Églises orthodoxes d'Orient.

Dès maintenant je vous remercie de la chaleur de votre accueil."

Papa San Juan Pablo II al Patriarca Armenio de Estambul
Su Beatitud Shnork S. Kalutian - ueves 29 de noviembre de 1979 - in Italian, Portuguese & Spanish     

"Querido hermano en Cristo:
Acabo de cruzar, invadido de una santa emoción, los umbrales de este edificio, que representa para mí a vuestra antigua Iglesia Apostólica armenia.

Vuelvo a decir lo de "santa emoción", pues vuestra Iglesia, con su historia, presente y pasada, me ha parecido siempre que constituye una gran y misteriosa unión de las riquezas espirituales y culturales del Este y del Oeste, en el sentido más amplio de estos términos.

Y ahora me encuentro aquí. He venido a saludarte, hermano en nuestro Señor Jesucristo. He venido también a saludar en tu persona a la jerarquía, y en modo especial a Su Santidad Vasken I, Supremo Patriarca y Católicos de todos los armenios. He venido a saludar a todos mis hermanos y hermanas de vuestra Iglesia.

Esta visita que te hago hoy será un testimonio de la unidad que ya existe entre nosotros, y un testimonio de mi firme decisión de continuar, con la gracia de Dios, en el esfuerzo por alcanzar la plena comunión entre nuestras Iglesias. En esta ocasión, son dos las razones que me animan a afirmar esto.

La primera es una razón básica, que puede ser a menudo pasada por alto en una tentativa superficial por descubrir las razones por las que el Obispo de Roma vincula de modo tan natural su preocupación pastoral por la Iglesia católica con su responsabilidad por la unidad de todos los cristianos. Se trata de la palabra de nuestro Señor y Salvador, que oró por sus discípulos "para que todos sean uno, como tú, Padre, estás en mí y Yo en ti" (Jn 17, 21). El gran deseo de Jesucristo es la plena unidad y la comunión entre todos los cristianos. Mientras estemos divididos entre nosotros, no estamos realizando este punto esencial de nuestra vocación. Por eso no tenemos que dirigir nuestra mirada a ninguna otra parte en busca de las razones que exigen la perfecta comunión entre nuestras Iglesias.

La segunda razón es ésta: lo que ya se ha conseguido hasta ahora nos anima en la búsqueda de la restauración de la plena unidad cristiana. En mayo de 1970, con ocasión de la visita de Su Santidad Vasken I (procedente de la ciudad santa de Echmiadzin) a mi predecesor Pablo VI, el Papa y el Católicos afirmaron en una Declaración común que "la unidad no puede llevarse a cabo a menos que todos, Pastores y fieles, nos esforcemos por conocernos mutuamente. Por eso, urgen a los teólogos a dedicarse a un estudio común dirigido a un conocimiento más profundo del misterio de nuestro Señor Jesucristo...".

No eran palabras vacías. Evocaban una seria respuesta por parte de Pastores y fieles y por parte de los teólogos de ambas Iglesias, que están tratando de ponerlas seriamente en práctica. Ya han comenzado debates teológicos. Ya se han hecho estudios en común. Ha habido intercambio de estudiantes. Se ha hecho más frecuente entre nosotros compartir las alegrías y las penas de nuestras respectivas comunidades y colaborar en el esfuerzo porque la Palabra de Cristo pueda ser mejor conocida y más amada, "para que la Palabra del Señor avance con celeridad y sea El glorificado" (2 Tes 3, 1).

Hoy mismo nos reuniremos para rezar juntos. Que esto sea expresión de nuestro deseo de que nuestra colaboración progrese y crezca con la bendición de Dios Padre y con la asistencia del Espíritu Santo, que Cristo nos prometió como abogado que nos enseña todo y que continuamente nos recuerda todo lo que Cristo nos dijo (cf. Jn 14, 26)."

Jean-Paul II à la Comunauté Arménienne Catholique d'Istanbul
Cathédrale arménienne Saint-Jean-Chrysostome, Istanbul, jeudi 29 novembre 1979 - in French, Italian, Portuguese & Spanish     

"Cher frère, Chers frères et sœurs de l’archidiocèse arménien catholique d’Istanbul,
Dans la joie, je rends grâce à Dieu qui m’a permis de venir à Istanbul et de passer ces quelques instants avec vous. Instants trop courts et pour vous et pour moi.

Je sais votre fidélité dans la foi, votre cohésion autour de votre archevêque, votre effort incessant pour maintenir vivante votre communauté, ses belles traditions, son riche patrimoine de spiritualité. Et je sais aussi votre attachement méritoire à la personne du Pape, votre volonté de demeurer en pleine communion avec le Siège apostolique de Rome.

Cette fidélité et cet attachement s’enracinent dans une longue histoire, qui a produit des fruits chrétiens admirables, durant des siècles, en divers pays d’Orient, mais qui a souvent été marquée de grandes épreuves et même de profondes souffrances. La mémoire de cette émouvante histoire est un motif supplémentaire pour vous rendre aujourd’hui un fervent hommage, vous apporter, ainsi qu’à vos frères, réconfort et encouragement et vous souhaiter l’épanouissement dans la paix.

Pour ma part, j’ai bien connu et apprécié les chrétiens arméniens dans ma propre patrie, en Pologne. Depuis ma jeunesse, j’ai été familiarisé avec leurs communautés, comme avec d’autres Églises orientales. Dieu veuille que cette expérience providentielle m’aide à travailler à l’estime et à la compréhension réciproques et au resserrement des liens fraternels qui devraient unir toutes les Églises du Christ !

Je vous invite à participer vous aussi à ce grand mouvement de l’unité, en votre qualité d’orientaux et de catholiques. Vous vivez ici en contact direct avec des frères chrétiens orthodoxes ; vous habitez la même ville, vous affrontez les mêmes problèmes pastoraux, les mêmes préoccupations sociales ; vous célébrez la même liturgie. La réalisation de la pleine communion entre tous les chrétiens est pour vous un problème urgent que vous rencontrez dans la vie de chaque jour. Qui plus que vous devrait être apte à interpréter et à appliquer les sages directives du deuxième Concile du Vatican en ce domaine ? Vous êtes immédiatement appelés à être des artisans de l’unité. Comme l’affirme le même Concile du Vatican : « Aux Églises d’Orient en communion avec le Siège apostolique romain appartient à titre particulier la charge de promouvoir l’unité de tous les chrétiens, notamment des chrétiens orientaux, selon les principes du décret de ce Concile sur l’œcuménisme, par la prière d’abord, par l’exemple de leur vie, par une religieuse fidélité aux antiques traditions orientales, par une meilleure connaissance mutuelle, par la collaboration et l’estime fraternelle des choses et des hommes. » (Décret Orientalium Ecclesiarum, n. 24.)

De tout cœur, je vous remercie pour votre accueil chaleureux, pour votre disponibilité, pour votre amour, pour votre ouverture au dialogue fraternel, pour votre sensibilité aux signes des temps et à ce que l’Esprit-Saint aujourd’hui demande à l’Église. J’implore sur vous les dons de l’Esprit-Saint et l’assistance maternelle de la Mère de Dieu. Je prie spécialement pour ceux qui, parmi vous ou parmi vos frères, connaissent l’épreuve, la maladie, la vieillesse, la dispersion ; je prie aussi pour les jeunes générations. Que Dieu vous garde forts dans la foi, persévérants dans l’espérance, magnanimes dans la charité ! Et qu’il vous comble de sa paix ! Ces souhaits, je les forme aussi pour la grande famille arménienne répandue à travers le monde. Et je vous bénis de tout cœur, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit."

Homélie de Saint Jean-Paul II à la Messe dans l'Église du Saint-Esprit
Istanbul, jeudi 29 novembre 1979 - in French, Italian, Portuguese & Spanish     

"Frères très chers dans le Seigneur,
« À vous la paix, la charité et la foi, en Dieu le Père et en Notre-Seigneur Jésus-Christ » (cf. Ep 6, 23).
Que ce souhait de l’apôtre Paul aux chrétiens d’Éphèse soit aussi celui que je vous adresse.

Je me tourne d’abord vers le patriarche œcuménique, S. S. Dimitrios Ier, et vers le patriarche arménien, S. B. Shnorhk Kalustian, frères vénérés qui ont voulu s’unir à cette célébration et nous faire ainsi honneur, à nous et à toute notre communauté locale. Je leur exprime ma profonde gratitude.

1. Je vous salue cordialement, frères et fils de l’Église catholique, évêques, prêtres, religieux, religieuses, fidèles laïcs, appartenant aux diverses communautés catholiques de la ville et aux divers rites et je salue aussi, à travers vous, tous les catholiques de ce grand pays. Je vous remercie de votre accueil chaleureux et filial, ainsi que pour la joie que vous me donnez. Je voudrais également adresser mes vifs remerciements à tous ceux qui ont rendu possible ce voyage, et d’une manière particulière aux autorités de ce pays, qui m’ont accueilli avec tant de courtoisie. Ma rencontre avec vous, frères et sœurs dans le Seigneur, me remplit d’une immense joie J’apprécie votre présence active dans cette splendide cité historique, riche de tant de témoignages chrétiens admirables. Et comment oublier que les points essentiels de notre foi ont trouvé leur formulation dogmatique dans les Conciles œcuméniques tenus dans cette ville, ou dans les villes voisines, et qui en portent désormais le nom : Nicée Constantinople, Éphèse, Chalcédoine ? Comment ne pas évoquer avec émotion les Pères de l’Église d’Orient, pasteurs et docteurs, qui sont nés dans cette région ou y ont exercé un apostolat hors pair, en nous laissant des écrits lumineux qui sont aujourd’hui une nourriture et une référence pour toute l’Église, en Occident comme en Orient ? Je pense notamment à saint Jean Chrysostome, évêque de Constantinople, dont le courage, la clarté, la profondeur, l’éloquence en ont fait le modèle du pasteur et du prédicateur. Je pense à toute cette vie contemplative qui a fleuri ici au cours des siècles à l’école des maîtres spirituels, je pense à la fidélité de la foi à travers bien des épreuves. Chers frères et sœurs, aujourd’hui, vous héritez en quelque sorte de ce trésor et de ces exemples qui doivent fructifier dans vos âmes. Je suis heureux de vous voir professer cette foi avec conviction, avec persévérance, en esprit de sacrifice. En divers domaines et de diverses manières, vous rendez un service apprécié à l’Église et à ce pays. Que vous agissiez directement dans le domaine ecclésial ou que vous vous adonniez à des activités culturelles plus générales, ou à l’éducation de la jeunesse, ou aux œuvres de charité vous voulez exprimer votre foi en servant toujours l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27), et en contribuant à construire l’Église de Dieu, édifiée sur le fondement des apôtres et sur la pierre angulaire qu’est le Christ (cf. Ep 2, 20)

2. Frères et sœurs, j’ai désiré célébrer avec vous cette sainte liturgie, particulièrement en cette heureuse circonstance de la fête de l’apôtre saint André. André fut le premier appelé à suivre Jésus. « Venez et voyez », avait dit le Seigneur (Jn 1, 39). Et André se mit en marche, il le suivit, et il demeura « auprès de lui ce jour-là ». Et non seulement « ce jour-là » ; il le suivit durant toute sa vie ; il le vit opérer des miracles, guérir les malades, pardonner les péchés, rendre la vue aux aveugles, ressusciter les morts ; il connut sa douloureuse passion et sa mort, et il le vit ressuscité. Et il continua à croire en lui jusqu’au témoignage final du martyre.

La célébration de la fête d’un saint nous rappelle notre propre vocation à la sainteté. Saint Pierre, le frère d’André, nous le rappelle d’une manière stimulante dans sa lettre écrite précisément aux chrétiens d’Asie Mineure : « Montrez-vous saints vous aussi dans toute votre conduite, de même que Celui qui vous a appelés est saint. » (1 P 1,15.)

La vocation chrétienne est sublime et exigeante, et elle serait irréalisable pour nous si l’Esprit de Dieu ne nous donnait pas la lumière pour comprendre et la force nécessaire pour agir. Mais le Christ nous a aussi assurés de son assistance : « Voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 20.)

Oui, la vocation chrétienne est une vocation à la perfection, pour édifier le Corps du Christ « jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme parfait, à la mesure de la taille de la plénitude du Christ » (Ep 4, 13). Fermes dans la foi puissions-nous croître de toutes manières « en pratiquant la vérité dans la charité » (Ep 4,15).

3. Élargissons maintenant notre méditation au mystère de l’Église. Saint André, le premier appelé, patron de l’Église de Constantinople, est le frère de saint Pierre, le choryphée des apôtres, fondateur avec saint Paul de l’Église de Rome et son premier évêque. D’un côté, ce fait nous rappelle un drame du christianisme, la division entre l’Orient et l’Occident, mais il nous rappelle aussi la réalité profonde de la communion qui existe, nonobstant toutes les divergences, entre les deux Églises.

Comme il nous faut remercier le Seigneur d’avoir fit surgir, au cours des dernières décennies, des pionniers éclairés et des artisans infatigables de l’unité, tels que le Patriarche Athénagoras, de vénérée mémoire, et mes grands prédécesseurs, le Pape Jean XXIII — dont cette cité et cette Église conservent avec honneur le souvenir — et le Pape Paul VI qui est venu vous rencontrer avant moi ! Leur action a été féconde pour la vie de l’Église et pour la recherche de la pleine unité entre nos Églises, qui s’appuient sur l’unique pierre angulaire qu’est le Christ et sont édifiées sur le fondement des apôtres.

Les contacts toujours plus intenses de ces dernières années ont fait redécouvrir la fraternité entre nos deux Églises et la réalité d’une communion entre elles, même si elle n’est pas parfaite. L’Esprit de Dieu nous a aussi montré de manière toujours plus claire l’exigence qui s’impose de réaliser la pleine unité afin de rendre un témoignage plus efficace pour notre temps.

Ma visite au Patriarche œcuménique et mon pèlerinage à Éphèse, où Marie a été proclamée « Theotokos « Mère de Dieu», a pour but de servir — dans la mesure où je le puis et pour autant que le Seigneur le permettra — à cette sainte cause. Je remercie la Providence d’avoir guidé mes pas jusqu’en ces lieux.

Nous sommes à la veille de l’ouverture du dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe dans son ensemble. Il s’agit d’une autre phase importante du processus vers l’unité. Ce dialogue sera appelé, en partant de ce que nous avons en commun, à identifier, affronter et résoudre toutes les difficultés qui nous interdisent encore la pleine unité. Demain, je participerai à la célébration de la fête de saint André dans l’église du Patriarcat œcuménique. Nous ne pourrons pas concélébrer. C’est là le signe le plus douloureux du malheur introduit dans l’unique Église du Christ par la division. Mais, grâce à Dieu, nous célébrons désormais ensemble, depuis quelques années, la fête des protecteurs de nos Églises, comme gage et volonté effective de la pleine concélébration ; à Rome, nous célébrons la fête des saints Pierre et Paul en présence d’une délégation orthodoxe, et on célèbre au Patriarcat œcuménique la fête de saint André avec une présence catholique.

La communion dans la prière nous conduira à la pleine communion dans l’Eucharistie. J’ose espérer que ce jour est proche. Personnellement, je le souhaiterais très proche. N’avons-nous pas déjà en commun la même foi eucharistique et les véritables sacrements, en vertu de la succession apostolique ? Souhaitons que la communion totale dans la foi, notamment dans le domaine ecclésiologique, permettra bientôt cette pleine « communicatio in sacris ». Déjà mon vénéré prédécesseur, le Pape Paul VI, avait désiré voir ce jour, tout comme le Patriarche Athénagoras Ier ; ainsi s’exprimait-il en parlant de ce dernier aussitôt après sa mort : « Toujours il résumait ses sentiments en une seule et suprême espérance : celle de pouvoir avec nous boire au même calice, c’est-à-dire célébrer ensemble le sacrifice eucharistique, synthèse et couronnement de la commune identification ecclésiale avec le Christ. Cela, nous l’avons aussi tant désiré ! Maintenant ce désir irréalisé doit demeurer notre héritage et notre engagement. » (Angélus du 9 juillet 1972.) (2) Pour ma part, en reprenant cet héritage, je partage ardemment ce désir, que le temps et les progrès dans l’union ne font qu’aviver.

4. Je sais que vous aussi, catholiques de cette ville et de toute la Turquie, vous êtes conscients de l’importance que revêt la recherche de la pleine unité entre les chrétiens. Je sais que vous priez et que vous travaillez dans ce but, et que vous avez des contacts fraternels avec l’Église orthodoxe et avec les autres chrétiens de votre ville et de votre pays. Je vous en suis profondément reconnaissant.

Je sais aussi que vous cherchez des rapports d’amitié avec les autres croyants qui invoquent le nom du Dieu unique, et que vous êtes des citoyens actifs et loyaux de ce pays où vous formez une minorité. Je vous y encourage de tout cœur.

Que Dieu vous bénisse ! Qu’il bénisse vos communautés, vos familles, vos personnes, spécialement ceux qui souffrent et pour lesquels j’aurai une intention particulière. Et qu’il vous accorde toujours ce dont vous avez besoin pour lui rendre dans votre vie un témoignage toujours plus fidèle.

5. Et maintenant, chers frères et sœurs, je vous invite à prier avec ferveur, au cours de ce sacrifice eucharistique, pour la pleine communion de nos Églises. Le progrès dans l’unité s’appuiera sur nos efforts, sur nos travaux théologiques, sur nos démarches répétées, et spécialement sur notre charité mutuelle ; mais c’est en même temps une grâce du Seigneur. Supplions-le d’aplanir les obstacles qui ont retardé jusqu’ici la marche vers la pleine unité. Supplions-le de donner, à tous ceux qui collaborent au rapprochement, son Esprit-Saint qui les conduira vers la vérité entière, qui élargira leur charité, qui les rendra impatients de l’unité. Suppliez-le pour que nous-mêmes, pasteurs des Églises-sœurs , nous soyons les meilleurs instruments en cette heure de l’Histoire, pour régir ces Églises, c’est-à-dire pour les servir comme le veut le Seigneur, et servir ainsi l’unique Église qui est son Corps. Au cours du second millénaire, nos Églises s’étaient comme figées dans leur séparation. Voici que le troisième millénaire du christianisme est à nos portes. Puisse l’aube de ce nouveau millénaire se lever sur une Église qui a retrouvé sa pleine unité, pour mieux témoigner, au milieu des tensions exacerbées de ce monde, de l’amour transcendant de Dieu, manifesté en son Fils Jésus-Christ.

Dieu seul connaît les temps et les moments. Pour nous, veillons et prions, dans l’espérance, avec la Vierge Marie, la Mère de Dieu, qui ne cesse de veiller sur l’Église de son Fils, comme elle a veillé sur les apôtres. Amen."

Discorso di Papa San Giovanni Paolo II alla Comunita Polacca
Istanbul, 30 novembre 1979 - in Italian, Portuguese & Spanish     

"Cari connazionali!
1. Nel programma della mia attuale visita non poteva mancare l’incontro con voi. È un incontro insolito per le circostanze nelle quali viene effettuato. Quando, qualche anno fa, venne a Cracovia il Professor L. Biskupski a incontrarmi, nel corso del colloquio egli mi avanzò anche la proposta di visitare la vostra Comunità ad Adampol in Turchia. Era però difficile prevedere le possibilità in proposito. La Provvidenza divina ha fatto sì che oggi quell’invito si stia realizzando e in un modo che, durante quell’incontro, nessuno di noi poteva prevedere.

2. La colonia polacca in Turchia non è numerosa, essa tuttavia ha un significato eccezionale, ha una particolare eloquenza storica. Prima di tutto, la vostra presenza qui ricorda un fatto che ad ogni polacco è molto caro. Ecco, dopo la spartizione della Polonia, quando diverse corti reali europee avevano preso atto della violenza fatta sul vivo corpo del nostro Paese, soltanto la Turchia non condivise tale violenza. Eppure abbiamo avuto alle nostre spalle secoli difficili. Le reiterate guerre, condotte con alterna fortuna fino a Vienna nel 1683. Se dunque, dopo tutto ciò, proprio qui ad Istanbul dai Sultani non è stata accettata la spartizione della Polonia, allora questo fatto dobbiamo ritenerlo come qualcosa di insolito.

“Il Nunzio dal Lechistan (Polonia) non è ancora arrivato”, veniva annunciato per molti anni in questa corte durante i ricevimenti dei rappresentanti degli altri Stati. E finalmente è venuto il momento dell’arrivo di questo Nunzio.

3. Adampol (Polonezköy) deve la sua denominazione al principe Adam Jerzy Czartoryski, che nel 1842 diede inizio a questa colonia polacca, fondata sui terreni che i polacchi avevano comprato dai missionari di San Vincenzo de Paul (Lazzaristi). Però la storia della presenza della colonia polacca nell’antica capitale della Turchia ad Istanbul risale a un passato molto più lontano, e conta circa 400 anni. Raramente è accaduto altrove nel mondo che un raggruppamento di polacchi potesse sopravvivere così a lungo lontano dalla Patria. Qui hanno trovato rifugio gli insorti polacchi del 1830-31, i prigionieri di guerra riscattati dai Turchi dalle armate dello zar, i soldati polacchi della divisione di Zamoyski sciolta nel 1856.

Nel 1855 è venuto ad Istanbul Adam Mickiewicz, il nostro più grande poeta, per sostenere qui lo spirito patriottico tra i polacchi e formare una legione polacca, che, secondo la concezione del romanticismo, doveva servire alla liberazione della Patria, la quale, dopo l’insurrezione del novembre, fu ancor più soggiogata.

La colonia polacca in Turchia ha vissuto diverse vicende e ha affrontato diverse difficoltà. Il fatto che oggi ci incontriamo qui e parliamo con la lingua dei nostri avi costituisce la migliore testimonianza del suo atteggiamento.

4. Voi siete eredi di quei Polacchi che, più di cento anni fa, hanno dato inizio a questa oasi polacca sul Bosforo. Io, come vostro Connazionale e insieme “primo Papa della stirpe dei Polacchi”, vi incontro oggi con grande commozione. Ringrazio Dio per questo incontro.

Contemporaneamente vi rivolgo i più cordiali auguri di ogni grazia di Dio nella vostra vita personale, familiare, sociale, civica.

Insieme con voi, raccomando alla protezione della Genitrice di Dio la Polonia, Patria dei nostri antenati e nostra Patria. Rimanete saldi nella fedeltà a Cristo e alla sua Chiesa, che ci accompagna, attraverso tutta la storia, di generazione in generazione. Vi benedico nel nome della Santissima Trinità e saluto ciascuno di voi e tutta la vostra Comunità."

Discours du Pape Saint Jean-Paul II à sa Sainté Dimitrios I
Saint-Georges du Phanar, Istanbul - Fête de saint André, le 30 novembre 1979 - in French, Italian, Portuguese & Spanish     

"Très saint et très vénéré Frère,
« Qu’il est bon qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble. » (Ps 132.)

Ces paroles du psalmiste jaillissent de mon cœur en ce jour où je suis avec vous. Oui, qu’il est bon, qu’il est doux d’être frères tous ensemble !

Nous sommes réunis pour célébrer saint André, un apôtre, le premier appelé des apôtres le frère de Pierre, choryphée des apôtres. Cette circonstance souligne la signification ecclésiale de notre rencontre d’aujourd’hui. André était un apôtre, c’est-à-dire un de ces hommes choisis par le Christ pour être transformés par son Esprit, et envoyés dans le monde, comme lui-même avait été envoyé par son Père (cf. Jn 17 18). Ils ont été envoyés pour annoncer la Bonne Nouvelle de la réconciliation donnée dans le Christ (cf. 2 Co 5, 18-20), pour appeler les hommes à entrer par le Christ en communion avec le Père dans l’Esprit-Saint (cf. 1 Jn 1, 1-3) et pour rassembler ainsi les hommes devenus enfants de Dieu en un grand peuple de frères (cf. Jn 11, 52). Tout réunir dans le Christ à la louange de la gloire de Dieu (cf. Ep 1, 10-12) telle est la mission des apôtres, telle est la mission de ceux qui, après eux, furent aussi choisis et envoyés, telle est la vocation de l’Église.

Nous célébrons donc aujourd’hui un apôtre le premier appelé des apôtres, et cette fête nous rappelle cette exigence fondamentale de notre vocation, de la vocation de l’Église.

Cet apôtre, le patron de l’illustre Église de Constantinople, est le frère de Pierre. Certes, tous les apôtres sont liés entre eux par la fraternité nouvelle qui unit ceux dont le cœur est renouvelé par l’Esprit du Fils (cf. Rm 8, 15) et auxquels est confié le ministère de la réconciliation (cf. 2 Co 5, 18), mais cela ne supprime pas, loin de là, les liens particuliers créés par la naissance et l’éducation dans une même famille. André est le frère de Pierre. André et Pierre étaient frères et, au sein du Collège apostolique, une intimité plus grande devait les lier, une collaboration plus étroite devait les unir dans la tâche apostolique.

Ici encore la célébration d’aujourd’hui nous rappelle qu’entre l’Église de Rome et l’Église de Constantinople des liens particuliers de fraternité et d’intimité existent qu’une plus étroite collaboration est naturelle entre ces deux Églises.

Pierre, le frère d’André, est le choryphée des apôtres. Il a le premier, grâce à l’inspiration du Père, reconnu en Jésus le Christ, le Fils du Dieu vivant (cf. Mt 16, 16) ; à cause de cette foi, il a reçu le nom de Pierre, pour que l’Église s’appuie sur ce roc (cf. Mt 16, 18). Il a été chargé d’assurer l’harmonie de la prédication apostolique. Frère parmi les frères, il a reçu mission de les confirmer dans la foi (cf. Lc 22 32) ; il a, le premier, la responsabilité de veiller à l’union de tous, d’assurer la symphonie des saintes Églises de Dieu dans la fidélité « à la foi transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3).

C’est dans cet esprit, c’est animé de ces sentiments que le successeur de Pierre a voulu en ce jour rendre visite à l’Église qui a pour patron saint André, à son vénéré pasteur, à toute sa hiérarchie et à tous ses fidèles. Il a voulu venir participer à sa prière. Cette visite au premier siège de l’Église orthodoxe montre clairement la volonté de l’Église catholique tout entière d’aller de l’avant dans la marche vers l’unité de tous, et aussi sa conviction que le rétablissement de la pleine communion avec l’Église orthodoxe est une étape fondamentale du progrès décisif de tout le mouvement œcuménique. Notre division n’a peut-être pas été sans influence sur les autres divisions qui l’ont suivie.

Ma démarche se situe dans la ligne de l’ouverture réalisée par Jean XXIII. Elle reprend et prolonge les démarches mémorables de mon prédécesseur Paul VI, celle qui le conduisit d’abord à Jérusalem, où eut lieu pour la première fois l’accolade émouvante et le premier dialogue oral avec le Patriarche œcuménique de Constantinople, au lieu même où s’accomplit le mystère de la Rédemption pour la réunion des enfants de Dieu dispersés, puis la rencontre se fit ici même, voici un peu plus de douze ans, en attendant que le Patriarche Athénagoras vienne à son tour rendre sa visite à Paul VI, à son siège de Rome. Ces deux grandes figures nous ont quittés pour rejoindre Dieu : ils ont achevé leur ministère, l’un et l’autre tendus vers la pleine communion et presque impatients de la réaliser de leur vivant. Pour ma part, je n’ai pas voulu tarder davantage à venir prier avec vous, chez vous ; parmi mes voyages apostoliques déjà réalisés ou projetés, celui-ci avait à mes yeux une importance et une urgence particulières. J’ose aussi espérer que, de nouveau, nous pourrons prier ensemble, Sa Sainteté le Patriarche Dimitrios Ier et moi-même, et cette fois sur la tombe de l’apôtre Pierre. De telles démarches expriment devant Dieu et devant tout le Peuple de Dieu notre impatience de l’unité.

Pendant presque tout un millénaire, les deux Églises-sœurs ont grandi côte à côte, comme deux grandes traditions vitales et complémentaires de la même Église du Christ, conservant non seulement des relations pacifiques et fructueuses, mais le souci de l’indispensable communion dans la foi, la prière et la charité qu’elles ne voulaient à aucun prix remettre en cause, malgré des sensibilités différentes. Le second millénaire au contraire a été assombri, à part quelques fugitives éclaircies, par la distance que ces deux Églises ont prise l’une vis-à-vis de l’autre, avec toutes ses funestes conséquences. La plaie n’est pas encore guérie. Mais le Seigneur peut la guérir et il nous enjoint de nous y prêter le mieux possible. Nous voilà désormais au terme du deuxième millénaire : ne serait-ce pas le temps de hâter le pas vers la parfaite réconciliation fraternelle, afin que l’aube du troisième millénaire nous trouve debout côte à côte, dans la pleine communion, pour témoigner ensemble du salut à la face du monde dont l’évangélisation attend ce signe d’unité ?

Sur le plan concret, la visite d’aujourd’hui montre aussi l’importance que l’Église catholique attache au dialogue théologique qui va commencer avec l’Église orthodoxe. Avec réalisme et sagesse, conformément au souhait du Siège apostolique de Rome et aussi au désir des Conférences panorthodoxes, il avait été décidé de renouer entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes des relations et des contacts qui permettraient de se reconnaître et de créer l’atmosphère nécessaire à un fructueux dialogue théologique. Il fallait refaire le contexte avant d’essayer de refaire ensemble les textes. Cette période a été justement appelée le dialogue de la charité. Ce dialogue a permis de reprendre conscience de la profonde communion qui nous unit déjà, et fait que nous pouvons nous regarder et nous traiter comme Églises-sœurs. Beaucoup a été réalisé déjà, mais il faut continuer cet effort. Il faut tirer les conséquences de cette redécouverte théologique réciproque, partout où catholiques et orthodoxes vivent ensemble. Il faut surmonter les habitudes d’isolement pour collaborer dans tous les domaines de l’action pastorale où une telle collaboration est rendue possible par la communion presque totale qui existe déjà entre nous. Il ne faut pas avoir peur de reconsidérer de part et d’autre, et en consultation les uns avec les autres, des règles canoniques établies alors que la conscience de notre communion — désormais étroite même si elle est encore incomplète — était encore obscurcie, règles qui ne correspondent peut-être plus aux résultats du dialogue de la charité et aux possibilités qu’ils ont ouvertes. C’est important pour que les fidèles de part et d’autre se rendent compte des progrès accomplis, et il serait souhaitable que ceux qui vont être chargés du dialogue aient cette préoccupation de tirer les conséquences, pour la vie des fidèles, des progrès à venir.

Ce dialogue théologique qui va maintenant commencer aura pour tâche de surmonter les malentendus et les désaccords qui existent encore entre nous, sinon au niveau de la foi du moins au niveau de la formulation théologique. Il devrait se dérouler non seulement dans l’atmosphère du dialogue de la charité qui doit se développer et s’intensifier, mais aussi dans une atmosphère d’adoration et de disponibilité.

C’est seulement dans l’adoration, avec un sens aigu de la transcendance du mystère indicible « qui surpasse toute connaissance » (Ep 3, 19), que l’on pourra situer nos divergences et « ne rien imposer qui ne soit nécessaire » (Ac 15 28) pour rétablir la communion (cf. décret Unitatis redintegratio, n. 18). Il me semble, en effet, que la question que nous devons poser n’est pas tant de savoir si nous pouvons rétablir la pleine communion, mais bien plutôt si nous avons encore le droit de rester séparés. Cette question, nous devons nous la poser au nom même de notre fidélité à la volonté du Christ sur son Église à laquelle une prière incessante doit nous rendre les uns et les autres toujours plus disponibles au cours du dialogue théologique.

Si l’Église est appelée à rassembler les hommes dans la louange de Dieu, saint Irénée, grand docteur de l’Orient et de l’Occident, nous rappelle que a la gloire de Dieu c’est l’homme vivant » (Adv. Haer., IV, 20, 7). Tout, dans l’Église, est ordonné à permettre que l’homme vive vraiment dans cette pleine liberté qui provient de sa communion avec le Père par le Fils dans l’Esprit. Saint Irénée, en effet, continue aussitôt : « et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu », la vision du Père manifesté dans le Verbe.

L’Église ne peut pleinement répondre à cette vocation qu’en témoignant par son unité de la nouveauté de cette vie donnée dans le Christ : « Moi en eux comme toi en moi pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » (Jn 17, 23.)

Sûr que notre espérance ne peut être déçue (cf. Rm 5, 5), je vous redis, frères bien aimés, ma joie de me trouver parmi vous, et avec vous j’en rends grâce au Père de qui vient tout don parfait (cf. Jc 1, 17)."

Homélie de St Jean-Paul II à la Messe à la Maison de la Vierge, Ephèse
Ankara, Jeudi 29 novembre 1979 - in French, Italian, Portuguese & Spanish     

"1.C’est avec un cœur débordant d’émotion que je prends la parole en cette liturgie solennelle qui nous réunit autour de la table eucharistique pour célébrer, dans la lumière du Christ Rédempteur, la glorieuse mémoire de sa très sainte Mère. L’esprit est comme envahi par la pensée que, précisément en cette ville, l’Église rassemblée en Concile — le troisième Concile œcuménique — reconnut officiellement à la Vierge Marie le titre de « Theotokos  » qui lui était déjà donné par le peuple chrétien, mais qui était contesté depuis quelque temps en certains milieux, surtout influencés par Nestorius. La jubilation avec laquelle la population d’Éphèse accueillit, en cette année 431 déjà bien lointaine, les Pères qui sortaient de la salle du Concile où la vraie foi de l’Église avait été réaffirmée, se propagea rapidement dans toutes les parties du monde chrétien et n’a cessé de retentir à travers les générations successives qui, au cours des siècles ont continué à se tourner avec confiance vers Marie comme vers celle qui a donné la vie au Fils de Dieu.

Aujourd’hui, nous aussi, et avec le même élan filial et la même confiance profonde, nous recourons à la Vierge sainte, en saluant en elle la
« Mère de Dieu » et en lui confiant les destinées de l’Église, soumise en notre temps à des épreuves particulièrement dures et insidieuses, mais également poussée par l’action de l’Esprit-Saint sur des chemins ouverts aux espérances les plus prometteuses.

2.« Mère de Dieu ». En répétant aujourd’hui cette expression chargée de mystère, nous retournons en esprit au moment ineffable de l’Incarnation et nous affirmons avec toute l’Église que la Vierge devint Mère de Dieu pour avoir engendré selon la chair un Fils qui était personnellement le Verbe de Dieu. Quel abîme de condescendance divine s’ouvre devant nous!

Une question vient immédiatement à l’esprit: pourquoi le Verbe a-t-il préféré naître d’une femme (cf Ga 4, 4), plutôt que de descendre du ciel avec un corps déjà adulte, formé de la main de Dieu (cf Gn 2, 7)? Est-ce que cela n’aurait pas été plus digne de lui? Plus adéquat à sa mission de maître et de sauveur de l’humanité? Nous savons que dans les premiers siècles surtout, beaucoup de chrétiens (les docètes, les gnostiques, etc) auraient préféré que les choses fussent ainsi. Le Verbe, au contraire, prit l’autre chemin. Pourquoi?

La réponse nous arrive avec la simplicité transparente et convaincante des œuvres de Dieu. Le Christ voulait être un véritable rejeton (cf Is 11, 1) de la souche qu’il venait sauver. Il voulait que la rédemption jaillisse pour ainsi dire de l’intérieur de l’humanité, comme quelque chose d’elle-même. Le Christ voulait secourir l’homme, non comme un étranger, mais comme un frère, en se faisant en tout semblable à lui excepté le péché (cf He 4, 15). C’est pourquoi il voulut une mère et la trouva en la personne de Marie. La mission fondamentale de la jeune fille de Nazareth fut donc celle d’être le trait d’union entre le Sauveur et le genre humain.

Cependant, dans l’histoire du salut, l’action de Dieu ne se déroule pas sans faire appel à la collaboration des hommes: Dieu n’impose pas le salut. Il ne l’a pas imposé non plus à Marie. Dans l’événement de l’Annonciation, il se tourne vers elle d’une manière personnelle, sollicite sa volonté et attend une réponse qui jaillisse de sa foi. Les Pères ont très bien approfondi cet aspect, en faisant ressortir que « la bienheureuse Marie, en croyant à Celui qu’elle engendra, le conçut aussi dans un acte de foi
» (St Augustin, Sermo 215, 4). Le récent Concile Vatican II a souligné la même chose, en affirmant que la Vierge « à l’annonce de l’Ange accueillit dans son cœur et dans son corps le Verbe de Dieu » (Lumen gentium, 58).

Le « fiat » de l’Annonciation inaugure ainsi la Nouvelle Alliance entre Dieu et la créature: tandis que ce « fiat » incorpore Jésus à notre lignée selon la nature humaine, il incorpore Marie à Jésus selon l’ordre de la grâce. Le lien entre Dieu et l’humanité, rompu par le péché, est maintenant heureusement rétabli.

3. Le consentement total et inconditionnel de la « servante du Seigneur » (Lc 1, 38) au dessein de Dieu fut donc une adhésion libre et consciente. Marie consentit à devenir la Mère du Messie, venu pour « sauver son peuple de ses péchés » (Mt 1, 21 ; cf Lc 1, 31). Ce ne fut point un simple consentement à la naissance de Jésus, mais bien une acceptation responsable de participer à l’œuvre de salut qu’il venait réaliser. Les paroles du Magnificat offrent une confirmation très nette de cette conscience lucide : « Il a secouru Israël son serviteur — dit Marie —, se souvenant de sa miséricorde, comme il l’avait promis à nos pères, à Abraham et à sa descendance à jamais. » (Lc 1, 54-55.)

En prononçant son « fiat », Marie ne devient pas seulement Mère du Christ historique; son geste la pose comme Mère du Christ total, comme « Mère de l’Église ». « Dès l’instant du « fiat » — remarque St Anselme — Marie commença à nous porter tous dans son sein » ; c’est pourquoi « la naissance de la Tête est aussi la naissance du Corps », proclame St Léon-le-Grand. De son côté, St Éphrem a aussi une très belle expression à ce sujet : Marie, dit-il, est « la terre dans laquelle a été semée l’Église ».

En effet, dès l’instant où la Vierge devient Mère du Verbe incarné, l’Église se trouve constituée de manière secrète, mais parfaite en son germe, dans son essence de corps mystique: sont présents, en effet, le rédempteur et la première des rachetés. Désormais l’incorporation au Christ impliquera un rapport filial non seulement avec le Père céleste, mais aussi avec Marie, la Mère terrestre du Fils de Dieu.

4. Toute mère transmet à ses enfants sa propre ressemblance; c’est ainsi qu’entre Marie et l’Église il existe un rapport de profonde ressemblance. Marie est la figure idéale, la personnification, l’archétype de l’Église. En elle s’effectue le passage de l’ancien au nouveau Peuple de Dieu, d’Israël à l’Église. Elle est la première parmi les humbles et les pauvres, demeurés fidèles, qui attendent la Rédemption ; elle est encore la première parmi les rachetés, qui, dans l’humilité et l’obéissance, accueillent la venue du Rédempteur. La théologie orientale a beaucoup insisté sur la « katarsis » qui s’effectue en Marie au moment de l’Annonciation ; qu’il suffise de rappeler ici l’émouvant commentaire qu’en fait saint Grégoire Palamas dans l’une de ses homélies : « Tu es déjà sainte et pleine de grâce, ô Vierge, dit l’ange à Marie. Mais l’Esprit-Saint viendra de nouveau en toi, te préparant, par une augmentation de grâce, au mystère divin. » (Homélie sur l’Annonciation: PG 151, 178.)

À juste titre, cependant, dans la liturgie par laquelle l’Église orientale célèbre les louanges de la Vierge, il y a une place de choix pour le cantique que Marie, la sœur de Moïse, chante au passage de la Mer Rouge, comme pour signifier que la Vierge a été la première à traverser les eaux du péché, à la tête du nouveau Peuple de Dieu, libéré par le Christ.

Marie est le premier fruit et l’image la plus parfaite de l’Église : « Une part très noble, une part excellente, une part remarquable, une part tout à fait choisie. » (Rupert, In Apoc, 1, VII, 12.) « Unie à tous les hommes qui ont besoin du salut », proclame encore Vatican II, elle a été rachetée « d’une manière très sublime en considération des mérites de son Fils » (LG, 53). Aussi Marie demeure-t-elle, aux yeux de tous les croyants, comme la créature toute pure, toute belle, toute sainte, capable « d’être Église » comme aucune autre créature ne le sera jamais ici-bas.

5. Nous aussi, aujourd’hui, nous la contemplons pour apprendre, à partir de son exemple, à construire l’Église. Et pour cela, nous savons qu’il nous faut avant tout progresser sous sa direction dans l’exercice de la foi. Marie a vécu sa foi dans une attitude d’approfondissement continuel et de découverte progressive, en traversant des moments difficiles de ténèbres, à commencer par les premiers jours de sa maternité (cf Mt 1, 18 et ss.) : moments qu’elle a surmontés grâce à une attitude responsable d’écoute et d’obéissance à l’égard de la Parole de Dieu. Nous aussi, nous devons nous efforcer d’approfondir et de consolider notre foi par l’écoute, l’accueil, la proclamation, la vénération de la Parole de Dieu, par l’examen attentif des signes des temps à sa lumière, par l’interprétation et l’accomplissement des événements de l’histoire (cf Paul VI, Marialis cultus, 17).

Marie se présente à nous comme un exemple d’espérance courageuse et de charité active: elle a cheminé dans l’espérance avec une docile promptitude, en passant de l’espérance juive à l’espérance chrétienne, et elle a vécu la charité, en accueillant en elle-même toutes ses exigences jusqu’au don le plus total et au sacrifice le plus grand. Fidèles à son exemple, nous devons nous aussi demeurer fermes dans l’espérance, même lorsque des nuages chargés d’orages s’amoncellent sur l’Église, qui avance comme un navire au milieu des flots, souvent défavorables, des événements de ce monde ; nous devons nous aussi croître dans la charité, en développant l’humilité, la pauvreté, la disponibilité, la capacité d’écoute et d’attention, en adhérant à ce qu’elle nous a enseigné par le témoignage de toute sa vie.

6. Il y a une chose, en particulier, dont nous voulons aujourd’hui prendre l’engagement aux pieds de celle qui est notre Mère commune: à savoir l’engagement de faire avancer, avec toute notre énergie et dans une attitude d’entière disponibilité aux inspirations de l’Esprit, la route qui conduit à la parfaite unité de tous les chrétiens. Sous son regard maternel, nous sommes prêts à reconnaître nos torts réciproques, nos égoïsmes et nos lenteurs: elle a engendré un Fils unique, malheureusement nous le lui présentons divisé. C’est là un fait qui provoque en nous un malaise et une souffrance; un malaise et une souffrance auxquels mon vénéré prédécesseur le Pape Paul VI faisait allusion dès le début du Bref qui abrogeait l’excommunication prononcée, il y a fort longtemps, contre le siège de Constantinople: « Marchez dans la charité à l’exemple du Christ (Ep 5, 2), ces paroles d’exhortation de l’apôtre des gentils nous concernent, nous qui sommes appelés chrétiens du nom de notre Sauveur, et elles nous pressent, surtout en ce temps qui nous engage plus fortement à élargir le champ de la charité » (7 décembre 1965).

Un long parcours a été accompli depuis ce jour; mais d’autres pas restent à faire. Nous confions à Marie notre résolution sincère de ne point demeurer tranquilles tant que le terme du chemin ne sera pas atteint. Il nous semble entendre de ses lèvres les paroles de l’apôtre: « Que parmi vous, il n’y ait ni discordes, ni jalousies, ni emportements, ni désordres. » (2 Co 12, 20.) Accueillons à cœur ouvert cette monition maternelle et demandons a Marie d’être près de nous pour nous guider, d’une main douce et ferme, sur les chemins de la compréhension fraternelle totale et durable. Ainsi s’accomplira le vœu suprême, exprimé par son Fils alors qu’il était sur le point de verser son sang pour notre rachat : « Que tous soient un! Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé ! » (Jn 17, 21)"

Declaration Commune du Pape Jean-Paul II et du Patriarche Oecumenique Dimitrios
- in French, Portuguese & Spanish     

Nous, le Pape Jean-Paul II et le Patriarche œcuménique Dimitrios Ier, nous rendons grâce à Dieu qui nous a donné de nous rencontrer pour célébrer ensemble la fête de l’apôtre André, premier appelé et frère de l’apôtre Pierre. « Béni soit Dieu le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ; il nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles aux cieux, dans le Christ. » (Ep 1, 3.)

C’est en cherchant la seule gloire de Dieu par l’accomplissement de sa volonté que nous affirmons de nouveau notre ferme volonté de faire tout ce qui est possible pour hâter le jour où la pleine communion entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe sera rétablie et où nous pourrons enfin concélébrer la divine eucharistie.

Nous sommes reconnaissants à nos prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras Ier, de tout ce qu’ils ont fait pour réconcilier nos Églises et les faire progresser dans l’unité.

Les progrès accomplis dans l’étape préparatoire nous permettent d’annoncer que le dialogue théologique va commencer et de rendre publique la liste des membres de la Commission mixte catholique-orthodoxe qui en sera chargée.

Ce dialogue théologique a pour but non seulement de progresser vers le rétablissement de la pleine communion entre les Églises-sœurs catholique et orthodoxe, mais encore de contribuer aux dialogues multiples qui se développent dans le monde chrétien à la recherche de son unité.

Le dialogue de la charité (cf. Jn 13, 34 ; Ep 4, 1-7), enraciné dans une fidélité complète à l’unique Seigneur Jésus-Christ et à sa volonté sur son Église (cf. Jn 17, 21), a ouvert la voie à une meilleure compréhension des positions théologiques réciproques et, de là, à de nouvelles approches du travail théologique et à une nouvelle attitude vis-à-vis du passé commun de nos Églises. Cette purification de la mémoire collective de nos Églises est un fruit important du dialogue de la charité et une condition indispensable des progrès à venir. Ce dialogue de la charité doit continuer et s’intensifier dans la situation complexe que nous avons héritée du passé et qui constitue la réalité dans laquelle doit se dérouler aujourd’hui notre effort.

Nous désirons que les progrès dans l’unité ouvrent des possibilités nouvelles de dialogue et de collaboration avec les croyants des autres religions, et avec tous les hommes de bonne volonté, pour que l’amour et la fraternité l’emportent sur la haine et l’opposition entre les hommes. Nous espérons ainsi contribuer à l’avènement d’une vraie paix dans le monde. Nous implorons ce don de celui qui était, qui est et qui vient, le Christ notre unique Seigneur et notre paix véritable.

Phanar, en la fête de saint André 1979.

Discours du Pape Saint Jean-Paul II aux Autorités Turques
à la fin de son Pèlerinage Apostolique en Turquie, Aéroport d'Izmir, 30.11.1979 - in French, Italian, Portuguese & Spanish     

"Monsieur le ministre, Excellences, Mesdames, Messieurs,
Je ne veux pas quitter votre pays sans exprimer un cordial merci au peuple turc et à ses dirigeants. Grâce à eux, j’ai pu effectuer dans de bonnes conditions ce séjour qui me tenait très à cœur. J’ai bénéficié de leur courtoise hospitalité, d’un service d’ordre bien organisé et des différents moyens que l’on a mis à ma disposition pour ce voyage. J’ai pu aussi m’entretenir de façon agréable et fructueuse avec les autorités et je vous saurais gré, en particulier, monsieur le Ministre, de renouveler l’assurance de mon souvenir et de ma gratitude à Son Excellence le président de la République et aux membres du gouvernement.

Comme mon cher prédécesseur Paul VI, je suis venu chez vous en messager de paix et en ami. Le Siège apostolique de Rome ne cesse de manifester sa volonté de contribuer, selon ses moyens propres, à l’instauration de relations pacifiques et fraternelles entre les peuples, au progrès humain et spirituel de toutes les nations sans distinction, à la promotion et à la défense des droits humains des personnes et des communautés nationales, ethniques, religieuses. La République de Turquie en est bien convaincue, elle qui entretient des relations diplomatiques avec le Saint-Siège depuis 1960.

Je suis heureux de cette occasion qui m’est donnée de manifester mon estime au peuple turc. Je le savais déjà et j’en ai fait l’expérience ces jours-ci : c’est une nation justement fière d’elle-même et qui entend résoudre ses problèmes politiques, économiques et sociaux dans la dignité, dans la démocratie et dans l’indépendance. Elle est riche d’une jeunesse très nombreuse et elle est décidée à mettre en œuvre toutes les ressources du progrès moderne. Je forme pour son avenir des vœux cordiaux.

Je n’ai pu m’empêcher non plus de méditer sur son passé. Depuis des millénaires — on peut remonter au moins aux Hittites —, ce pays a été un carrefour et un creuset de civilisations, à la charnière de l’Asie et de l’Europe. Que de richesses culturelles enfouies, non seulement dans ses vestiges archéologiques et ses monuments vénérables, mais dans l’âme, dans la mémoire plus ou moins consciente de ses populations. Que d’aventures aussi, glorieuses ou éprouvantes, ont formé la trame de son histoire !

L’unité de la Turquie moderne se fait aujourd’hui autour du bien commun à promouvoir et sur lequel l’État a mission de veiller. La distinction claire des sphères civile et religieuse peut permettre à chacune d’exercer ses responsabilités spécifiques, en respectant la nature de chaque pouvoir et la liberté des consciences. Le principe de cette liberté de conscience, comme aussi de la religion, du culte, de l’enseignement, est reconnu dans la Constitution de cette République. Je souhaite que tous les croyants et leurs communautés en bénéficient toujours davantage. Les consciences, lorsqu’elles sont bien formées, puisent d’ailleurs dans leurs profondes convictions religieuses, disons dans leur fidélité à Dieu, une espérance, un idéal, des qualités morales de courage, de loyauté, de justice, de fraternité qui sont nécessaires au bonheur, à la paix et à l’âme de tout peuple. En ce sens, qu’il me soit permis d’exprimer mon estime pour tous les croyants de ce pays.

Je suis venu chez vous avant tout en chef religieux et vous comprendrez aisément que j’ai été particulièrement heureux de retrouver dans ce pays des frères et des fils chrétiens qui attendaient ma visite et ces échanges spirituels, devenus en quelque sorte nécessaires. Leurs communautés chrétiennes, réduites en nombre, mais ferventes, profondément enracinées dans l’histoire et l’amour de leur patrie, entretiennent, dans le respect de tous, la flamme de la foi, de la prière et de la charité du Christ. J’ai évoqué également, auprès d’elles, ces régions ou ces cités qui ont été honorées par l’évangélisation des grands apôtres du Christ : Paul, Jean, André ; par les premières communautés chrétiennes, par de grands Conciles œcuméniques. Oui, en tant que Successeur de l’apôtre Pierre, mon cœur, comme celui de tous les chrétiens du monde, demeure très attaché à ces hauts lieux où nos pèlerins continuent de se rendre avec émotion et gratitude. C’est l’honneur de votre pays de le comprendre et de faciliter cette hospitalité.

Je remercie particulièrement Votre Excellence de m’avoir aimablement accompagné. Je salue également les représentants des communautés civiles, religieuses et culturelles qui sont ici présents. Je forme les meilleurs vœux pour vous, pour tous et chacun de vos compatriotes. Je voudrais que ma visite soit pour tous comme un message de paix et d’amour fraternel, sans lesquels il n’est pas de véritable bonheur ni d’authentique progrès, moins encore de fidélité à Dieu. Je continuerai à prier le Très-Haut d’inspirer le peuple turc et ses dirigeants dans la recherche de sa volonté, de les assister dans leurs lourdes tâches, de les combler de ses dons de paix et de fraternité."

Papa San Giovanni Paolo II a conclusione del suo Pellegrinaggio Apostolico in Turchia
Aeroporto di Fiumicino, 30 novembre 1979 - in Italian, Portuguese & Spanish     

"Col cuore ancor pervaso da intense emozioni e portando nell’animo immagini indimenticabili di luoghi resi cari da venerande tradizioni, metto nuovamente il piede sul suolo d’Italia.

Sono grato al Signore per l’assistenza che mi ha concesso anche in questo pellegrinaggio, che si è svolto all’insegna di due peculiari “note” della Chiesa, quella dell’apostolicità e quella dell’unità.

Sono stato, infatti, a far visita a Sua Santità il Patriarca Dimitrios I, per rendere omaggio, insieme con lui, al fratello dell’apostolo Pietro e per confermare così che l’ascendenza apostolica rimane indelebilmente iscritta sul volto della Chiesa come uno dei tratti salienti. Con questo viaggio ho inteso, altresì, testimoniare la mia ferma volontà di andare avanti sulla strada che conduce alla piena unità di tutti i cristiani e recare, al tempo stesso, un contributo all’avvicinamento degli uomini fra loro, nel rispetto di ciò che è essenzialmente e profondamente umano.

Ora il mio pensiero si volge con memore benevolenza alle Autorità turche, che tanta cortesia hanno voluto dimostrarmi durante il mio soggiorno in quella Nazione; al caro Fratello Sua Santità Dimitrios I, ai Metropoliti, ai Vescovi, al Clero e ai fedeli del Patriarcato ecumenico di Costantinopoli, con cui ho avuto la gioia di vivere un momento significativo di comunione nella fede e nella carità; ai venerati Fratelli nell’Episcopato, ai Sacerdoti, al Popolo di Dio della Chiesa cattolica che è in Turchia; e all’intera popolazione turca, che con spontanee manifestazioni di simpatia mi ha fatto capire quale desiderio di intesa e di fratellanza vi sia nel cuore di ogni uomo.

Esprimo, adesso, il mio grato compiacimento innanzitutto al Signor Ministro degli Interni, Onorevole Virginio Rognoni, per le nobili parole con cui ha voluto porgermi il benvenuto, a nome anche del Governo e del popolo italiano. Saluto, poi, e ringrazio i membri del Sacro Collegio, le Autorità civili ed ecclesiastiche, come anche il Corpo Diplomatico accreditato presso la Santa Sede, per la loro gentile presenza, nella quale ravviso l’attestazione del favore con cui è stato seguito questo mio pellegrinaggio. Una particolare parola di compiacimento e di riconoscenza voglio, infine, rivolgere ai dirigenti, ai piloti e al personale della Società Aerea, alla cui dedizione esperta e premurosa è dovuta la perfetta riuscita della trasvolata.

Nell’assicurare che per tutti ho avuto un ricordo nella preghiera alla Vergine Santissima, specie nella città di Efeso, voglio ancora una volta affidare alla sua materna intercessione quanti ho incontrato in questi giorni sul mio cammino e, mentre invoco su tutti la benevolenza di Cristo Redentore, sono lieto di impartire a voi qui presenti, ai figli dilettissimi dell’Urbe e all’intera umanità la mia Apostolica Benedizione, con l’augurio più cordiale di prosperità e di pace."

 

 

 © Copyright 1979 - Libreria Editrice Vaticana